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Rentrée herculéenne


À la veille d'une rentrée sociale qui charrie bien des incertitudes, il s'agit visiblement pour l'Exécutif de "desserrer l'étau" sur une population éprouvée, même si la menace de l'épidémie plane toujours.C'est probablement la rentrée sociale la plus problématique à laquelle le gouvernement devrait être confronté dans bientôt trois semaines : relever de nombreux défis, répondre à de nombreuses préoccupations des citoyens et des entreprises, sur fond de crise politique qui perdure et d'une crise épidémique dont nul ne peut prédire l'évolution.
Engagé sur plusieurs fronts depuis son arrivée à la Primature en début de l'année, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, devrait s'attendre sans doute à une rentrée sociale difficile. Certainement la plus compliquée pour un Exécutif. Non seulement parce que la crise épidémique contrarie sa démarche, tout comme le quotidien de pans entiers de la population éprouvés par les retombées de cette crise, mais aussi parce que, comme souvent en pareille circonstance, il devrait faire face à un front social dont la grogne semble avoir été étouffée par le Covid-19.
Il faut dire que, il n'y a pas si longtemps, le gouvernement, dont les membres se permettaient même de prendre les congés durant le mois d'août, s'attelait essentiellement à l'organisation de la rentrée scolaire et à l'élaboration de la loi de finances. Mais pour une fois, il aura sur les bras un surcroît de "problèmes" dont la crise sanitaire a empêché le traitement au moment opportun. C'est le cas, par exemple, du secteur de l'éducation dont l'année scolaire a été écourtée et de l'organisation des examens, notamment du baccalauréat et du Brevet d'enseignement moyen. Prévus pour le courant du mois de septembre, ces examens appellent des dispositions spécifiques et une mobilisation de plusieurs secteurs, au regard de la persistance de la crise sanitaire. Et comme l'a laissé entendre un représentant de l'Exécutif récemment, il n'est pas exclu, compte tenu du constat du rebond de l'épidémie, que ces examens soient encore repoussés. Forcés au congé pour la plupart, éprouvés et précarisés par la crise qui les a touchés de plein fouet, de nombreux travailleurs, tout comme de nombreuses entreprises, ne manqueront pas de réclamer des aides et autres mesures de soutien pour aspirer à remonter la pente. Une perspective pour laquelle l'Exécutif aura fort à faire ? en dépit des mesures concédées jusque-là ? au regard de la crise économique et des difficultés financières, doublement impactées par la chute brutale des prix des hydrocarbures et la crise sanitaire. Au chapitre politique, la mission n'est point aisée. Mis visiblement sous le boisseau depuis quelques semaines, le projet de révision de la Constitution, dont le Président prévoyait l'adoption vers le mois d'octobre, devrait être théoriquement déterré et soumis à débat. Le contexte s'y prêtera-t-il ' Ou sera-t-il de nouveau repoussé ' De l'avis de nombreux observateurs, ce projet ne peut susciter éventuellement un intérêt que si des mesures d'apaisement, comme la libération des détenus d'opinion, et une ouverture du champ politique et médiatique venaient à être prises.
Des questions sur lesquelles l'Exécutif sera assurément attendu. Plus encore, le gouvernement sera appelé à trouver les mécanismes nécessaires pour engager un dialogue, non seulement avec les acteurs politiques et économiques, mais également avec les acteurs syndicaux, de la société civile et les acteurs influents du Hirak, seuls à même de créer les conditions à un débat autour des perspectives d'une sortie de crise. Une perspective qui devrait être sous-tendue par une véritable volonté politique. Le fera-t-il ' C'est en tout cas probablement instruit des pesanteurs et des conséquences de la crise sur le quotidien des citoyens, y compris sur le plan psychologique, que le gouvernement vient d'arrêter le dispositif de mise en ?uvre de la décision portant ouverture graduelle et contrôlée des plages, des espaces récréatifs, des lieux de plaisance et de détente, des hôtels, cafés et restaurants, à partir de samedi prochain. Il y a également la réouverture graduelle des mosquées avec, cependant, ce détail loin d'être anodin : la prière du vendredi est exclue pour l'heure. Lorsqu'on sait que les manifestations du Hirak débutaient après la prière du vendredi, on peut émettre l'hypothèse que c'est cette crainte qui aurait motivé la décision.
À la veille d'une rentrée sociale qui charrie bien des incertitudes, il s'agit visiblement pour l'Exécutif de "desserrer l'étau" sur une population éprouvée même si la menace de l'épidémie plane toujours. Serait-ce suffisant pour affronter une rentrée sociale chargée de pleins de défis ' Faute d'un climat d'apaisement et de mesures audacieuses, la mission s'annonce assurément difficile pour Djerad et son équipe. D'autant que les remous au sein du sérail ne sont pas de nature à donner une meilleure visibilité à même de fixer un cap politique pour une sortie de crise.
Karim K.
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