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Rencontre wali-Association générale des entrepreneurs algériens



Rencontre wali-Association générale des entrepreneurs algériens
? Point d'ordre avant l'ouverture d'audience : «Les sociétés étrangères, y compris de droit national, sont priées de quitter la salle, cette réunion ne les concernant pas. L'ordre du jour a trait uniquement à l'aspect relationnel entre l'administration et les opérateurs nationaux du BTPH», annonce le DAL. Plus terre-à-terre, le président de l'AGEA précisera du haut de la tribune de l'hémicycle : «Il s'agit d'une affaire algéro-algérienne».Cette petite mise au point, ajoutée bien sûr à la configuration du cadre de la réunion (à la tribune, le wali coprésidant la séance avec le premier représentant de l'Association générale des entrepreneurs algériens et, à l'assistance, tous les directeurs des secteurs en rapport du secteur du BTPH, les gestionnaires publics des différents services financiers ainsi que des entrepreneurs), était suffisante pour anticiper l'objet de ce rendez-vous convoqué par le chef de l'exécutif local. A savoir : le problème de créances impayées, faute de disponibilités financières dans les trésoreries locales. Ce point lié directement au nerf de la guerre était, en tout cas, le thème principal de cette rencontre entre l'administration locale, représentée par le wali, et son partenaire social dans le secteur du Bâtiment, Travaux publics et Hydraulique, représenté par l'AGEA. Ce n'est pas une initiative des pouvoirs publics locaux, mais une mise en œuvre de directives émanant du Premier ministre lui-même. Au crédit de cette organisation patronale «crédible et très entreprenante», sa participation régulière et active dans les cessions de la tripartite Gouvernement-UGTA-Patronat ainsi que le statut qu'elle s'est forgé, au bout du parcours, d'une force représentative de proposition et de concours à la stabilisation du circuit BTPH, en sachant concilier défense des droits de la corporation professionnelle avec préservation des intérêts suprêmes du pays, qui sont éminemment d'ordre social et économique. Une ligne de conduite qui lui a valu le crédit du gouvernement et la confiance des entrepreneurs, de plus en plus nombreux à s'affilier à cet «intermédiaire utile» qui règle pas mal de problèmes pour ses adhérents, celui des créances impayées en premier lieu. D'ailleurs, Mouloud Keloufi, président de cette organisation patronale, n'est pas reparti d'Oran les mains vides, puisqu'il s'est vu confier la mission de transmettre aux instances centrales -et d'intervenir auprès d'elles- les situations de crédit «fin prêts» pour paiement pour l'ensemble des directions relevant du secteur du BTPH (DTP, DUAC, direction de l'Equipement, OPGI, Hydraulique).Concilier intérêts professionnels et contexte économique du paysEt ce, à la demande même du wali, qui a instruit, au cours de la réunion, les cadres de son staff à préparer ces documents et à les remettre au président de l'AGEA, le jour même, charge à lui de les faire aboutir, dans la limite du possible. «C'est dans notre intérêt même que vous soyez payés. Mais il faut tenir compte du contexte financier général, qui n'est pas propre à l'Algérie, mais est international. Nous traversons une zone de turbulences, il faut savoir tenir l'équilibre pour en sortir sains et saufs», a déclaré le wali, non pour faire le pédagogue en cette conjoncture difficile, mais pour rappeler aux entrepreneurs une vérité toute simple, à savoir qu'ils sont pour l'Etat ses outils de production et, donc, en aucun cas celui-ci ne faillira à ses engagements à leurs égards. Bref, Zâalane a su trouver les mots justes pour mettre en avant la solvabilité de l'Etat, en tout état de cause. Pour avoir une idée sur le degré de la crise -car c'en est une, loin de toute démagogie- qui a pris une tournure grave depuis pratiquement janvier 2016, conséquence de la chute des recettes tirées des hydrocarbures. Rien que pour les projets du logement gérés par l'OPGI d'Oran, le montant de la facture impayée pour étude et réalisation s'élève à ce jour à 500 milliards. Si l'on fait l'addition, tous secteurs confondus, ce que doit le Trésor public aux entrepreneurs à Oran devrait être plusieurs dizaines de fois plus -sous toutes réserves. Conjuguée à un dur rétrécissement du plan de charges suite au gel des projets, entre autres mesures d'austérité budgétaire, cette situation a fragilisé de nombreuses entreprises et entraîné la faillite des plus faibles d'entre elles. Depuis novembre 2016, les OPGI, la Caisse nationale du logement (CNL), le Trésor public, n'ont pas effectué de paiement des situations des travaux réalisés, faute de disponibilités financières, et les receveurs des contributions diverses rattachés aux APC seraient principalement à l'origine de cette accumulation de créances qui pose de sérieux problèmes de trésorerie à des centaines de petites et moyennes entreprises de BTPH.Les bonnes annoncesLe problème est d'autant plus grave que ces entreprises de petite taille ne trouvent pas d'assistance auprès de leurs banques, qui refusent généralement de leur accorder les crédits d'exploitation et les découverts bancaires requis pour faire face aux difficultés de trésoreries générées par ces mauvais payeurs. Incapables de s'approvisionner sur les marchés, qui exigent le paiement cash, ni de recruter des travailleurs auxquels elles ne peuvent verser des salaires réguliers faute de trésorerie, les entreprises -notamment privées- de bâtiment s'enlisent dans la précarité.Côté entrepreneurs, on ne parle plus de ciment ou des augmentations vertigineuses des prix des matériaux de construction, encore moins de l'absence d'un plan de charge suite au gel des projets, mais on a plutôt un seul mot : l'argent. Ou, au mieux, le crédit de paiement qui se fait au compte-goutte.Cependant, loin de l'esprit de sinistrose et plaintif, la réunion wali-entrepreneurs aura été fructueuse à plus d'un titre. Elle est même porteuse de bonnes nouvelles, dont l'annonce faisant état d'une bonne bouffée d'oxygène qu'apportera d'ici peu le CNL, un bon de virement dont le montant n'a pas été divulgué, au grand soulagement de nombreux entrepreneurs, notamment ceux ayant réalisé des programmes de logement pour le compte de l'OPGI.Le président de l'AGEA a, par ailleurs, fait savoir que les onze points prioritaires de la plateforme de propositions notifiées au Premier ministre lors de la tripartite d'Annaba, au début mars, est en cours de prise en charge par le gouvernement. Parmi ces points, la suppression des pénalités (fiscales, parafiscales…) en cas de retard (dans le cas où il s'avère que le retard est dû effectivement au non-paiement des situations), les zones d'activités privées au profit des entrepreneurs du BTPH, le cahier des charges réorganisant la promotion immobilière, l'accord avec les banques publiques facilitant l'octroi d'avances exonérées de TVA ainsi que le crédit au taux d'intérêt bonifié pour l'acquisition, via achat groupé, de matériel et d'équipement, entre autres.
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