Algérie

Salon international du livre



Des dérapages incontrôlés Les curieux qui ont afflué dès l?ouverture du Salon international du livre de Constantine ont dû tomber des nues en faisant le tour du hangar qui abrite la manifestation. L?événement qu?on leur a promis, à l?image du fameux Sila d?Alger, n?est finalement qu?un ballon de baudruche pour ne pas dire un cadeau empoisonné. Cela se vérifie d?emblée au niveau de la forme. Le ministère de la Culture, qui a décidé de faire le ménage en imposant des normes pour les organisateurs de festivals musicaux, semble fermer l??il sur ce qui touche aux salons du livre. Celui de Constantine n?a en tout cas que le nom. Et pour cause : aucune animation culturelle, à l?image des cafés philosophiques ou littéraires, les séances pour dédicace ou les rencontres professionnelles, n?est prévue durant les dix jours. L?activité purement commerciale a dominé ce salon. Cela incite à plusieurs interrogations, à commencer par le professionnalisme des organisateurs. On a remarqué aussi l?absence de maisons d?édition locales et, en les interrogeant, il s?est avéré qu?elles n?ont pas reçu d?invitation pour y participer. Il y avait pourtant plus d?une centaine de participants représentant 61 maisons d?édition. Mais ce ne sont que des éditeurs arabes, deuxième hic, qui ont pris part à cette manifestation organisée par Algexpo. Ceux parmi les Occidentaux qui ont donné des couleurs au Sila en septembre dernier n?ont pas jugé utile de répondre présent à Constantine ou alors n?ont pas du tout été conviés comme l?auraient souhaité les Constantinois. En revanche, le salon ressemblait fort bien à une braderie qui a fait le bonheur d?un certain public, notamment les étudiants en sciences islamiques. Hormis trois stands, les autres étaient venus vendre des livres religieux qui, en fin de compte, n?ont pas tous été filtrés comme il se doit. Nous sommes un peu loin des restrictions de Mme Toumi et des coups de gueule du président de la République pour interdire d?entrée des livres appelant au djihad et à l?intolérance. Les livres des frères musulmans d?Egypte ne manquent pas sur les étals. Ceux de Hassan El Benna sont aussi disponibles à côté de celui de At?targhib oua at?tarhib et des ouvrages traitant du projet islamiste en général. Autre curiosité, un stand entier est consacré au mouvement palestinien du Hamas, où l?on vend des articles à la gloire des célèbres animateurs du mouvement et des films documentaires sur le djihad. Pas loin de là, un autre stand propose d?une manière peu discrète la littérature du Hamas algérien. Au-delà de la déception du public, de l?absence de professionnalisme chez les organisateurs et autres détails formels, c?est tout un système qui semble faire défaut pour empêcher le dérapage idéologique et renforcer la démocratie en offrant le choix de lecture aux Algériens. Pourtant, ce qui est valable pour la capitale doit l?être aussi pour le reste du pays.



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