Algérie

Ramadhan 2015




Ramadhan 2015
De quoi c'est fait ' D'où ça vient ' Ce n'est pas de la contrefaçon, au moins ' Comment cela a-t-il été produit ' Peut-on le conserver ' Les enfants y ont-ils droit 'Si chaque fois qu'un problème alimentaire se pose, le consommateur qui doute le relève, la machine à tricher ne pourra plus tourner impunément !Une fois n'est pas coutume, à l'occasion de ce mois de ramadhan, le consommateur doit prendre son destin alimentaire en main. Il ne lui suffit plus de lire l'étiquette de tel ou tel produit, encore faut-il déjà qu'il en saisisse le sens. En cas de doute, il se doit de réagir et demander des explications : en grande surface, il doit requérir le responsable, chez l'épicier lui poser la question, et au marché, interroger le vendeur ; plus que ça, il ne doit surtout pas hésiter à goûter au produit dès lors que sa santé est en jeu. Après autorisation du vendeur tout de même.Il faut dire qu'il est plus que temps de mettre la production et la distribution devant leurs responsabilités. Et la publicité devant ses engagements. Et de telles résolutions sont à prendre pendant ce ramadan ! Nous sommes prêts à tout croire, faut-il se dire, mais nous avons besoin de savoir pourquoi nous devons le croire. Si l'on nous assure que c'est sain pour l'organisme, ne nous contentons pas d'enregistrer sans broncher ; vérifions ! C'est le seul moyen dont dispose le consommateur pour savoir ce qu'il paye. On n'interpelle pas le président de la République en tête-à-tête, ni un député au coin d'une rue, ou très rarement, mais l'on peut parler au marchand et à son épicier les yeux dans les yeux. Qu'est-ce qu'ils nous font manger 'Au besoin, dans le doute surtout, il faut boycotter !C'est, dorénavant, un droit qu'il faut s'approprier. On ne le retirera jamais à celui qui sort son porte-monnaie pour se nourrir, et si chaque fois qu'un problème se pose le consommateur se pose la question, alors la machine à tricher ne pourra plus tourner impunément ! Et en l'état, c'est bien de le rappeler, a fortiori, en ce mois précis.Comme l'année passée donc, à la même période à dix jours près, nous voici de nouveau, par la grâce de Dieu, conviés à jeûner un mois durant. Pour relever un défi spirituel censé nous éloigner de toutes les turpitudes et autres égarements du monde dans lequel nous vivons.A coup sûr, les prêcheurs avérés ne manqueront évidemment pas de saisir l'opportunité pour rappeler, mieux que nuls autres, les immenses vertus de ce mois sacré et, aussi, les inévitables gâchis qui sont commis, malheureusement, en son nom.Un exemple, et surtout un chiffre pour illustrer ce propos : les Algériens dépensent 1 milliard/jour pour le pain ! Le pays occupe la 4ème place au classement mondial. Cette consommation de pain, faut-il le savoir, impacte gravement sur nos importations en blé tendre (plus de 3 millions de tonnes) et en blé dur (plus de 600.000 tonnes).Le ramadhan, fait ressortir, bon an mal an, faut-il le dire, la «frénésie des achats» qu'un expert attribue à des facteurs psychologiques incitant des jeûneurs à imiter leurs congénères de façon irréfléchie, indépendamment de leurs moyens.Beaucoup de familles algériennes s'y résignent, par manque de foi, peut-être, ou de civisme, probablement, considérant les dépenses faites pendant le ramadan comme «incompressibles». Il s'en suit un gâchis énorme ; le jeûneur, dindon de la farce, se fait «plumer» à chaque coin de rue, alors qu'il lui suffit de prendre son destin alimentaire en mains, comme on l'a dit supra. Certes, les pouvoirs publics sont les garants de la réglementation du commerce et de la législation alimentaire, mais les administrations censées les contrôler sont dépecées ou désabusées, en tous les cas, peu dotées en moyens pour mener correctement leurs missions.Le ministre du Commerce vient d'ailleurs d'en faire l'aveu, même s'il s'est voulu rassurant. Il prévoit déjà d'organiser à la rentrée un «séminaire» pour débattre de la contrefaçon qui prend des proportions dramatiques en Algérie : les chauffages de gaz naturel contrefaits font plus de 100 morts/an dans notre pays ! Amara Benyounes conscient du danger, sollicite l'aide des consommateurs mais s'avoue impuissant face aux barons de l'informel et de la surfacturation. Le danger nous vient des frontières, a-t-il dit, manière pour lui de botter en touche !L'autre membre du gouvernement, le ministre de la Pêche est parti «guerroyer» contre les pilleurs de corail. Il n'a pas dit un mot sur la rareté et aussi la cherté du poisson qui, décidément, ne figurera pas au menu des Algériens ce ramadan.Il appartient donc au citoyen lambda qui consomme de ne pas compter sur ces ministres pour améliorer son