Sarkozy favorable à une alliance Sonatrach-GDF

De tous les candidats à la présidentielle française, NicolasSarkozy est sans doute le plus audacieux. Il vient de le démontrer une nouvellefois, en prenant une position inédite sur l'un des dossiers économiques lesplus sensibles, en l'occurrence l'avenir de Gaz de France (GDF). Alors que lescandidats de gauche et du centre, soutenus par les organisations syndicales,préconisent une renationalisation de l'ex-entreprise publique, Nicolas Sarkozyserait, selon le quotidien «Le Monde», favorable à une alliance entre GDF et...Sonatrach. L'entreprise publique algérienne serait sollicitée pour prendre partà une opération industrielle et financière qui engage l'avenir énergétique dela France. «GDF est une entreprise qui achète du gaz mais qui n'en produit pas.Est-ce qu'il faut adosser cette entreprise qui achète sur un autre acheteur,comme Suez ou est-ce qu'il faut réfléchir à un producteur? Si j'étais présidentde la République, je pourrais aussi réfléchir si Gaz de France-Suez ou Gaz deFrance seul n'aurait pas intérêt à se tourner du côté des producteurs pourfaire une grande entreprise qui produirait du gaz et le commercialiserait»,avait expliqué Nicolas Sarkozy, jeudi 8 mars, sur France 2. Selon Patrick Devedjian, ex-ministre de l'Industrie, cité par «LeMonde», cette démarche s'inscrit dans «une stratégie à plusieurs objectifs:renforcer les liens entre Paris et Alger; soutenir davantage le développementde ce pays et du Maghreb pour stabiliser l'immigration; mettre le gaz algérienen concurrence avec le gaz russe». Ce dernier représente aujourd'hui près duquart de l'approvisionnement français (et bien davantage demain) contre 18%pour le gaz algérien. En échange, la France pourrait «passer un accord decoopération dans le nucléaire civil», explique ce proche du candidat de l'UMP.Des propos qui confirment ceux déjà tenus par Nicolas Sarkozy, début mars, lorsd'une conférence de presse consacrée à la politique internationale qu'il entendmener s'il est élu. «Je souhaite proposer à l'Algérie, avant d'autres États, del'aider à développer une capacité nucléaire civile. À travers l'exemple algérien, grand pays d'Afrique, c'est aussidire que pour moi, le développement du Sud passe par l'accès à l'énergie etdonc au nucléaire», avait-il notamment déclaré. Selon l'entourage du candidat de l'UMP, l'accord préconisé parSarkozy va contribuer à la création d'un «grand groupe gazier euro-africain»qui pourrait associer, en plus de GDF et Sonatrach, un groupe néerlandais.Selon ce schéma, Sonatrach pourrait être amenée à prendre une participationcapitalistique dans le groupe public français. Une situation inédite pour legéant pétrolier algérien. Reste une inconnue: la position de l'Etat algérien sur ce dossier.La propositions de Nicolas Sarkozy est certes alléchante: Sonatrach a tout àgagner d'un partenariat privilégié avec GDF (transferts de savoir-faire, accèsà la technologie nucléaire...). Mais les Algériens, désormais en position deforce dans le dossier énergétique, pourront réclamer et obtenir davantage de lapart de la France: un statut de partenaire privilégié, une coopération accruedans le domaine militaire...