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Révolutions violées



Révolutions violées
L'ouvrage de Giuliana Sgrena fait le bilan critique des révolutions arabes. Dans Révolutions violées : printemps laïc, vote islamiste, la célèbre journaliste italienne évoque les pays remués par les insurrections populaires dès janvier 2011, pour raconter les soubresauts d'une séquence historique qui n'en est qu'à son début.Une analyse aussi minutieuse que passionnante, dans laquelle elle décortique toute la complexité d'un processus révolutionnaire qui n'est pas à l'abri de crises contrerévolutionnaires ou de déviations, comme c'est le cas en Libye et en Syrie. Reporter de guerre et féministe engagée, Giuliana Sgrena examine, dans son livre, les révoltions à partir des positions acquises ou perdues des femmes au lendemain de la chute des régimes despotiques.C'est un livre qui donne la voix aux femmes, elles qui étaient au c?ur des révolutions dont les valeurs défendues étaient aussi universelles. «C'est à l'aune des conquêtes des femmes qui en étaient le c?ur battant que l'ont peut juger de leur succès des révolutions», assure Giuliana Sgrena. Elle, qui est partie à la rencontre des femmes en Tunisie et en Egypte après la chute des régimes, revient avec un sentiment mâtiné. L'espoir de voir triompher les valeurs de libertés et l'inquiétude de la régression.«En Tunisie, les femmes ont certes gardé leurs positions et leurs statuts politiques, mais la première victoire des islamistes d'Ennahdha s'est employée à réislamiser la société, ce qui a été perçu comme un recul en matière d'émancipation des femmes. Cependant, la victoire de Nidaa Tounes rappelle aussi la résistance des femmes.»Tout n'est pas perdu, mais rien n'est gagné non plus. «Nous sommes dans un long processus. La consécration des droits des femmes serait un signe de la réussite de ce processus», assure l'auteur en soulignant une poussée timide des femmes dans des pays comme l'Arabie Saoudite et le Yémen avec le prix Nobel de la paix, Tawakkol Karman, symbole de la forte implication des femmes dans la révolution. A l'Egypte, Giuliana Sgrena consacre un chapitre dans son livre ? «La verginità dei militari» (la virginité de l'armée) ? pour évoquer le combat historique des femmes dans la vallée du Nil.La période succédant à la chute de Moubarak n'a pas été «tendre» avec les femmes. L'impitoyable répression militaire dont la cible était les femmes, notamment avec l'arrestation des militantes soumises dans les geôles aux ignominieux tests de virginité. La victoire des Frères musulmans était également une phase critique pour les femmes au regard de leur conception rétrograde de la société. Giuliana Sgrena, qui a couvert les tentatives de soulèvement de 2011 en Algérie, raconte dans son livre l'insurrection d'Octobre 1988 contre le parti unique, un pays qui sombre dans une violence massive.«Pour beaucoup de pays arabes qui ont connu la révolution, le drame algérien est un point de référence, un laboratoire qui devra servir de référence», estime la journaliste italienne. Elle clôt son livre par le sombre chapitre qu'ouvre l'Etat islamique qui cherche à précipiter l'Orient dans le Moyen Age. Giuliana Sgrena, qui a été correspondante de guerre en Irak, a subi la barbarie des phalanges terroristes à Felloudja. Elle a passé un mois entre les mains des hommes d'El Zarqaoui, «ancêtre» d'El Baghdadi.«J'explique l'Etat islamique à partir de la première guerre du Golfe, comment Al Qaîda a quitté Felloudja pour se retirer aux confins de Moussoul avant que la guerre en Syrie ne vienne servir de rampe de lancement pour l'Etat islamique qui se réinstalle dans un Irak dévasté par des interventions militaires», développe notre cons?ur.Dans ce processus historique dans lequel est projeté le monde arabe, Giuliana Sgrena note un moment fort qui a renversé une vieille équation géopolitique : «Pour la première fois, c'est le Sud qui contamine le Nord et inspire la jeunesse européenne. Dans l'imaginaire européen, quelque chose a bougé. Pour la seconde fois consécutive, le Forum social mondial se tiendra à Tunis l'an prochain. Les Indignados en Espagne ont rebaptisé la Puerta del Sol (la porte du Soleil) Place Tahrir.» Un livre à lire et surtout à traduire.


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