Algérie

Sami, 20 ans, chasseur de bonnes affaires Actualité : les autres articles


Sami, 20 ans, chasseur de bonnes affaires                                    Actualité : les autres articles
La vingtaine à peine entamée, Sami illustre bien le cas de ces jeunes sortis tôt de l'école et qui ont la soif de «réussir». Il occupe un bout du trottoir de la rue Belouizdad (Alger) où il vend des articles ménagers.
Des casseroles portant des étiquettes d'une marque française bien connue, mais aussi des verres, des serviettes de table et autres appareils «magiques» fabriqués en Chine, dont les couleurs et les formes attirent les femmes, soucieuses de donner un coup de jeune à leur cuisine pour accueillir convenablement le mois sacré. Quittant son étal de temps en temps pour remplacer son voisin de trottoir, Sami a adopté les manières des vendeurs professionnels. Règle n°1 : ne jamais s'énerver devant les clientes, même les plus insupportables car, selon ce jeune homme, les bonnes affaires c'est avec «ce genre» de femmes qu'on les fait. «Une cliente intéressée qui pose trop de questions et ne cesse de trouver des défauts finit toujours par délier sa bourse. Celles, par contre, qui ne se montrent pas bavardes désertent les lieux dès qu'elles décèlent quelque chose qui ne leur plaît pas.»
Sami n'est pas issu d'une famille pauvre. Ayant raté sa scolarité, après avoir échoué au BEM, il n'a pas réussi à se «caser» ; pour lui, les centres de formation «n'offrent pas vraiment d'issues. Que voulez-vous ' Que je travaille chez quelqu'un qui s'enrichira du jour au lendemain et qui me jettera des miettes ' J'ai déjà travaillé et je n'ai pas apprécié la façon dont me traitait mon patron. C'est pourquoi j'ai juré de créer ma propre affaire», raconte le jeune «commerçant». La conversation est fréquemment interrompue. Sami doit répondre à des clientes, leur fournir des explications, emballer les articles et rendre la monnaie, tout cela en prenant soin de bien surveiller les lieux.
Si jeune et déjà si riche !
Les policiers en tenue qui circulent ne semblent pas inquiéter notre interlocuteur. «Ils ne peuvent rien faire. Vous rappelez-vous le jour où ils ont essayé de chasser les jeunes du marché T'nach, vous vous souvenez sûrement de ce qui s'est passé le lendemain !» Sami raconte, en fait, la réaction des jeunes vendeurs à la sauvette qui ont organisé des manifestations de rue après la délocalisation de plusieurs marchés de la capitale ; ils ont réinvesti le terrain et agrandi leur territoire.
Les policiers qui sécurisent le périmètre ne prêtent pas attention. «Vous savez, ces jeunes sont capables de faire une révolution si ces policiers s'aventurent à les chasser de la rue.» Si jeune et déjà «riche» ' «Non ce n'est pas tout à fait vrai. Je suis actionnaire. La marchandise appartient à un proche de la famille. Il détient un commerce réglementaire au marché Dubaï de Bab Ezzouar. Comme la concurrence est rude, il m'a proposé d'écouler des articles de ménage, contre un pourcentage très intéressant. Il récupère en quelque sorte son capital, lui qui risque la faillite, et me refile une partie du bénéfice. Par exemple, je suis libre de fixer les prix au gré de la demande. Et avec l'arrivée du Ramadhan, c'est la bonne affaire», avoue-t-il.
Sami ne compte pas rester dans le commerce des ustensiles de ménage : «Une fois que ce lot écoulé, je me lancerai dans la vente des jeans. Avec la rentrée scolaire, ça marchera très bien. Après, on verra. A chacun sa destinée.» Sami se dit à la recherche en permanence de la bonne occasion. Son slogan est : «Il faut être un prédateur et non une proie.»
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