Sarah Rivens : Portrait d'une jeune autrice au succès international

Introduction

Sarah Rivens, nom de plume d’une écrivaine algérienne née le 19 décembre 1999 à Alger, est devenue en quelques années un phénomène littéraire mondial. Avec sa trilogie Captive, issue du genre de la dark romance, elle s’est imposée comme l’autrice algérienne la plus lue de l’histoire et a dominé les classements des ventes de livres en France, surpassant même des titres aussi médiatisés que les mémoires du prince Harry. À seulement 25 ans, elle cumule des millions de lecteurs à travers le monde, grâce à une stratégie mêlant publication numérique sur Wattpad, viralité sur les réseaux sociaux, et une plume captivante qui résonne auprès d’un public jeune et diversifié. Cet article explore son parcours, son œuvre, son impact, ainsi que les débats entourant son succès.

Les débuts : une passion pour l’écriture

Sarah Rivens a grandi à Alger, où elle vit toujours, travaillant comme responsable administrative dans une salle de sport. Dès son plus jeune âge, elle nourrit une passion pour l’écriture, rédigeant des histoires qu’elle gardait pour elle-même. Ce n’est qu’en 2019, à l’âge de 19 ans, qu’elle franchit un cap décisif en publiant ses premiers textes sur Wattpad, une plateforme d’écriture en ligne prisée par les jeunes auteurs. Sous le pseudonyme « theblurredgirl », elle commence à partager les prémices de ce qui deviendra la saga Captive. Ses écrits rencontrent un succès immédiat, portés par un bouche-à-oreille numérique et une communauté de lecteurs fidèles.

Wattpad, avec son modèle interactif permettant aux lecteurs de commenter et d’interagir avec les auteurs, joue un rôle clé dans l’ascension de Sarah Rivens. Ses histoires, publiées chapitre par chapitre, attirent rapidement des millions de vues, atteignant 9 millions de lectures pour Captive. Ce succès initial est amplifié par les réseaux sociaux, en particulier TikTok, où le hashtag #captivewattpad génère 9 millions de vues pendant la pandémie de Covid-19 (fin 2020-début 2021).

La saga Captive : un phénomène mondial

La trilogie Captive, composée des tomes Captive — Du gehörst mir, Captive — Wir auf ewig et Captive — Ich will nur dich (titres en allemand pour refléter leur portée internationale), est une dark romance qui explore des thèmes complexes et souvent controversés. L’histoire suit Ella Collins, une jeune femme prisonnière dans un univers criminel où règnent violence, pouvoir et relations toxiques. Confrontée à des figures masculines dominantes comme Asher Scott, le charismatique leader d’un cartel, Ella navigue entre traumatismes, désir et quête d’émancipation.

Publiée initialement sur Wattpad, la saga est repérée par la maison d’édition HLab (filiale d’Hachette Livre, sous le label BMR dédié à la romance). En 2022, Captive sort en version papier, et son succès est fulgurant : plus de 700 000 exemplaires vendus en France, 1,5 million d’exemplaires tirés pour les trois tomes, et des traductions en 9 langues. En 2023, le tome 2 de Captive se hisse au sommet des ventes toutes catégories confondues en France, dépassant les mémoires du prince Harry. À l’international, la série connaît un engouement similaire, notamment en Allemagne, en Italie et aux États-Unis.

Le style de Sarah Rivens, fluide et émotionnel, mêle intensité dramatique et dialogues percutants. Ses personnages, bien que souvent critiqués pour leur moralité ambiguë, captivent par leur complexité. Les lecteurs, majoritairement des jeunes adultes (18-25 ans au départ, mais élargis avec les éditions papier), se retrouvent dans les émotions brutes et les dilemmes moraux dépeints.

Lakestone : une nouvelle étape

Forte du succès de Captive, Sarah Rivens publie en 2024 une nouvelle saga, Lakestone, toujours chez HLab. Ce récit, centré sur les personnages de Kai et Iris, explore une relation marquée par la dépendance affective et un univers sombre où la violence et la torture sont omniprésentes. Le tome 1 de Lakestone connaît un lancement retentissant, avec un premier tirage de 100 000 exemplaires et une entrée directe à la première place des ventes en France. Les lecteurs saluent la justesse et la délicatesse de l’écriture, bien que certains expriment une préférence pour Captive.

