Algérie - A la une

Saïd Boudour sous mandat de dépôt



Poursuivi dans le cadre de la même affaire, mais sous les (seuls) chefs d'accusation de tentative criminelle, menaces et tentative d'extorsion de fonds, Noureddine Tounsi a été mis sous contrôle judiciaire.La chambre d'accusation de la Cour d'Oran a décidé, hier après-midi, de placer sous mandat de dépôt le cyberjournaliste et membre de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme, Saïd Boudour. L'homme est poursuivi pour "atteinte au moral des troupes", "atteinte à l'intégrité du territoire national et à l'unité nationale", "diffamation, outrage aux institutions de l'Etat, offense au président de la République"?, soit l'ensemble des accusations prévues par les articles 75, 79, 144, 144 (bis), 145, 296, 298, 303, 303 (bis), 303 (bis1) et 371 du code pénal.
Poursuivi dans le cadre de la même affaire, mais sous les (seuls) chefs d'accusation de tentative criminelle, menaces et tentative d'extorsion de fonds, suivant les articles 30, 286 et 371 du code pénal, Noureddine Tounsi, un lanceur d'alerte, a été mis sous contrôle judiciaire. Les deux accusés avaient été entendus le 7 octobre dernier par le juge d'instruction de la 5e chambre du tribunal correctionnel de Cité Djamel qui leur avait accordé la liberté provisoire.
Le magistrat instructeur avait motivé son ordonnance par le fait que Boudour et Tounsi présentaient des garanties de représentation, que leur liberté ne nuisait pas à la marche de l'instruction et, surtout, que la détention préventive était une mesure exceptionnelle. Le procureur de la République avait fait appel, trois jours plus tard, auprès de la chambre d'accusation de la cour d'Oran, de cette mise en liberté provisoire, en arguant le fait que l'élargissement des suspects risquait de nuire à l'évolution de l'instruction.
En moins d'une semaine, les deux parties se sont donc retrouvées devant la chambre d'accusation : "Ce qui est un record !", s'est étonné l'un des avocats du comité de défense du hirak en affirmant qu'en 30 ans de pratique, il n'avait jamais vu cette procédure exécutée avec pareille célérité. "En temps normal, il se passe une vingtaine de jours entre l'ordonnance du juge d'instruction et l'examen de l'appel par la chambre d'accusation", a-t-il affirmé en suggérant une volonté de mettre Saïd Boudour derrière les barreaux.
Pourquoi ' Pour le réduire au silence, selon un communiqué de la Laddh, signé par le responsable du bureau d'Oran, Kaddour Chouicha, avant-hier soir. Pour le militant des droits de l'Homme, il s'agit d'une affaire montée de toutes pièces, afin de condamner Saïd Boudour à la prison et, donc, au silence : "La Laddh demande une enquête officielle sur les dessous de cette manipulation qui a pour but de protéger les corrupteurs et les corrompus, quelle que soit l'institution dans laquelle ils sont logés et, semble-t-il, protégés", est-il écrit dans le communiqué.
Pour porter cette accusation, Kaddour Chouicha a fait référence à une vidéo postée par Noureddine Tounsi sur les réseaux sociaux, dans laquelle le lanceur d'alerte "démontre les dessous de cette affaire montée de toutes pièces". "Le 7 octobre, j'ai été convoqué à la sûreté de wilaya pour une plainte que j'avais portée contre un particulier de Sénia qui m'avait menacé de mort en raison de mes dénonciations.
Soudain, on m'a appris que le monsieur en question avait porté plainte contre Boudour et moi-même pour menaces et chantage. On lui aurait exigé 170 millions de centimes en contrepartie de notre silence sur des affaires le concernant. Ce qui est complètement infondé. C'est une machination", a déploré, hier, Noureddine Tounsi, en appelant les autorités à assurer sa protection en tant que lanceur d'alerte comme le prévoit la loi.
En fin d'après-midi d'hier, la Laddh Oran a publié un communiqué dans lequel elle dénonce le mandat de dépôt dont l'objectif est "de semer la peur en s'attaquant à tous ceux qui et toutes celles qui sont, à tort, considérés comme les têtes du hirak", a notamment écrit Kaddour Chouicha, en exhortant les citoyens à renforcer la révolution démocratique.

S. Ould Ali
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)