Algérie - Revue de Presse


Quand la musique s?efface devant le corps A l?initiative de l?Office national de la culture et de l?information (ONCI) en partenariat avec le Centre culturel français (CCF), la salle El Mougar a abrité dans la soirée de jeudi un spectacle de danse pour jeunes. Spectacle animé par les groupes Ouled Lebled de l?ONCI et le duo Ti Chelbi. La soirée a duré une heure. Elle a été entamée par le groupe Ouled Lebled, composé de onze éléments dansant le hip-hop. Durant une demi-heure, le groupe a exprimé, par la gestuelle et l?expression du corps, la vie quotidienne avec ses joies et ses amertumes sous l?air de musique traditionnelle et moderne. Ainsi est interprété le séisme du 21 mai 2003 avec des contorsions du corps et l?expression du visage avec ce lumignon d?espoir qui fait que la vie continue et qu?elle vaut la peine d?être vécue. Suit le duo Ti Chelbi, animé par Kettly Noël (Haïti) à qui donne la république Marius Moguiba (Côte d?Ivoire). Le spectacle de danse contemporaine est présenté sous forme d?interprétations théâtrales. Il s?agit d?une femme qui erre dans un lieu clos. Elle cherche à retrouver son équilibre et revit par bribes des émotions qui l?ont amenée à cet état. Un homme arrive d?un pas décidé et rentre en conflit avec elle, non sans être perturbé en conséquence. De par la gestuelle et l?expression du corps et du visage, sont mis en lumière les malentendus qui caractérisent leurs relations. Le décor est austère : de la tôle rouillée dégageant une atmosphère lugubre et agressive. Les contorsions et spirales traduites par le corps traduisent la difficulté de communication entre l?homme ou plutôt le mâle et la femme. Il la soulève en pirouette, la traîne par terre. La musique est présente discrètement. Avec la harpe, sont interprétés des sons stridents, on dirait le crissement de métaux, et des percussions qui donnent une âme africaine au spectacle. Rencontrée à la fin du spectacle, Kettly Noël revèle avoir interprété avec son partenaire le conflit entre l?homme et la femme, marqué entre autres par le manque de communication. Néanmoins, c?est la femme qui en pâtit car elle n?est pas bien comprise. D?autant que l?homme « arrive en territoire conquis ». Et la femme doit toujours subir sa virilité. Elle se sent abandonnée. Sa maison est la rue et les hommes sont « là pour abuser d?elle ». Elle était belle. Mais sa beauté a flétri et ce soir-là, elle avait un peu de lucidité qui fait qu?elle décide de se défendre. « Les contorsions et les spirales signifient les difficultés du corps à s?exprimer. Quand l?homme la met en pirouette, la traîne et l?enjambe, cela exprime la domination. Quant à la femme, elle n?a pas besoin de force pour dominer. Elle utilise d?autres moyens à cet effet à l?exemple de la séduction. » Celle-ci s?exprime à travers des détails à l?exemple du regard en oblique, une manière de regarder sans regarder, le haussement des épaules traduit la fausse indifférence. Avec les sons de la harpe, une espèce de vrilles, on a l?impression que la musique sort du corps. La lumière s?éteint. L?homme et la femme partent ensemble pour se séparer. L?homme est dompté « puisqu?il danse ». Quant à la femme, la lutte contre le monde viril ne vient que de commencer.
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