Algérie - Musique et chants soufis (Samaa, Djeme)

Sa voix résonne des Dunes d’Algérie jusqu’à Paris, Abdelwahab, le soufi chanteur



Sa voix résonne des Dunes d’Algérie jusqu’à Paris, Abdelwahab, le soufi chanteur

D’abord sa voix. Elle monte dans les aigus à donner le vertige. Très étrange son pouvoir.

Comme cette impression extraordinaire d’entendre la voix de Chérifa sortir d’un corps d’homme. Abdelwahab se moque des convenances. Il est un orchestre à lui tout seul. Avec juste un bendir pour instrument, il arrive à mettre le feu à chaque spectacle. Sa voix résonne des dunes d’Algérie jusqu’à Paris. Il passe avec une aisance déconcertante de Khelifi Ahmed à la diva. Abdelwahab, Wahab pour les intimes et les autres, chante haut et fort. « C’est le fruit de mes années d’efforts. J’ai travaillé ma voix dans les zaouïas. Il n’y avait pas de micros. C’est pour cela que ma voix porte ». Effectivement, elle porte loin. Elle charrie derrière elle sable et tempête, neige et sirocco. Le presque trentenaire a été marqué durant son enfance par les chants de femmes, ourar natlawine. Enfant, il accompagnait sa mère à toutes les fêtes réservées aux femmes. Adolescent, il s’en est retrouvé exclu. Trop âgé. Ce qui ne l’empêchait pas de s’y rendre en cachette, toujours hanté par la musique. A 12 ans, ce qui devait arriver arriva. Le jeune Wahab monte sur scène. Il ne la quittera plus. Farid, peintre et interprète, ne tarit pas d’éloge sur son ami. « C’est l’incarnation et la relève de la chanson soufie berbère. Il ose s’aventurer sur des terrains originaux, inexplorés. Il interprète avec beaucoup de talent les chansons de zaouïa. Il est croyant et l’assume. C’est un diable au bendir », remarque Farid Belkadi, jouant avec les mots. « Le diable » refuse l’étiquette. Trop réducteur. Car Wahab a d’autres rêves que de reprendre le répertoire religieux. Le soufi se rebiffe. Il a des chansons plein la tête. Puis, par un soir de novembre 2003, son rêve se réalise. A la fin de son concert, une vénérable dame demande à le voir. Il se rend dans la loge, Chérifa l’attendait. Elle l’embrasse, émue. La diva était dans le public. Elle avait aimé entendre ses chansons reprises avec brio. Celle qui a bercé l’enfance de Wahab lui demande de faire un duo avec elle. C’est la consécration. « Etre reconnu par Chérifa dépasse toutes attentes ». Et de se lancer dans la composition. Après un exil parisien de trois ans, il se rend en Algérie et enregistre un album. Par un concours de circonstances inexpliquées, l’album passe inaperçu. Contre toute logique commerciale, le distributeur occulte l’album. Très bien accueilli par les auditeurs, il demeure impossible à trouver en Algérie ! Pour se le procurer, il faut impérativement l’acheter par Internet (agwaprod.com). Pourtant, Wahab ne désespère pas. Au contraire. Il a déjà huit titres prêts à être enregistrés. Petit problème. Wahab est artiste et non commerçant. « Je ne sais pas me vendre, je suis incapable de démarcher les producteurs ». Avis aux amateurs de chants lyriques. Le style de Wahab est inclassable, très original. Ensuite, la danse. Il est aussi bon danseur. Il fait chavirer les corps et les cœurs. Un artiste à (re)découvrir.





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