Algérie

Réinsertion sociale des détenus



« La récidive est l?échec de tous » La question de la récidive a été, hier, le point principal des travaux de la deuxième et dernière journée du forum sur le rôle de la société civile dans la réinsertion des détenus, organisé à Alger par le ministère de la Justice. L?accent a été mis sur le renforcement de la coopération entre tous les secteurs concernés ainsi que le mouvement associatif et l?environnement familial pour aider à la prise en charge des délinquants après leur sortie de prison. Pour Ahmed Ghaï, conseiller au ministère de la Justice, la récidive est un problème complexe qui touche tous les pays du monde et, à ce jour, les solutions idéales ne sont pas trouvées. La récidive signifie, selon lui, l?échec de tous. « La moyenne du taux de récidive dans le monde se situe entre 30, 45 et parfois 50 %. Chez nous, elle est de 45 % et touche en général la petite délinquance, en particulier les délits de vol. Ces délinquants sont tous issus des grands centres urbains, des grandes villes. Ils vivent généralement au sein de familles nombreuses dans des quartiers démunis. L?écrasante majorité des récidivistes est analphabète. Il est donc difficile de les dissuader de revenir à la délinquance. Néanmoins, il est possible d?étudier et d?évaluer leur degré de dangerosité et grâce à l?apport des universitaires et chercheurs en sociologie, criminologie, psychologie et psychiatrie essayer de trouver une explication pour agir en amont et non pas en aval... », a déclaré M. Ghaï. Il a noté par ailleurs que durant cette année les statistiques ont montré que le nombre des crimes a diminué et celui des auteurs de crimes a pour sa part augmenté : « Ce qui veut dire qu?il y a une professionnalisation, si on peut l?appeler ainsi, dans la délinquance. Il y a des délinquants irrécupérables. Le vol à la sauvette est devenu pour eux un vice. » L?expérience française est intéressante dans la mesure où le secteur pénitentiaire vit les mêmes problèmes que ceux soulevés en Algérie. Arnaud Bernard, directeur du service pénitentiaire d?insertion et de probation, a affirmé que son pays compte 92 établissements construits depuis plus d?un siècle et 55 autres construits ou rénovés après les années 1968. Au 1er janvier 2005, la population carcérale a atteint 59 786 personnes, sur un total de 185 223 personnes placées sous la main de justice. Les détenus en attente de procès (prévenus) sont au nombre de 20 910, soit 35 % de la population carcérale. Le taux de détention est de 94,9 personnes détenues pour 100 000 habitants contre 75,6 au 1er janvier 2001. L?administration pénitentiaire suit à titre externe 125 437 personnes. « Plusieurs autres établissements sont actuellement en chantier (...) et ce depuis 1990 (...) pour faire face avec moins de difficultés à l?augmentation de la population pénale qui connaît depuis 5 ans un pic historique. » M. Arnaud a précisé que la réforme entamée en 1999 a donné lieu à des services pénitentiaires d?insertion et de probation au nombre de 101 qui se sont substitués aux services socio-éducatifs des établissements pénitentiaires et aux comités de probation et d?assistance aux libérés. « Il existe d?autres voies, dites alternatives à l?incarcération, pour la mise en ?uvre de la mission de l?administration, à savoir la garde et la réinsertion. La réflexion a démontré que l?administration ne peut efficacement aborder et traiter la question de la réinsertion sans l?appui des différents partenaires compétents dans tous les domaines : travail, santé, formation professionnelle. La responsabilité de l?insertion incombe à la société civile dans son ensemble », a-t-il noté. Les participants ont insisté sur les mesures à même de protéger les détenus à la fin de leur incarcération. Dib Nacer, président de la Fondation pour la protection des droits de l?enfant et l?adolescent, a alerté sur la situation des enfants vivant dans la rue, qui sont, selon lui, les plus susceptibles de rejoindre la délinquance, mais aussi d?en être les victimes. Son intervention était une véritable sonnette d?alarme en direction des autorités, de la famille et de la société. Il est à signaler également que de nombreux intervenants se sont interrogés sur l?existence ou non d?une vraie société civile. « Pouvons- nous dire qu?il existe des associations fiables sur lesquelles nous pouvons compter ? Où sont-elles alors ? »



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