ordinaire, mais il se doit aussi, non seulement de rationnaliser ses dépenses, mais également surveiller ce qu'il mange. Et surtout d'exiger des garanties ! Chaque démarche citoyenne, et là le rôle des associations de protection des consommateurs est nécessaire, chaque interrogation pèse et remonte à la source, aussi sûr que les petits ruisseaux font les gros fleuves ! Si 1% des consommateurs le faisait à chaque fois qu'ils ont un doute, les lois du commerce seraient bouleversées et jamais de la «viande d'âne» n'aurait pu être vendue par des bouchers criminels et partant se retrouver dans nos assiettes ! Usons donc du moindre pouvoir dont nous disposons et posons la question. C'est le silence qui mène les agneaux à l'abattoir !En attendant, le «team Sellal», obligé d'approvisionner la population en denrées alimentaires et en quantités, aura fort à faire pour contenir la courbe de l'inflation qui, force est de l'admettre ou pour le moins de le supposer, repartira à la hausse avec les incontournables pratiques spéculatives qui accompagnent le ramadan. A moins de surveiller de très près la mercuriale, ou de prendre en compte «la proposition consistant à autoriser les agriculteurs à ouvrir des points de vente, à l'occasion de ce mois, pour écouler directement leur production» pour lutter contre la hausse des prix.Le gouvernement pourrait aussi autoriser l'ouverture des «marchés de solidarité» dont a parlé, en son temps, un certain Daho Ould Kablia, sans pour autant les mettre en ?uvre. Il est vrai que ce dernier, avait fort à faire avec Ghardaïa qui connaissait ses premiers soubresauts et les gardes communaux qui avaient décidé de marcher sur Alger.Avec l'ouverture des marchés de solidarité, non seulement les consommateurs aux petites bourses y trouveront leur compte, mais aussi les «acquéreurs» de camionnettes «DFSK» pourraient s'y employer et dans le même temps rembourser leurs crédits ! Et au gouvernement de reconquérir la confiance de tous ces jeunes, en ces temps où la fracture sociale va croissant !Parler de fracture sociale, c'est aussi évoquer tous ces pauvres qui vont se bousculer aux portes des APC pour quêter une quelconque aide. Cette année-là, il a été décidé de leur donner un couffin de «victuailles» dont la liste a été faite sans leur avis. Cela a fait réagir Saida Benhabyles, la présidente du Croissant-Rouge algérien qui a tenu à marquer son désaccord, préférant le chèque au couffin, au motif que cette «manière de faire» ne manquera pas de heurter la dignité de ces personnes.Pour en finir, on ne peut pas parler de ramadan sans dire un mot des «fataras» ou comme on les appelle, communément, les «mangeurs» du ramadan. A coup sûr, ils ne vont pas manquer de se manifester et l‘ire de «l'establishment» religieux sera en rapport ; et dans la foulée, s'exprimeront :1. Le président de l'Association des Oulémas musulmans, Abderrezak Guessoum qui parlera de provocation et demandera à l'Etat d'intervenir pour éviter la «fitna» et protéger les jeûneurs.2. Le président du Haut Conseil Islamique quant à lui, lancera du haut de sa tribune «un appel pour faire respecter la constitution qui fait de l'islam la religion de l'Etat».3. Les quotidiens arabophones et à leur tête «Echourouk», après avoir «pilonné», sans relâche, Nouria Benghebrit, feront de ces actes isolés leurs choux gras et ne manqueront pas d'évoquer les dispositions de l'article 144 bis 2 du code pénal qui punit de 3 à 5 ans de prison et d'une amende de 50.000 à 100.000 dinars quiconque commet un tel délit.4. En face, «les non jeûneurs», provocateurs à souhait, iront jusqu'à évoquer «leur liberté de conscience», et pousseront même le «bouchon» en appelant au rassemblement de leurs «ouailles», ce qui va encore exacerber la tension,Et comme l'an passé, Mohamed Aissa, le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs qui a heureusement gardé son maroquin, sera forcé de monter au créneau, ou plutôt d'aller au charbon. Il sera, peut-être, forcé de jouer une fois encore, l'apaisement tout en qualifiant les actes des non jeûneurs de «provocation». Son ambition ' Remplacer l'imam, en préretraite, par un jeune trentenaire, docteur en sciences théologiques, plein d'alacrité, maniant sans peine la tablette électronique et débattant avec ses pairs par visio-conférence. Je n'y arriverai sans doute pas avant la fin du quinquennat, reconnait-il, mais je ferai tout pour créer les conditions d'une telle mutation.Un sacré défi, tout de même, du même niveau que celui qui attend les consommateurs qui doivent, en ce premier jour de jeûne s'approprier cette résolution : empêcher la machine à tricher de tourner impunément '



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