Algérie - Revue de Presse

RESTAURATION Fort Santa Cruz, les travaux suspendus



Les travaux de restauration du Fort de Santa Cruz sont à l'arrêt. La décision a été prise suite à la visite sur chantier d'un groupe d'experts, le 28 février, dépêché par la direction du Patrimoine du ministère de la Culture, selon la direction de la Culture de wilaya d'Oran, le maître d'ouvrage. Motif de la suspension des travaux jusqu' à nouvel ordre: des carences dans l'étude du projet et, par voie de conséquence, dans les travaux, précise la directrice de la Culture d'Oran, Mme Moussaoui. La décision d'arrêter provisoirement le chantier a été prise à l'issue de la visite d'inspection effectuée par un groupe de cinq experts en restauration des sites historiques entre le 28 février et le 1er mars, une mission sanctionnée par un rapport qui a mis à nu nombre d'insuffisances et de défauts techniques dans l'étude et l'exécution du projet, dont les travaux ont été lancés le 18 février 2006 pour un délai contractuel de 18 mois. Le projet intitulé « restauration et mise en valeur du Fort de Santa Cruz », pour lequel une enveloppe financière de 30 millions de DA a été consacrée, devait être mené à terme en août prochain. Une échéance qui ne sera sans aucun doute pas respectée, en raison du taux d'avancement des travaux qui ne dépasse guère 50%, selon le maître d'ouvrage. Par ailleurs et inévitablement, l'arrêt du chantier se répercutera sur les délais. Ce qui n'est pas pour inquiéter le maître d'ouvrage, qui accorde en fait peu d'importance aux délais et donne la priorité, toute la priorité, à la qualité et la conformité de restauration de ce fleuron de l'architecture de l'époque et gloire du patrimoine d'Oran, bâti par les Espagnols au XVI° siècle pour protéger la ville contre les assauts de la vaillante résistance. « Positiviste », la directrice de la Culture perçoit la décision de suspension des travaux plutôt comme une bonne chose. « D'abord, cela nous procure un sentiment d'assurance : le projet est suivi d'Alger. Ensuite, et surtout, la décision d'arrêt est prononcée par des experts de 1er rang, elle vient à point nommé, tant qu'il n'est pas trop tard, le processus de restauration n'ayant pas fort heureusement atteint le stade de l'irréversible, les défauts étant rattrapables », déclare Mme Moussaoui, précisant que « la visite de la commission ministérielle d'experts est une mission de routine », démentant « les rumeurs qui veulent faire coïncider cette commission avec une situation d'impasse, voire une crise, dans le fort de Santa Cruz ». Selon la même responsable, la commission a ordonné l'arrêt temporaire des travaux à l'intérieur du fort mais a en même temps donné l'ordre de poursuivre sans relâche les opérations d'urgence qui sont l'étanchéité, la remise en état du système de collecte des eaux pluviales et la mise en place de la porte principale du fort. Pour la directrice de la Culture, un avis partagé d'ailleurs par le président de l'association Bel Horizon qui est concernée par le Fort de Santa Cruz en vertu d'une convention avec la wilaya et direction de la Culture, « la source de tous les problèmes c'est le fait qu'il n'y a pas eu lieu au départ la séance d'affichage, qui est indispensable à plus forte raison lorsqu'il s'agit d'une intervention sur le patrimoine, un acte plus qu'intellectuel que physique, et de ce fait il doit être enrichi et soumis au consensus de tous les acteurs du paysage patrimonial ».  Pour rattraper cette «omission », une séance d'affichage a été tenue le 28 février au siège de la direction de la Culture en présence de la commission d'experts, du maître d'ouvrage et du maître d'oeuvre (le bureau d'étude) et le restaurateur. Dans l'après-midi de la même journée, le fort a été passé au peigne fin par les experts. Quatre réserves techniques ont été émises par ces derniers. En premier lieu, ils ont remarqué des insuffisances dans le relevé métrique (le mesurage) qui a induit des erreurs quantitatives susceptibles d'avoir des répercussions financières (les avenants). D'autre part, les experts ont reproché à l'étude le fait qu'elle n'eut pas pris en considération la finalité du projet, c'est-à-dire l'usage, la vocation à laquelle sera dédié le site après sa restauration, à savoir un musée du Vieil Oran regroupant un centre d'archives, un observatoire de la faune et la flore de mont Murdjadjou, un observatoire d'astronomie amateurs, entre autres. Ce qui, à l'évidence, nécessite un aménagement adéquat du fort et donc une étude préalable. Le défaut du Plan d'exécution a été par ailleurs relevé par la commission.  Il faut noter que la structure du fort de Santa Cruz, qui a survécu aux nombreux avatars de l'histoire dont le puissant tremblement de terre de 1791 qui fit 2.000 morts, est encore saine même si la dégradation de son étanchéité qui donne lieu à l'infiltration des eaux pluviales est une sérieuse menace, qui, paradoxalement n'a pas été prise en compte dans l'étude et les travaux de restauration.  Ce monument dominant la ville et la baie d'Oran depuis le plateau du mont Murdjadjo qui culmine à 400 mètres au-dessus, s'impose, plus de quatre siècles et demi après son édification, comme le témoin le plus visible de la période d'occupation espagnole à Oran (1509-1792).



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