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Recherche désespérément le Tassili


Recherche désespérément le Tassili
Avoir pour lit des milliers d'années d'histoire et pour plafond le ciel, seul le Tassili N'ajjer, plus grand musée à ciel ouvert peut le garantir. Ce musée qui renferme des milliers d'années d'histoire est pourtant délaissé par la recherche.Les chercheurs boudent cet immense écrin, et même les étudiants du Centre de recherche sur la préhistoire et l'anthropologie ne s'y rendent plus. «Ils nous disent que c'est trop cher de venir à Djanet», nous confie Zohir Brahimi, directeur par intérim de l'Office du Parc national du Tassili. Si des thèses de Magister sont encore assurées sur site par des étudiants de la faculté des sciences de la terre, des recherches sérieuses destinées à connaître d'autres secrets du Tassili ne se font plus. «L'OPNT a pour mission de protéger, de préserver mais aussi de mettre en valeur le Parc du Tassili.Si le rôle de la préservation est rempli, la mise en valeur qui consiste à faire beaucoup plus de recherches n'est malheureusement pas assurée. Du fait de notre caractère administratif, nous ne pouvons pas faire de la recherche, et ceux qui sont censés la faire ne viennent plus ; il n'y a plus de fouilles. Les chercheurs sont à Alger et se contentent d'effectuer des fouilles aux alentours. Je ne dis pas qu'il ne faut pas faire des recherches ailleurs, mais qu'on n'oublie pas ce qu'il y a de plus ancien et ce qui est classé patrimoine de l'humanité», indique le même responsable.Chaque année l'OPNT demande à ce que son personnel soit renforcé par des spécialistes, mais ses appels demeurent sans réponse. Le déficit en encadrement est flagrant. Ces dernières années, la direction de l'OPNT est assurée par des intérimaires. «Les moyens existent, sauf que l'OPNT n'a ni de vision, ni de politique, ni de stratégie et encore moins une feuille de route. C'est une institution qui vit au jour le jour. Il y a eu 31 actions et projets inscrits depuis quatre ans, mais rien n'a été fait», regrette un membre du personnel de cet organisme relevant du ministère de la Culture qui a préféré garder l'anonymat.Un institut fantôme cherche locatairesNotre pays est passé maître dans la dépense non capitalisée. Une des aberrations rencontrées à Djanet est l'abandon d'un grand centre d'étude et de recherche au Tassili dont les travaux sont pourtant achevés à 90%. Ce projet qui aura coûté très cher au Trésor public est aujourd'hui livré aux aléas du temps et au sable.Grande fut notre surprise en découvrant ce lieu situé à la sortie de la ville de Djanet dans le c?ur du Tassili. L'édifice est impressionnant, comme sorti de la matrice du désert, à l'instar des magnifiques rochers du Tassili poussant dans l'écrin sablonneux, il pourrait être le lieu inespéré et adéquat pour promouvoir la recherche et le débat scientifique. Des hectares lui sont dédiés pour devenir l'un des plus grands centres de recherche sur le désert en Afrique.Alors que les travaux touchent à leur fin et n'attendant plus que les dernières retouches pour être prêt à l'inauguration, l'édifice connaît un autre sort et se trouve livré au sable au lieu de recevoir les savants et les chercheurs. Des duplex avec toutes les commodités ont même été construits pour ces derniers à côté du centre.Tout a été pensé pour faciliter le travail aux spécialistes, mais le projet est stoppé net par le laisser-aller et l'indifférence des responsables du secteur de la culture. Des amoncellements de sable se forment autour de cet édifice fantôme comme pour dire que la nature reprend ses droits sur ce que l'homme abandonne. Sable, scorpions et araignées prennent place dans les salles de cours et de conférences. Faïence, carrelage, dalle de sol, tout est couvert du voile de l'abandon.A croire que l'argent public est fait pour être dépensé sans compter, tant que nul n'est comptable et personne ne demande des comptes. Le pire, c'est que le ministère de la Culture a inscrit dans son plan d'action une étude de projet d'une valeur de 1 000 000 DA pour la réalisation d'une nouvelle institution. «Pourquoi gaspiller l'argent du contribuable à faire une autre étude alors que l'édifice existe déjà et ne demande qu'à être utilisé '» s'interroge avec indignation un cadre de l'OPNT.




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