Rediffusion

Il se rappelle avoir interdit à son épouse de pratiquer son métier. «Coiffeuse, lui disaitil, c?est un métier qui ne sied pas à une fille de famille. Dans les salons, on rencontre le bon et le douni. Et en plus, notre société a une mauvaise image de la coiffeuse». Elle avait beau lui expliquer que ce sont des idées révolues, il ne voulait rien savoir. «C?est moi le rajel, et c?est ma kelma qui compte !»Tab jnanek yel macho. Tu remets les pieds sur terre. C?est fini le seigneur qui faisait la pluie et le beau temps. Rak au même pied d?égalité que ta demie. Peut-être moins... Le masrouf au compte-gouttes et les engueulades quand il ne suffisait pas à boucler la fin de mois, c?est du passé ya mon frère. Adieu ce patron qui pourvoyait jadis aux besoins de toute la maisonnée. Le détenteur de la science qui bricolait le portemanteau en faisant croire qu?il a grimpé fi saroukh. Celui qui ne permettait à personne de toucher au démo. «Rani mrigli les chaînes... c?est pas la peine tekherbou...»Yaaak... C?est moi et moi seul qui commande. Allez ! Chiche, répète-le, en ces temps où déjà à deux on arrive à peine à joindre les deux bouts ! Ah bon... La femme, c?est fait pour rester à la maison ? Eh oui, el-felk idour, il ne pensait jamais que la fabrica nationale où il encaissait allait fermer ses portes, et lui se retrouver sans salaire. Chkoune aurait pensé qu?un jour c?est lui qui garderait les enfants, pendant que sa femme sortirait travailler ? Magasinier... Quelle spécialité ! Et qui voudra de lui à son âge ?Koul el-kelma maintenant ! Heureusement qu?elle n?a jamais arrêté de pratiquer la coiffure, sa bonne femme. Même si ce n?était que la famille qui faisait appel à elle. Que de têtes n?a-t-elle pas coiffées pour aider à nourrir les bouches. Khir mra et char mra.