Algérie

Sans idées pour l'Irak ?



A Damas, les dirigeants arabes n'ont pas eu grand-chose àdire sur un Irak déchiré, violenté, hormis lancer un vague appel à laréconciliation globale, qui a d'ailleurs déplu à la délégation irakienne.Si le souci est de ne pas déplaire à la puissance occupante,on ne saurait trop conseiller à nos dirigeants de lire l'article de Zbigniew Brzezinski, paru le 30mars dans le Washington Post. Il s'intitule «Comment sortir intelligemment decette folle guerre». Et cet homme du sérail américain, ancien conseiller duprésident Jimmy Carter, est direct: l'occupation est le problème, saperpétuation est plus grave qu'un retrait. Il est clair qu'il répond audiscours des faucons américains qui n'ont plus aucun argument, si ce n'estqu'un retrait américain créerait le chaos.Mais ces arguments sont aussi ceux de certains pays arabesde la région qui, au nom de la «menace iranienne», veulent le maintien del'occupation. L'analyse de Zbigniew Brzezinski est implacable: cette guerre est, du point devue des intérêts américains, «une tragédie nationale, un désastre économique, unecatastrophe régionale menaçant les USA d'un effet boomerang» et «y mettre finrelève du plus haut intérêt de la nation». A l'heure où lesfaucons jouent sur les prévisions d'une «catastrophe régionale», il faitcourageusement le constat d'un «fiasco» qui a enflammé les «passions anti-américaines»,tout en «désagrégeant la société irakienne» et en augmentant l'influence del'Iran. La présence américaine en Irak est le problème majeur de l'Irak, lesconflits entre chiites et sunnites sont «en grande partie le sous-produitdélétère d'une occupation américaine destructrice, qui met les Irakiens ensituation de dépendance en même temps qu'elle bouleverse la société irakienne».Conclusion: plus les Américains restent en Irak et moins les groupes irakiensqui s'opposent pour le pouvoir seront enclins à chercher des compromis.Brzezinski va très loin: la plus grande partie de l'insurrection enIrak n'est pas inspirée par Al-Qaïda et les jihadistes n'ont pu s'incruster que parce qu'ils ont prisen charge la lutte contre l'occupation étrangère. Il y a donc une décisionpolitique à prendre et le retrait implique que les Etats-Unis discutent aussiavec les Irakiens qui ne sont pas dans la Zone verte et également les pays voisins, dontl'Iran.Il est intéressant de voir, à travers ce point de vuedirect, que la question du retrait des troupes américaines se pose désormais entermes d'intérêt américain et que les arguments des néoconservateurssont considérablement affaiblis. La présidence de George W. Bush a été unecalamité pour le monde mais aussi pour les Etats-Unis. Certes, il ne faut pass'attendre à ce que les dirigeants arabes outrepassent les «lignes», laissantainsi aux Iraniens dire l'évidence que la présence américaine en Irak n'est pasla solution mais le problème. Là également, ils restent en retard et secondamnent à suivre les évènements.La question de la présence américaine en Irak sera endéfinitive tranchée par les électeurs américains. Le point de vue exprimé sansfioriture par l'ancien conseiller présidentiel - qui a apporté son appui à Barack Obama - montre que leschoses ont mûri et que l'opinion américaine est prête...



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