Ruée vers les plages

Bien sûr la mer n'est pas si loin de la wilaya de Relizane, puisque située à peine à une cinquantaine de kilomètres, et il ne faut payer qu'entre 200 et 400 DA pour y aller et revenir.
Il y a des transporteurs qui se spécialisent dans ces directions ainsi que beaucoup de particuliers propriétaires de voitures qui qui transportent les jeunes voulant faire trempette, contre une somme d'argent convenue au préalable. Mais il existe une autre catégorie qui ne peut même pas débourser 100 DA pour se rendre à la mer. Ce sont les enfants dont les parents arrivent à peine à joindre les deux bouts. Ces enfants, âgés de 12 à 16 ans, sont là à longueur de journée à s'ennuyer, cherchant par tous les moyens à se débrouiller l'argent nécessaire pour passer une journée à la mer. Parfois, ils trouvent quelqu'un qui veut bien les emmener pour pas cher mais la plupart du temps ils se morfondent à longueur de journée avant d'opter pour les rivières, canaux d'irrigation ou retenues collinaires assez proches, à quelque deux ou trois kilomètres de chez eux. Ils s'en vont alors par groupes de quatre camarades ou plus, arrivant parfois jusqu'à dix, dans une ambiance heureuse et insouciante. Arrivés là, ils se jettent du haut d'un rocher, du haut d'une falaise ou pénètrent directement dans l'eau, essayant toujours de faire plus pour épater les amis. Mais ces endroits ne sont pas dépourvus de dangers, et les exemples de véritables drames ne manquent pas. Au niveau des rivières, les jeunes mettent de grosses pierres l'une à côté de l'autre pour retenir l'eau boueuse et nagent dans une sorte de piscine naturelle formée ainsi. Mais c'est quand ils plongent qu'ils risquent de se fracasser le crâne contre une pierre ou de voir leur visage enfoncé dans la terre, la profondeur de l'eau ne permettant pas de plonger. Ces enfants qui ne peuvent aller à la mer s'en vont mourir bêtement dans une retenue collinaire ou au fond d'un canal d'irrigation.