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Repère
L'annonce faite par le Fln d'engager une brochette de 8 de ses ministres en poste dans le gouvernement Sellal aux prochaines élections législatives n'a surpris personne. La pratique n'est pas nouvelle pour les partis au pouvoir ou du pouvoir habitués à recycler leurs cadres en fin de mission au sein de l'Exécutif dans les institutions de l'Etat, élues ou non. Il y a eu des ministres «kleenex», des ministres fusibles et des ministres recyclables : des «énergies» qui tiennent à la fois du fossile et du renouvelable.Dans un éternel jeu de vases communicants, les ministres partants troquent leurs postes pour enfiler le costume de parlementaires élus ou désignés dans le tiers présidentiel au Sénat, à l'image de Djamel Ould Abbès et Amar Ghoul, d'ambassadeurs ou autres hautes responsabilités dans les institutions de l'Etat, tel le Conseil constitutionnel où avait atterri l'ancien ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci. L'engouement singulier suscité au Fln par les ministres en poste pour les sièges de députés ? et ce sera certainement le cas aussi pour l'élection de la chambre haute, le Sénat ? n'a pas manqué de soulever de légitimes interrogations au sein de l'opinion et de l'opposition.Pourquoi nos ministres sont-ils à ce point séduits par le travail parlementaire pour courir derrière un siège de député ou de sénateur pourtant moins valorisant chez nous en termes d'image et d'ascension sociale et professionnelle ' L'Exécutif s'est transformé en «pépinière» du pouvoir pour pourvoir les postes de responsabilité dans les institutions de l'Etat. Les ministres transfuges du gouvernement sont généralement promis pour présider les commissions permanentes du Parlement et plus si affinités, le bureau et le perchoir de l'Assemblée populaire nationale.Dans ce partenariat politique triangulaire, toutes les parties y trouvent leur compte : le pouvoir qui s'appuie sur des hommes dont il est assuré de leurs loyaux et bons services, le parti qui occupe les espaces et les sphères de la décision et les privilèges qui vont avec en plaçant ses hommes, et les ministres-militants qui sont prêts à accepter toute reconversion ? même au rabais par rapport à leur statut ? qui pourrait leur permettre de préserver privilèges, immunité, proximité avec le pouvoir et, le must du must, une retraite dorée.Preuve qu'il s'agit bien de candidatures es qualités, les ministres engagés dans la course électorale sont tous positionnés tête de liste du parti. D'abord pour mettre de leur côté toutes les chances de succès, ensuite parce que l'on est convaincu que lorsque l'on est adoubé par le parti du pouvoir, c'est un ticket forcément gagnant, le vote n'étant qu'une simple formalité.Les protestations élevées par l'opposition à la suite de l'annonce des candidatures des ministres Fln qui seront certainement suivis par les autres membres du gouvernement, moins nombreux, de l'autre parti au pouvoir, le Rnd, montrent bien que cette façon de faire de la politique en recyclant le personnel qui constitue la matrice du pouvoir ne fait pas consensus au sein de la classe politique.C'est toute la problématique de l'alternance au pouvoir qui est posée. Le bon sens politique, le respect du principe démocratique de l'égalité des chances entre les candidats voudraient que les ministres-candidats déposent leur démission du gouvernement dès l'instant où ils font acte de candidature. D'autant que l'on sait qu'ils ont la bénédiction de la direction politique du parti pour craindre toute mauvaise surprise. Ceci pour éviter qu'ils n'utilisent les moyens de l'Etat pour faire leur campagne électorale.Cela ne s'est jamais produit par le passé. Et rien n'indique qu'il y aura un déclic cette fois-ci, même avec les derniers changements constitutionnels. Lorsque le patron du Fln associe le parti à l'Etat, à la mémoire, à l'histoire, au peuple et à la nation, la fatwa est prononcée pour rendre licites les comportements antidémocratiques au nom d'une légitimité historique dévoyée et instrumentalisée à des fins partisanes et de pouvoir.


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