SAHA FTOUREK

Ammi H'mimed aime bien le mois de juillet, mais ne sait pas franchement pourquoi ! Sans doute parce qu'il porte en lui une très lourde charge émotionnelle, il pense bien sûr au cinquième jour, le 5 Juillet coïncidant avec l'Indépendance de l'Algérie, sa terre natale et celle de ses ancêtres qui payèrent un immense tribut en sang et en âme pour voir ce jour-là arrivé. C'est aussi le mois des vacances, de la plage et des loisirs..., même s'il se dit passé l'âge de ces ?'folies'' de jeunesse et de toute façon, le Ramadhan est là, et ce n'est pas bien vu d'aller faire trempette la journée. Au bled, il est plus toléré de voir les vieux cantonnés dans les mosquées un chapelet à la main et le Saint Coran comme lecture plutôt que faire des châteaux de sable et lire des magazines de sport. Dans un moment d'assoupissement, Ammi H'mimed songea à cette date très symbolique, celle du 5 juillet 1962 pour l'Histoire du pays et s'est remémoré certaines épopées de la Guerre de Libération, vaguement car à l'époque il était jeune bénévole dans les rangs des moudjahidine. De ce temps-là, il garde un vieux fusil rangé dans une boîte spéciale poussiéreuse. D'ailleurs, il fit ressortir cette arme datant de l'époque coloniale pour ausculter son état de fonctionnement. Il le porte sur l'épaule et feignait de viser au-delà de la fenêtre du salon. En un laps de temps, le vieux H'mimed se croyait sur un champ de bataille du côté des monts du Dahra. C'est à ce moment-là, que sa dulcinée Fatma, pénétra dans la pièce et au regard de la scène ne put s'empêcher de pousser un cri strident « Yaaa » ! Dans un sursaut d'étonnement, le vieux se retourna brusquement vers Fatma en braquant sur elle le fusil. Elle baissa la tête, alors instinctivement. Tu vas faire des dégâts avec ça ! », rétorqua-t-elle « Non, rassure-toi le fusil est déchargé» a répondu Ammi H'mimed.