Algérie - A la une

Sauver des vies au péril de la leur


Sauver des vies au péril de la leur
Le sens du sacrifice anime les éléments de la Protection civile.Il est 7h45, heure à laquelle de nombreux citoyens se dirigent vers leur lieu de travail. C'est aussi l'heure où les agents de la Protection civile de l'unité d'Alger prennent ur service pour une journée de 24 heures. Tout commence par la cérémonie de levée des couleurs. L'emblème national est porté avec fierté jusqu'au mât par 5 pompiers. Après affectation des postes et des tâches, les pompiers se dirigent vers leurs véhicules respectifs afin de procéder à une vérification complète de leur matériel. Si le changement d'huile est une corvée pour certains agents masculins, les femmes se prêtent à ce travail avec ferveur. Ces dernières assurent des tâches que les hommes ne peuvent accomplir avec autant de sensibilité.«Elles sont indispensables dans notre profession», nous affirme le sergent-chef Madani Kemmel, en charge de l'unité n°1 d'Alger, localisée à Zmirli, à El Harrach. «Dans de nombreuses opérations, à l'instar du transfert de femmes malades vers l'hôpital, elles jouent un rôle crucial. Elles apportent un certain réconfort et une parole douce qui, parfois, rassure les membres de la famille», souligne-t-il. 10h sonnantes. C'est l'heure des man?uvres et des exercices en situation réelle, afin de voir jusqu'où va la volonté des hommes et des femmes. La caserne renferme un réseau de tunnels conçus spécialement pour certains entraînements.Le capitaine-instructeur a décidé de pousser ces jeunes au-delà de leurs limites. Des binômes pénètrent à l'intérieur d'une cave munis d'une lampe torche et d'une bouteille d'oxygène qu'ils doivent se partager entre eux. L'exercice est éreintant. Les larmes qui coulent ainsi qu'une forte toux attestent de la rudesse de l'exercice. «Nous les obligeons à atteindre leurs limites, c'est ainsi qu'ils arriveront à se surpasser lors des interventions, comme celle de l'incendie dans un entrepôt à Saïd Hamdine, il y a quelques mois», confie notre interlocuteur. Si ce dernier semble dorloter ses recrues, il reste inflexible sur la discipline.Un jeune agent a oublié ses gants de protection, le sergent-chef le sanctionne immédiatement par une série de pompes à exécuter avec un lourd matériel sur le dos. Durant la man?uvre, nous avons eu le plaisir de prendre place à l'intérieur de la nacelle qui se dresse à plus de 30 m au-dessus du sol. «Le vertige n'est pas toléré, nos pompiers doivent être aptes à accomplir toutes les tâches auxquelles ils sont confrontés», soutient-il.Esprit d'équipeL'image d'une famille soudée se dégage de l'esprit de la caserne. «Avant d'être agents de la Protection civile, nous sommes d'abord des frères et s?urs. Nous formons une seconde famille. La caserne est notre maison et nos supérieurs nos parents», confie une recrue. Si dans d'autres corps paramilitaires le supérieur communique rarement avec ses hommes, à la Protection civile, la situation est tout autre. Le commandant Abdelmalek Naïm est très proche de ses hommes. L'ambiance est chaleureuse tant que les rôles des uns et des autres sont respectés.Unités modernesDurant notre visite, nous avons rencontré des agents équipés de longs cordages. Il s'agit d'une branche spéciale nommée Grimp. Cette unité est spécialisée dans les interventions acrobatiques qui demandent de descendre en rappel le long des parois vertigineuses.Une autre brigade motocycliste exécute des tests de vitesse et de slalom afin de préparer ces jeunes à des conduites difficiles en ville.«Ceux qui conduisent nos motos sont des passionnés.Ils se sont très vite adaptés et assurent un travail rapide avant l'arrivée de l'ambulance», affirme le commandant Abdelmalek. A 17h30, le drapeau est baissé. Les agents peuvent se relaxer et se détendre au foyer. Certains jouent au baby-foot, d'autres aux dominos devant la télévision, mais sans ignorer les appels éventuels des mégaphones qui peuvent donner l'alerte à tout moment. La nuit semble calme.Aucune alerte n'a été signalée jusqu'à 4h. Quelques instants plus tard, la radio signale qu'un véhicule de marque Mercedes s'est retourné et a fini sa course dans un fossé. Les passagers sont indemnes, mais pas le conducteur. Ce dernier a été transporté en urgence à l'hôpital de Beni Messous, nous avons appris que ce conducteur, âgé de 45 ans, est décédé des suites de ses blessures durant son transfert vers l'hôpital. Une nouvelle alerte est donnée.Cette fois-ci, il s'agit d'une Clio qui a percuté la glissière en béton sur le célèbre S de Ben Aknoun. Arrivés sur place, les agents de la Protection civile se sont occupés tout de suite des blessés. Le seul rescapé a reconnu que la cause de leur accident est due à la vitesse excessive. A ce même moment, le lieutenant Ben Khelfallah reçoit un appel radio. Un véhicule s'est renversé sur l'autoroute reliant Dar El Beïda à l'aéroport international d'Alger. De retour à la caserne, on ressent avec les sapeurs-pompiers les effets de la fatigue. Les dernières 24 heures furent éreintantes, mais la bonne humeur reste toujours le mot d'ordre pour ces hommes courageux.Le lieutenant Ben Khelfallah, qui nous a servi de guide durant ces dernières 24 heures, a tenu à expliquer certains points que le citoyen doit prendre en considération. «Malgré les sirènes, les gyrophares et les hauts-parleurs sur les véhicules, le citoyen ne respecte pas notre présence sur la route, pour arriver rapidement sur les lieux d'un accident. Nous devons livrer un combat sur la route pour arriver à sauver des vies. Sur les autoroutes, la voie réservée aux urgences est obstruée par des automobilistes indélicats. Plusieurs accidents sont arrivés, plusieurs de nos ambulances ont été endommagées lors des interventions. Le lieutenant recommande également de ne jamais faire bouger un blessé après un accident. Il faut attendre les personnes formées pour cette délicate man?uvre pour sauver la vie des victimes.»La Protection civile en chiffresLes agents de la Protection civile de la wilaya d'Alger n'ont que rarement des journées paisibles. Le nombre d'interventions augmente sensiblement. En tête de liste des interventions de la Protection civile, on trouve les accidents de la circulation. En 2015, entre janvier et octobre, les agents de la Protection civile sont intervenus sur 6565 cas et ont enregistré 45 morts.«En totalisant toutes les opérations que nous avons menées depuis janvier sur les secours et les évacuations, les accidents de la circulation, les incendies et les opérations diverses, nous avons dénombré pas moins de 77 852 interventions», révèle le lieutenant chargé de la communication. Le nombre de casernes dans la wilaya d'Alger est de 43. Le capitaine en charge des ressources humaines révèle que pas moins de 9 unités sont en cours de réalisation.Le centre d'appel ou (CCO) quittera bientôt le port d'Alger pour rejoindre un nouvel immeuble, flambant neuf, situé au sein de la première unité à Zmirli. Notre interlocuteur a également tenu à remercier les 2733 agents. «C'est un travail rude et pénible, ils mettent leur vie en péril afin de venir en aide aux citoyens en détresse.» Le sergent-chef Madani Kemmel a tenu à rendre hommage aux hommes et aux femmes tombés au champ d'honneur. «Mon ami, qu'il repose en paix, est décédé fauché par une voiture au moment où il tentait de sauver une victime.»




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)