Algérie

Renoncements



Ne s?embarrassant pas du recours à une grossière contre-vérité, Ouyahia a décrété que les syndicats autonomes « prennent en otage le peuple ». Sa sentence n?est pas gratuite, elle participe d?un plan politique : pousser le gouvernement à privilégier la répression par rapport au dialogue avec les syndicats autonomes afin de les fragiliser pour qu?ils ne fassent plus de l?ombre à l?UGTA. Car un des rêves d?Ouyahia est de faire tomber la centrale syndicale dans l?escarcelle de son parti. Il a déjà réussi un joli coup en faisant nommer, lors du dernier congrès de l?UGTA, un de ses cadres secrétaire général adjoint. Cette première étape prépare la seconde, la succession à Sidi Saïd, certes reconduit à la tête de la centrale syndicale, mais sur ordre ferme du président de la République. Fragilisé par la montée en puissance des syndicats autonomes et ses déboires dans l?affaire Khalifa, Sidi Saïd ne pourra pas résister longtemps aux coups de boutoir du RND. Et l?UGTA dans le giron de son parti, ce sera pour Ouyahia un point de gagné dans la bataille féroce livrée au FLN qui perdrait un de ses plus beaux « fleurons ». Quoiqu?en perte de vitesse, la centrale syndicale possède de grandes ressources humaines et financières et elle est partie prenante dans les forums gouvernementaux. A l?image des autres leaders politiques, Ouyahia livre bataille pour consolider son parti. Son ambition est de réduire l?écart existant avec le FLN, voire lui arracher la première place sur l?échiquier politique. Derrière cette ambition, il y a bien entendu la sienne : être appelé le moment voulu par Bouteflika pour occuper une des plus plus hautes fonctions de l?Etat, s?il est réélu pour la troisième fois. Dans l?hypothèse où Bouteflika ne sollicite pas un nouveau mandat, se placer en favori du système dans la course présidentielle. Ouyahia travaille sur les deux options : il se ménage les faveurs du chef de l?Etat en l?appelant à rester au palais d?El Mouradia, mais il fait tout afin de lui succéder. Pour surfer sur ces deux postures, il déploie tout le « savoir-faire » acquis durant de longues années de pouvoir qu?il « bonifie » de son intarissable cynisme. Mais toujours avec des renoncements sur le combat démocratique, les identités culturelles, les libertés politiques et syndicales et la lutte intégriste. Celle-ci a fini par être sacrifiée sur l?autel d?un constant et insensé panégyrique de la réconciliation nationale alors qu?elle faisait la fierté du RND. A force de faire des concessions au système, Ouyahia a fini par en être une doublure. Ce système où les forces les plus rétrogrades qui se sont installées et y ont prospéré ne toléreront aucune remise en cause de leurs positions et de leurs intérêts. Et elles le feront savoir à Ouyahia s?il re(investit) le pouvoir.
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