Algérie

Retour à la violence




Depuis longtemps, les Libanais avaient appris à vivre avec la précarité, pas celle que l?on décrit habituellement, mais celle liée au fonctionnement de leurs institutions basées sur le fameux Pacte national de 1943, un accord non écrit, entre les différentes communautés. Cela s?est vérifié en 1958 avec une première guerre qu?on avait du mal à définir à l?époque. Et c?est en avril 1975 que l?étincelle de Achrafiyeh mettait le feu aux poudres. Quinze années de guerre civile, avec des pertes immenses, portant un coup considérable comme on le constate aujourd?hui, à la place et au rôle des institutions, malgré les accords inter-Libanais de Taef, qui avaient amené notamment les chefs de guerre libanais à admettre que la violence ne mène nulle part. C?est sur cette base que le Liban a entamé sa reconstruction, avec un remarquable dynamisme, mais aussi de fortes inégalités qui avaient redonné des forces à la CGTL, la centrale syndicale, et uni les Libanais que l?on dit encore divisés ; mais cela est une autre question esquivée pour les problèmes et les enjeux qu?elle renferme. Mais la voilà posée autrement puisque la crise actuelle a mis en évidence la limite des institutions libanaises, et que les milices qui se sont fait la guerre, n?ont en réalité jamais perdu de leur puissance. Les armes ? toutes les armes ? ? avaient été rangées, et même, disait-on encore, détruites. C?est l?ONU qui soulèvera cette question, appelant au désarmement des milices libanaises et étrangères opérant au Liban, mais la lecture faite de cette résolution n?est pas univoque et chaque partie, en fonction de sa position, y voit soit une menace soit alors une manière de faire pression sur les autres. En tout état de cause, le Hezbollah a refusé de déposer ses armes et il est accusé aujourd?hui de vouloir créer un Etat parallèle et même de fomenter un coup d?Etat. Mais pourquoi aujourd?hui, puisque les Libanais, surtout depuis l?assassinat en 2005 de leur ancien Premier ministre Rafic Hariri, vivaient dans la crainte de nouveaux combats et donc d?une nouvelle guerre civile. Une seule question les hantait : « Quand ? », se demandaient-ils. Mais on a souvent tendance à oublier que le Hezbollah est à la tête de l?opposition sans jamais la commander et que celle-ci a perdu toute forme de restriction confessionnelle ou communautaire, puisqu?on y retrouve notamment le courant du général Aoun, que l?on ne peut qualifier de pro-Syrien et encore moins proche de l?Iran. Est-ce cette même opposition, c?est-à-dire dans sa configuration actuelle, qui a pris les armes contre le gouvernement ou bien alors est-ce seulement le Hezbollah ? La question ne manque pas d?importance puisque l?opinion a droit aux deux versions. Simple confusion ou réelle manipulation ? Il est bon de crever certains abcès créés et nourris par différentes accusations comme celle de servir de tête de pont ou d?entretenir des ambitions hégémoniques. Cela rappelle les années de fer quand une personnalité libanaise bien connue intitulait son livre Une guerre pour les autres. Un tel débat est-il possible actuellement ?

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