Algérie - Revue de Presse

Récit authentique. L?Énigme Mehdi K.




Les confessions d?un ancien opposant condamné à la peine capitale Mehdi K., la cinquantaine. Condamné à 10 ans d?emprisonnement par la cour de sûreté de l?Etat de Médéa pour « association de malfaiteurs », puis à la peine capitale par contumace par la cour de Tlemcen pour « atteinte à la sûreté de l?Etat ». A la même période, le service criminel de la cour d?Alger l?inculpe pour les mêmes délits. Le 25 juillet 1994, la justice française le reconnaît coupable et le condamne à 5 ans d?emprisonnement et une interdiction de séjour sur le territoire français d?une durée de 10 ans. Il a travaillé pour Ben Bella en Europe et a connu les opposants du régime de l?époque à Paris, Genève, Alicante et Francfort. Il parle de Simon et Raphaël, deux hommes d?affaires israéliens infiltrés dans les milieux d?opposants algériens à l?étranger. Mehdi dénonce les services de renseignements marocains, à leur tête le colonel Hadj El Fassi qui lui aurait proposé des armes et des camps d?entraînement pour son groupe, constitué d?un nombre important d?Algériens hostiles au pouvoir, installés à l?est du royaume chérifien. L?ancien patron de pêche, qui évitait les requins au large de Ghazaouet, se retrouve entouré d?autres requins nageant dans les eaux troubles de la politique, de l?espionnage et du trafic à grande échelle? Un récit poignant ? corroboré par des témoignages d?autres « compagnons de route » ? d?un ancien opposant qui décide de passer à table. « Sans remords ni crainte », affirme-t-il. Pourquoi décide-t-il de se confesser aujourd?hui et dans quel but ? « Pour dépoussiérer utilement sa mémoire et libérer sa conscience, on n?a pas besoin de temps ni d?espace précis, pas forcément » se contente-t-il de riposter. « Pour avoir refusé du poisson à un officier de la Gendarmerie nationale à Ghazaouet, j?ai été incarcéré à la cour 1 au tribunal militaire de Mers El Kebir. Les rapports des services de sécurité m?accusaient d?avoir prononcé ??Vive Ben Bella??. C?était en 1981, et j?étais responsable d?un chalutier au port de Ghazaouet », amorce-t-il, les rides creusant son visage émacié. Pêcheur, âgé à peine de 24 ans, Mehdi se retrouve en prison avec des opposants proches de l?ancien président de la République, qui deviendront des militants tenaces du mouvement pour la démocratie en Algérie (MDA) « J?ai été défendu par Me Benyellès, frère du général. Quelques mois plus tard, j?ai bénéficié de la liberté provisoire. » A sa sortie du pénitencier, des proches de Ben Bella l?abordent en ces termes : « Le président t?invite en Suisse. » Pris en charge à Maghnia, sa ville natale, Mehdi quitte le territoire national clandestinement, via le Maroc. Notre fugitif, dont la condamnation est toujours de mise, tente de faire l?impasse sur des dates et certaines personnalités. « J?ai, ensuite, traversé la frontière espagnole avec un faux passeport avant d?arriver à Paris, où le noyau des Ben Bellistes était omniprésent. » Ce n?est qu?en 1984 qu?il se rendra à Genève, où l?attendait l?ancien président de l?Algérie. « J?ai été très bien accueilli par Si Ahmed. J?ai tout de suite été fasciné par ses principes arabo-musulmans qui, avoue-t-il, à cause des vicissitudes de la vie, ont vite fini par épouser mes convictions. Sur le coup, je me suis donné corps et âme à l?homme plus qu?à la cause qu?il défendait. » Mehdi marque un temps d?arrêt avant de reprendre, essoufflé par tant de réminiscences : « Mais, je savais que rien n?était facile : ce qui me taraudait l?esprit, c?était la présence de deux taupes au sein même de notre organisation. Je ne pouvais rien faire? »Suspecté, et sur instruction de sa hiérarchie, Mehdi retourne au Maroc pour réorganiser le réseau, puis clandestinement en Algérie, pour une mission de propagande et de subversion. « On ramenait du royaume des tracts dont les revues El Badil et Tribune d?octobre pour les diffuser en Algérie. On écrivait des slogans antipouvoir sur les murs? Les services marocains nous proposaient des armes pour combattre notre propre pays ». (A suivre)
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