Regard

Réactions surprenantes Le monde musulman a réagi à la pendaison de Saddam, c’est un fait indéniable. Nous n’avons pas entendu tout le monde, mais tout le monde a entendu. Il y a d’une part les Chiites, avec à leur tête les ayatollahs de Téhéran qui n’ont eu aucune pudeur à exprimer leur joie. «C’est un grand jour pour les Irakiens», n’a pas hésité à déclarer le bouillonnant Ahmadinedjad. Cela a le mérite de la clarté au moins et renseigne sur le curieux empressement qu’ont pu mettre les nouveaux maîtres de Baghdad à en finir avec un tyran qui, de toutes les manières, était fini. Les Sunnites d’autre part, et plus singulièrement les rois d’Arabie, ont déploré le fait «qu’il est affligeant, voire inhumain, d’avoir pendu Saddam le jour même de l’Aïd El-Adha». Pour eux donc, c’est en résumé une fâcheuse coïncidence de l’éphéméride... Le fait que Saddam soit pendu ou passé à la moulinette importe peu, la gêne réside en définitive dans ce choix «discutable» d’un jour de fête pour les musulmans. Il est clair que si l’écrasante majorité des hommes et des femmes de cette nation meurtrie ont été soulagés de la disparition d’un tueur patenté et mégalomane comme Saddam, à part bien sûr la petite portion des Irakiens qui ont profité de son pouvoir absolu, ces mêmes personnes n’ont sûrement pas apprécié la façon moyenâgeuse dont la sentence a été appliquée. Le calme olympien d’un Saddam imperturbable avait quelque chose de surréaliste, de pathétique devrait-on dire. A croire qu’il a été «préparé», par quelque potion médicinale, à ne laisser paraître aucune émotion. Suite au funèbre spectacle, le monde à l’unisson s’est posé la même et inutile question: l’exécution de Saddam va-t-elle contribuer à calmer la violence en Irak ou au contraire l’attiser? Bien malin bien sûr qui supposerait un instant que les «deux affaires» continuent d’avoir un lien sérieux! Tant il est vrai qu’avec ou sans Saddam, les voitures continueront d’exploser dans les rues. Les enlèvements massifs continueront d’être organisés et les assassinats aussi. La guerre a depuis belle lurette échappé au cadre étriqué des débuts...