Algérie

Retour sur les lieux du drame



Il y a deux à trois semaines, nous rapportions dans ces colonnes le cas de cet enseignant exerçant dans une école primaire de la ville de Bouira qui s'est adonné à des attouchements sexuels sur plusieurs de ses élèves. BouiraDe notre bureau Ces agressions sur mineurs auraient commencé, d'après le psychologue qui a discuté avec les victimes, depuis le début de l'année sans que personne ne soit au courant. Nous nous sommes rendus sur les lieux. L'école Mohamed Boutaouès est loin de constituer l'idéal en matière d'environnement pédagogique ; la cour n'est ni fermée ni goudronnée ni bitumée : les élèves pataugent dans la boue en hiver et doivent avaler bien de la poussière en été, les murs des salles de classe sont fissurés, la plupart des tables sont inutilisables, parfois avec des dossiers sans planche, les salles de classe ne sont pas nettoyées et cela se voit à l''il nu. L'entretien des écoles dépend de l'APC, nous affirmera la responsable. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, depuis septembre, pendant 5 longs mois, une quinzaine d'élèves de la 4e année moyenne (ils passeront leur BEM en juin) ont été victimes des perversions de celui qui devait être leur éducateur.Cela se passait dans un établissement scolaire et cela ne s'est pas su. Selon la directrice, c'est à la mi-janvier qu'elle a remarqué l'enseignant coupable tirant une élève par le revers de son tablier revenant des toilettes et traversant la cour pour aller rejoindre la salle de classe. La même élève, convoquée dans le bureau de la directrice, révélera les comportements scandaleux et immoraux de son enseignant. Plusieurs de ses camarades, la peur et le complexe dépassés, suivront son exemple plus tard et iront raconter à la directrice leur calvaire, vécu depuis le début de l'année scolaire. Sitôt le scandale su, l'enseignant a tenté de prendre la fuite, mais il fut arrêté le 10 février et placé sous mandat de dépôt par le procureur de la République en charge de l'affaire.Signalons que les parents d'élèves ont tenu à déposer plainte eux-mêmes. Le ministère de l'Education nationale s'est saisi de l'affaire et il a fallu l'envoi d'une missive pour que la DE de Bouira (qui a néanmoins pris la mesure conservatoire de suspendre l'enseignant) envoie une équipe de psychologues suivre les élèves victimes. « Nous avons trouvé l'établissement dans un véritable deuil », nous a confié M. A. Messaoudi, le psychologue qui s'est déplacé à l'école les 11 et 14 février, accompagné de 2 orthophonistes et de 2 cliniciens. « Tout le personnel : directrice, enseignants, élèves et employés sont sous le choc », déclare-t-il.Les 5 médecins passeront environ 2 heures de débriefing avec les 26 élèves de la classe (dont 2 seront absents ce jour-là). A la suite de cette séance, pendant laquelle tous les élèves ont pris la parole, les psychologues relèveront leur incapacité à raconter leur vécu quotidien et à « verbaliser leur affect », ils identifieront à la fin, 14 élèves qui « présentaient probablement un traumatisme psychologique secondaire à cet événement », selon eux. Ils seront pris en charge et suivis individuellement pour une thérapie de longue durée. « Un travail de réparation est nécessaire ».
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