Algérie - Revue de Presse


Une vie au jardin public Quand bien même cette frange de la société ne constitue pas la plus grande partie de la population, il n?en demeure pas moins que le chiffre reste relativement éloquent. Contrairement aux autres pays dont les structures spécialisées (clubs, associations pour personnes âgées, etc.) prennent en charge cette tranche du troisième âge, avec des programmes conséquents, chez nous, l?ennui et la lassitude s?emparent des vieux. Dans les quartiers populeux, comme Bab El Oued, Belouizdad, El Harrach ou La Casbah, cette catégorie de personnes, qui dépasse la soixantaine -âge généralement de la mise à la retraite - sombre dans le déplaisir et la monotonie. « Je n?ai pas où aller et le seul lieu où je peux rencontrer les gens de mon âge est ce café », nous dit ammi Rezki, un sexagénaire. L?endroit semble tout indiqué. C?est le café dit Tlemçani dont la clientèle est constituée à 80% de vieux qui affluent des quartiers environnants d?El Bahdja. En effet, cet espace reste un lieu de rencontres par excellence. Un lieu de prédilection où les souvenirs et l?actualité sont égrenés à l?envi. Plus bas, le café dit Gourari ou El Guellati. Un endroit qui se voit, lui aussi, investi par les retraités particulièrement. Histoire de se ressourcer, les vieux observent des haltes quotidiennes en devisant autour d?un café ou d?un thé fumant. Les quelques jardins publics de la mégalopole et leurs abords ne désemplissent pas. A certaines heures de la journée, ces espaces publics sont pris d?assaut par ces « sans-occupation » qui tentent d?échapper à l?exiguïté de leur logis ou de tromper, l?espace d?un temps, leur ennui. Difficile aussi pour certains retraités de rompre avec l?habitude de rallier leur poste de travail des années durant. Une habitude dont ils ne sont pas près de se défaire. « Comment faire lorsqu?on se voit prier de partir en retraite après plus de trente années de labeur », nous lance ammi Kaddour. « C?est le vide total », renchérit son voisin, ammi Djillali qui passe le plus clair de sa journée à feuilleter les quotidiens, sinon à errer dans les souks comme pour « tuer » le temps. L?APC n?a rien à offrir D?ailleurs, certains retraités n?ont pas résisté à rempiler comme auxiliaires dans des structures privées comme agent de sécurité pour ne pas prêter le flanc, disent-ils, à la monotonie. Mais y a-t-il un plan d?action dans la cité à même de rendre moins lugubre les jours de cette catégorie d?âge ? Nous nous sommes rapprochés du premier magistrat de la commune de Bab El Oued, Mohamed Babou qui nous a affirmé : « Dans le programme actuel du service socioculturel de l?APC, aucune initiative n?est prévue pour cette frange de la société qui compte près de 5000 personnes mises à la retraite. » Ni club, ni espace de rencontres, ni une quelconque infrastructure pour les vieux n?est inscrit, malheureusement, dans le plan de développement communal (PDC). A peine, poursuit-il, si nous arrivons, avec le budget alloué à la commune - qui est de 190 millions de dinars - à gérer les problèmes d?assainissement et de réfection de quelques ouvrages. Faisant contre mauvaise fortune bon c?ur, le P/APC « bémolise » ses propos. Avec le soutien de ses proches collaborateurs, il envisage de prendre quelques initiatives louables à l?égard de cette frange qui se morfond, au même titre d?ailleurs que des jeunes de la cité qui ne disposent pas, faut-il en convenir, d?infrastructures culturelles encore moins d?aires sportives, censées être un exutoire, entre autres. « Nous pensons, cependant, récupérer quelques locaux désaffectés pour créer des espaces de rencontres pour les personnes âgées et retraitées », concut-il, sur un ton peu rassurant à notre endroit.



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