Un phénomène numérique et social

Le succès de Sarah Rivens ne peut être dissocié de son utilisation magistrale des réseaux sociaux. Contrairement à de nombreux auteurs traditionnels, elle n’a pas cherché à construire une communauté avant de publier. C’est la qualité de ses récits et l’engagement de ses premiers lecteurs sur Wattpad qui ont organiquement créé une base de fans, aujourd’hui forte de plus de 400 000 abonnés sur les réseaux. TikTok, en particulier, a été un catalyseur, avec des influenceurs partageant des vidéos virales sur Captive.

Sarah Rivens reste fidèle à sa communauté, refusant d’abandonner Wattpad même après son succès en librairie. Elle continue d’interagir avec ses lecteurs, répondant à leurs commentaires et partageant des extraits de ses travaux en cours. Cette proximité, rare dans l’édition traditionnelle, renforce son lien avec son public et alimente sa popularité.

Controverses et critiques

Malgré son succès, Sarah Rivens n’échappe pas aux critiques. Le genre de la dark romance, par essence, divise. Certains reprochent à Captive de romantiser des relations toxiques et des violences, notamment envers les femmes. Une lectrice, par exemple, s’interroge sur l’impact de ces récits sur un jeune public, estimant que les violences subies par Ella sont injustifiées et mal contextualisées. Des critiques littéraires, comme dans un article du Figaro (26 mai 2023), vont plus loin, qualifiant son travail d’« indigence littéraire » et soulignant que l’autrice elle-même admet ne plus lire depuis plusieurs années.

D’autres, comme la romancière Camille Emmanuelle, associent la dark romance à une « culture du viol », arguant qu’elle pourrait nuire à l’égalité des genres en rendant désirable des dynamiques oppressives. Ces débats reflètent une tension plus large autour de la responsabilité des auteurs dans la représentation des relations amoureuses.

En réponse, Sarah Rivens et ses défenseurs mettent en avant la liberté artistique et la capacité des lecteurs à distinguer fiction et réalité. Les fans apprécient la saga pour son intensité émotionnelle et son exploration des failles humaines, plutôt que pour une apologie de la violence.

Impact et héritage

À 25 ans, Sarah Rivens a redéfini les codes de l’édition moderne. Son parcours, de Wattpad aux librairies internationales, illustre l’émergence d’une nouvelle génération d’auteurs qui bypassent les circuits traditionnels grâce au numérique. Elle a également ouvert la voie à une reconnaissance accrue des auteurs algériens sur la scène mondiale, un exploit salué par des médias comme Middle East Monitor et Algérie360.

Son succès a aussi un impact culturel : en attirant un public jeune, souvent perçu comme réfractaire à la lecture, elle prouve que la littérature peut rivaliser avec les écrans. La génération Z, en particulier, trouve dans ses récits une résonance émotionnelle et une accessibilité qui contrastent avec des œuvres plus classiques.

Vie personnelle et anonymat

Sarah Rivens reste discrète sur sa vie privée, préférant garder son véritable patronyme secret. Cette volonté d’anonymat, combinée à son pseudonyme « theblurredgirl » (« la fille floue »), reflète son désir de séparer sa vie personnelle de son œuvre. Elle se décrit comme une personne ordinaire, passionnée par des séries comme Modern Family et des documentaires sur les réseaux criminels, des influences qui se retrouvent dans ses récits.

Conclusion

Sarah Rivens est bien plus qu’une autrice à succès : elle est le symbole d’une révolution littéraire portée par le numérique et les réseaux sociaux. Avec Captive et Lakestone, elle a su capturer l’imaginaire de millions de lecteurs, tout en suscitant des débats sur la dark romance et ses implications. Son parcours, marqué par une ascension fulgurante depuis Alger jusqu’aux sommets des ventes internationales, inspire autant qu’il interroge. À seulement 25 ans, Sarah Rivens a déjà laissé une empreinte indélébile dans le monde littéraire, et son avenir promet d’être tout aussi remarquable.