Algérie - A la une


Ras-le-bol
La grogne de la police, exprimée lundi à Ghardaïa, s'est propagée hier à Alger. Des centaines de membres d'éléments des unités républicaines de sécurité (URS) ont convergé, au bout de leur marche pacifique, devant le Palais du gouvernement pour clamer leur ras-le-bol.En gagnant ainsi Alger, cette manifestation, fait inédit dans les annales de la police, prend fatalement une autre dimension. Comme si les manifestants, en choisissant de désenclaver leur mouvement né à Ghardaïa, entendait lui donner une résonance nationale qui interpelle et projette sur le devant de la scène l'institution dans sa globalité.Car même si les unités en place à Ghardaïa depuis des mois, sans permission et soumises au régime "gaufrettes et thon", ont des raisons supplémentaires de ruer dans les brancards, le malaise, en revanche, touche toute l'institution. Un malaise profond, chronique d'un corps qui, faut-il le souligner en bleu, n'est pas encore guéri de la guerre héroïque livrée au terrorisme dans les années quatre-vingt-dix. Ce malaise, refoulé jusque-là, a tout simplement fini par exploser au grand jour, prenant de court le pouvoir qui ne s'attendait certainement pas à subir un tel coup de Jarnac. Encore moins en ce moment de grandes incertitudes.Mais si les policiers en sont arrivés à cette extrémité, une manifestation de rue, c'est qu'ils sont aujourd'hui au taquet. En effet, la Police algérienne est trop sollicitée. Elle est surutilisée. Elle est partout. Particulièrement les unités d'intervention appelées sur de multiples théâtres. Mais le recours systématique aux hommes en bleu, pour maintenir l'ordre, traduit surtout l'échec du pouvoir politique qui, faute de légitimité, a choisi une gestion policière, répressive de la société au lieu d'une gestion démocratique. Recruter et encore recruter plus de policiers pour corseter la société, elle-même en proie à la colère et aux frustrations.Tel est le mot d'ordre des pouvoirs publics algériens qui n'ont finalement pas d'autres choix, face à leur incapacité à promouvoir le dialogue et les mécanismes et d'intermédiation sociale, comme cela se fait dans la grande démocratie, que d'envoyer les jeunes des URS au charbon. Le résultat de cette politique du tout-sécuritaire, du tout-répressif est là. Le comble, c'est que la sortie de la police dans la rue survient au moment où dans les sphères décisionnelles, les dagues sont tirées.




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