Algérie - A la une



Repères
Nous avions toujours pensé que le patron d'Ooredoo, Joseph Ged, avait l'intelligence et le savoir-faire d'un manager pour pouvoir naviguer dans les eaux troubles de l'économie algérienne avec ses lourdeurs bureaucratiques et ses textes de loi souvent inadaptés aux exigences du monde des affaires.Non, mais sincèrement Joseph Ged a réussi à bien mener sa barque et, surtout, à la maintenir à flot. Rappelons-nous comment Ooredoo, profitant de la mauvaise passe de son concurrent immédiat Djezzy, s'est lancé dans la 3G. L'opérateur qatari a pris plusieurs longueurs d'avance sur ses concurrents après avoir été, en 2014, le sponsor major de l'équipe nationale de football. Joseph Ged a toujours travaillé dans la discrétion presque absolue restant ainsi fidèle à la tradition des hommes d'affaires.Malheureusement, l'image de l'homme classe et réservé que dégageait Ged a été détruite par une seule phrase. «Nous ne cautionnerons d'aucune façon les attaques personnelles contre les leaders du pays qui nous fait l'honneur de nous accueillir et qui tient une place si chère dans nos c?urs, l'Algérie, ni du pays d'où a commencé l'aventure Ooredoo, le Qatar», avait déclaré M. Ged lors d'un dîner au Sheraton Club des Pins.Plus clairement, le patron d'Ooredoo n'entretiendra aucune relation commerciale avec les journaux hostiles au pouvoir en place et qui osent critiquer le Qatar. Voilà, la messe est dite sous les acclamations du ministre algérien de la Communication. Que les journaux qui veulent de la pub d'Ooredoo s'aplatissent et deviennent dociles. C'est là une ingérence inadmissible et intolérable d'un ressortissant étranger dans les choix éditoriaux de la presse algérienne.Les règles de bienséance et d'éthique auraient commandé à Joseph Ged de s'abstenir de faire une telle déclaration. Son propos confirme l'existence d'une collusion d'intérêts entre l'opérateur de téléphonie mobile et le pouvoir en place pour asphyxier financièrement des titres de la presse qui n'obéissent pas aux «normes».A une époque où les valeurs de la République avaient un sens, Joseph Ged aurait été remis à sa place par le ministre en charge du secteur de la Communication et non pas applaudi et félicité. Joseph Ged aurait mieux fait de se taire tout en gardant ses campagnes de pub pour la presse que lui et ses «amis» veulent. A El Watan, on aurait compris qu'il a subi des pressions «d'en haut», comme beaucoup d'autres opérateurs d'ailleurs. Il a préféré se montrer sous l'image d'un serviteur du pouvoir algérien. En échange de quoi 'Quel est le deal entre le Qatar et le régime algérien ' Parce que cet «à plat ventrisme» d'une aussi grosse entreprise de téléphonie mobile doit avoir une raison impérieuse. D'autant qu'Ooredoo traversait une mauvaise passe vis-à-vis des autorités algériennes tout de suite après la Coupe du monde de football au Brésil. La qualification historique des Verts au tour suivant de la compétition a failli être en premier célébrée avec faste au? Qatar, avec toutes les conséquences politiques et sociales que cela aurait induit en Algérie.Résultat des courses : Ooredoo perd le sponsoring major de l'équipe nationale de football, le choix s'étant porté sur l'opérateur public Mobilis. Doit-on comprendre la déclaration de M. Ged comme une volonté des Qataris de revenir dans les bonnes grâces du régime algérien ' Sans doute, mais le procédé est honteux, d'autant qu'il vise une entreprise de presse indépendante, qui s'est constituée à la force des bras de ses travailleurs.







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