Algérie

Représentation politique en Kabylie




Fin de mission pour les archs En dépit d?un taux d?abstention de près de 70% de l?électorat, les élections partielles en Kabylie ont sonné le glas d?un mouvement citoyen ayant accaparé l?espace politique et médiatique depuis son irruption en avril 2001. Né dans l?urgence d?une riposte collective et dans le souci de canaliser une révolte juvénile ayant provoqué des dizaines d?assassinats, la structure - ayant émergé depuis, s?appuyant sur un mode de représentation infaillible dans la région, « tajmaât », ou l?assemblée du village - a réussi le pari de gagner l?adhésion des populations locales en quête d?un cadre rassembleur, d?autant plus que les luttes intestines entre le FFS et le RCD ont fini par lasser les gens. Telle une déferlante, le mouvement des archs a eu raison de tous. Les démonstrations de force par le recours à des marches populaires - dont le pic a été sans conteste la marche historique du 14 juin 2001 à Alger - en sont la parfaite illustration. La plate-forme de revendication dite d?El Kseur, élaborée dans la localité éponyme un certain 11 juin 2001 par des « délégués » issus de divers horizons politiques, traduit, en fait, un concentré et un compromis des différentes sensibilités politiques de la région et reprend les revendications traditionnelles de la région, notamment celle ayant trait aux libertés démocratiques et la question itérative de l?identité amazighe, tout en intégrant les nouvelles donnes du moment : le jugement des commanditaires, ordonnateurs et coupables d?assassinats, la délocalisation des brigades de gendarmerie, un statut de martyr pour les victimes... Si, à l?époque, les « délégués » n?étaient en fait que de simples porte-parole des populations qu?ils sont censés représenter, la structure du mouvement citoyen a fini, au fil des années de lutte, parfois par calcul et d?autres fois par manque d?expérience, par devenir l?instrument de prédilection aux mains de groupes politiques, qu?ils soient au pouvoir ou dans l?opposition. D?une purge à l?autre, telle une peau de chagrin, le mouvement populaire a fini par être squatté par deux structures, l?une qu?on dit proche du RCD et l?autre du parti d?Ahmed Ouyahia. Evoluant en vase clos, loin des préoccupations des populations, les « délégués » d?antan ont fini par devenir des « animateurs » dont l?activité de prédilection reste incontestablement les... conférences de presse. Face à un pouvoir qui ne semble guère concéder plus que ce qui a été négocié en fin 2001, puis annoncé par le président dans son discours du 12 mars 2002, l?écrasante majorité des « délégués » a fini par jeter l?éponge, préférant laisser la champ à une décantation pour une meilleure lisibilité politique dans la région. A cet effet, de sources proches de l?aile dite antidialoguiste, il semble que l?annonce de la dissolution de la structure des archs est imminente, afin de « réhabiliter le politique dans la région ». Quant à l?autre aile, en attente d?un signal du chef du gouvernement pour la reprise, pour la énième fois, du dialogue, loin d?arriver à concevoir une telle issue, continue à croire à un destin politique, contre vents et marées. Un destin politique suspendu aux lèvres d?Ahmed Ouyahia, pour des animateurs auxquels seul le dialogue procure une certaine « légitimation officielle ». Telle une épée de Damoclès, la fin du dialogue tournera définitivement la page d?une structure qui a fini par être retournée contre ses propres géniteurs.

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