Algérie

Salon du livre de Paris: l'insoutenable légèreté des mots


Le Salon du livre de Paris vient de se terminer. Des écrivains algériens y ont signé leurs livres même si l'Algérie et les pays arabes ont boycotté cette manifestation. Une fausse alerte à la bombe, le dimanche 16 mars, a mis à l'arrêt cette impressionnante exposition pour moins d'une heure avant que les choses ne reprennent leur rythme usuel. Par rapport aux autres années, il semble qu'il y a eu moins de monde; la crainte a donc été présente durant ce rendez-vous des lettres et des mots. La crainte continue à être partagée entre Israël, invité officiel de cette halte des livres, et la Palestine, un pays qui n'en est pas encore un, une patrie spoliée, un territoire où survit un peuple meurtri par des cousins qui ont pourtant connu cette énorme injustice qu'est la Shoah. Boualem Sansal a eu le prix RTL-Lire. L'auteur de «l'Enfant fou de l'arbre creux» est un remarquable prosateur. Mais il semble que ce dernier prix qu'il vient de recevoir est plutôt donné à ses déclarations et à sa démarche depuis la parution de son dernier roman «le Village de l'allemand». Car, dans les milieux littéraires français, rien, absolument rien n'est innocent. Déjà pour se faire publier dans cette capitale mondiale de la culture qu'est Paris, il faut perdre un peu de son âme et rentrer dans «le moule». Un moule que les éditeurs parisiens arrivent facilement à imposer aux écrivains du Maghreb. Bien sûr tous les écrivains de l'Afrique du Nord ne se laissent pas faire. Dans les années 1980, Azzedine Bounemeur avait publié des textes à succès chez Gallimard; ses romans «les Bandits de l'Atlas» et «les Lions de la nuit» avaient eu les faveurs du public et de la critique. Mais les é ditions Gallimard voulaient censurer des passages d'un autre de ses romans, «Cette Guerre qui ne dit pas son nom». Azzedine Bounemeur s'était élevé contre cette pratique et a quitté Gallimard. L'immense écrivain marocain, Mohamed Khair Eddine, mort en 1995, a été assez marginalisé lorsqu'il a persisté dans son indépendance et sa contestation alors qu'il avait été comparé à Rimbaud dès son premier roman «Agadir», paru au début des années 1960. Le Salon du livre de Paris a été l'occasion de nombreux débats. Ce qui est étonnant, c'est qu'on a beaucoup parlé du boycott des pays arabes mais on a rarement cité le boycott de l'Israélien Aaron Shabtai. Ce qui est étrange, c'est qu'on a tenté de raconter la vie en Palestine et en Israël mais on a peu envisagé de solutions capables d'apporter la paix. C'était comme si les mots ne servaient qu'à s'exprimer et se faire voir; c'est comme si les mots vrais étaient bannis; c'est comme si la littérature n'était qu'un art complètement inutile.


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