Algérie - A la une

Repère : l'Egypte dans la tourmente International : les autres articles



Repère : l'Egypte dans la tourmente                                    International : les autres articles
La vie politique en Egypte est parfois comparable à un feuilleton, sauf que ce n'est pas du cinéma. Rien pour emballer les Egyptiens, même s'il s'agit de coups de théâtre pour ne pas sortir du cadre ainsi tracé. En fait, ce sont des rebondissements liés à l'élection du Parlement égyptien. Jusqu'au 14 juin dernier, les Egyptiens avaient un Parlement élu fin 2011. Il était dominé par les islamistes et s'attelait à élaborer une nouvelle Constitution. Cela faisait grincer des dents et même craindre pour le cap que l'Egypte viendrait à prendre. Ce 14 juin, la justice s'en mêle et annule le scrutin en raison, selon elle, d'un vice dans la loi électorale. Elle invalide un tiers des 498 sièges qu'elle juge «élus illégalement», faisant valoir alors que la composition de toute la Chambre était illégale.
Un coup des militaires, disait-on alors, sauf que le 8 juillet suivant, le nouveau chef de l'Etat, Mohamed Morsi, signait un décret annulant cette décision, prenant sur lui d'affronter la justice de son pays. Sauf que l'affrontement ne s'arrête pas là, car cette dernière, voulant avoir le dernier mot, a décidé quant à elle d'ignorer le décret présidentiel avant que ce texte soit lui-même suspendu le 10 juillet, amenant le chef de l'Etat à opérer un certain recul et dire qu'il respectait la décision de la justice, avant d'annuler, le 12 août suivant, la décision des militaires de s'octroyer le pouvoir législatif. C'est peut-être fastidieux, mais les choses sont très simples.
C'est une bataille que se livrent les deux plus hautes instances du pays, et peut-être même ce qui en serait l'acte ultime. C'est ainsi que la Haute Cour administrative a confirmé la dissolution prise antérieurement, soulignant que «l'Assemblée du peuple n'existe plus légalement depuis l'arrêt de la Haute Cour constitutionnelle, le 14 juin, ordonnant sa dissolution». Elle a surtout rappelé qu'aucune instance judiciaire ne peut remettre en cause un arrêt de cette cour. Une telle loi autorise-t-elle toutefois des exceptions, le chef de l'Etat égyptien n'ayant pas hésité à le faire, ou bien alors serait-il lui aussi soumis aux mêmes lois ' Et en être même le principal défenseur quand on veut bâtir un Etat de droit et que l'on se déclare respectueux des institutions, même si elles sont imparfaites et qu'il y a à dire. D'ailleurs, des partis de la tendance libérale se sont élevés contre cette décision du chef de l'Etat, qualifiée alors de «coup d'Etat constitutionnel».
Un très mauvais signe dans un ciel égyptien qui n'est pas très serein, malgré ce que l'on croit être un recul des militaires. Il est vrai que ces derniers n'occupent plus le devant de la scène politique, mais l'opinion égyptienne n'est pas, quant à elle, insensible à ce qui se fait parfois en son nom, mais sûrement pas avec son accord. Reste maintenant la suite, car il y en a une, puisque le Parlement en question avait mis sur pied une commission chargée d'élaborer une nouvelle Constitution. Que deviendra cette dernière et qu'en sera-t-il de ses travaux ' La question est d'autant plus importante que l'Egypte vit toujours une période de transition, avec des délais très précis quant à l'adoption de la nouvelle Loi fondamentale du pays et l'élection d'un nouveau Parlement. Les cartes pourraient alors se brouiller, même si la décision rendue samedi est supposée mettre fin à un tel débat.
Qu'en pensent en effet ceux qui avaient occupé la rue et provoqué la chute de l'ancien régime ' Une telle bataille de trop et même inutile devraient-ils se dire, car eux gardent en mémoire la raison même de leur lutte : la liberté. En tout cas, cela ne devrait pas faire diversion. Même si l'Egypte est à l'arrêt et que les urgences ne manquent pas, ce qui se passe actuellement ne devrait pas empêcher de penser que l'essentiel est encore à venir.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)