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Retards dans le train



Retards dans le train
Quasiment tous les quotidiens d'hier annonçaient la «reprise du trafic ferroviaire». Cela n'avait pas fait de grosses manchettes, mais «l'info» était partout. Les Algériens, dans leur immense majorité, ne savaient pas que les cheminots étaient en grève, mais ils savent maintenant qu'ils ont mis fin à leur débrayage.On pensait que les trains qui arrivent à l'heure, ça ne faisait pas une information. On a fini par découvrir que non seulement les trains qui pointaient à la gare à la minute précise faisaient une information mais que ça allait au-delà : un événement, voire un scoop ! Les trains qui se font désirer, qui font attendre jusqu'au désespoir, bref, les trains en retard, sont depuis longtemps rentrés dans la «normalité», la règle. Mais aujourd'hui, ce n'est pas de cela qu'il s'agit. En plus, en termes de retard, ce n'est pas vraiment nos trains qui tiennent le haut du pavé. Nos avions sont imbattables en la matière. Mais si nos trains ne se font pas trop remarquer pour le retard, ce n'est pas parce qu'ils sont performants mais parce qu'ils ont une présence très faible dans notre vie, et à ce titre, ils ne l'impactent pas tellement. En tout cas pas suffisamment pour que ça fasse des bulles. Quand il y a grève à la SNTF, nous sommes loin des mouvements de panique des gares européennes, des coups de gueule de clients désabusés, de personnels «non grévistes» au labeur pour assurer un minimum, des syndicalistes déterminés dans leur action mais embarrassés par un arrêt de travail forcément impopulaire et des tutelles surfant entre disponibilité au dialogue et fermeté de circonstance.C'est que dans l'affaire, le train est non seulement important dans l'essentiel de l'activité de ces gens-là, il est aussi déterminant. C'est loin d'être le cas en Algérie où le train est un transport anodin, qu'il nous arrive même d'oublier au moment de passer en revue les moyens et possibilités de déplacement. Samedi donc, les cheminots algériens ont repris le travail après trois jours de débrayage qui nous ont échappé. Ce n'est pas parce que les relais ont manqué mais parce que le chemin de fer ne fait pas partie de la vie des Algériens. Ça aurait pu l'être pourtant. D'abord parce que le train est une très belle invention en ce qu'il rend la vie agréable, aide beaucoup au développement et atténue considérablement l'étendue des crasses que l'homme fait subir à l'environnement. Ce n'est même plus la peine de convoquer quelque formule célèbre qui a consacré le chemin de fer comme inégalable indice de développement, c'est devenu presque «ringard», tellement c'est évident. Mais le niveau de développement des chemins de fer dans notre pays est tel que nous ne nous rendons pas compte qu'il était carrément à l'arrêt pendant plusieurs jours ! Et quand on nous dit que les cheminots ont repris le travail, ça nous fait sourire dans le meilleur des cas. Tout le reste devient puéril.De savoir pourquoi on a débrayé, ce qu'on a obtenu, comment on l'a obtenu et pourquoi on se remet au travail, cela n'intègre pas les palpitations de notre vie quotidienne, alors on prend «l'info» comme elle nous vient : avec beaucoup de détachement. Un détachement qui tranche avec la place du train dans l'activité des grands pays et qui nous met donc au ban du développement. Ce n'est plus de retard de train qu'il s'agit mais de retard? dans le train.


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