Algérie - Réflexions

Quelle est la différence entre le look d’un islamiste d’hier et celui d’aujourd’hui ?



La force du mal ne change jamais d’âme, il lui arrive de changer d’apparence ! Dans les années fin soixante-dix, l’islamiste avait un look spécial ! Il est reconnu facilement dans l’espace public. On les appelait les frérots. Son vestimentaire avait un cachet afghan ou saoudien. Il était rangé dans la catégorie des créatures étrangères. Un kamis légèrement court, sale, souvent avec quelques taches sur le devant et sur l’arrière ! Les quatre saisons durant, il traîne dans ses pieds nus des sandales en caoutchouc d’ablutions. Un vrai frérot c’est celui qui tenait entre ses dents un bâtonnet de s’wak. Il l’utilisait, soi-disant, pour nettoyer ses dents. Le dentifrice est haram !

Les frérots tenaient à la poussée de la barbe. Pas de véritable musulman sans barbe ou glabre ! Ils tenaient aussi à leur zabiba ? Une tache-marque noire qu’ils entretenaient sur le front et qui signifie que ce frérot est un bon musulman, un pieux et un grand prieur ! Les frérots, généralement étaient timides, excepté leurs chefs qui eux étaient bavards, coléreux et collants ! Les frérots de la première heure, ceux des années soixante-dix, furent des agitateurs et des acteurs sociétaux. La plupart d’entre eux appartenaient à une couche sociale pauvre et rurale. Les chefs, eux, étaient des citadins ou semi-citadins.
Les frérots ne s’intéressaient pas à leurs études universitaires ; ils préféraient être d’abord à la disposition de leur parti, de l’association, du nadi, de la mosquée de la cité universitaire, du syndicat du resto universitaire, des médiateurs entre l’administration du COUS chargé de l’hébergement d’un côté et les nouveaux étudiants de l’autre.
Au début de la mobilisation, ils étaient que des garçons ou presque, les sœurettes, c’est-à-dire les étudiantes, sont arrivées au nidhal militantisme islamiste un peu plus tard.
Les frérots investissaient dans l’organisation des halaqat des cercles d’endoctrinement où des personnes étrangères étaient invitées pour donner des leçons. Pas de débat. La règle c’est l’écoute. Inculcation. La soumission. L’obéissance. À la cité universitaire, les frérots s’entraidaient et se partageaient entre eux chambre, matelas et morceau de pain. L’ennemi numéro un pour les frérots c’est le communiste. Et par conséquent tout laïc, libéral ou francophone est un communiste ! Ils détestaient la musique et le socialisme, même islamiste, à la sauce Boumediene ! La violence de la décennie rouge a été mijoté sur le feu doux des frérots des années soixante-dix ! Dix ans de sang, d’exil, de haine, de destruction. Le père qui tue, au nom de la religion, son fils. Le fils, au nom de la religion, tue sa sœur ou sa mère. L’oncle n’hésite pas d’égorger, au nom de la religion, sa femme ou sa belle-mère. Des faits morbides qui ont poussé la société dans le trauma ! Et elle y est toujours !
Aujourd’hui, vingt ans après, une autre génération d’islamistes a vu le jour. La force du mal ne change jamais d’âme, il lui arrive de changer d’apparence ! Ainsi le frérot d’hier, des années soixante-dix, n’est plus le frérot du nouveau millénaire, made in vingt-et-unième siècle, il s’est métamorphosé en un kho ! Le pantalon jeans délavé et déchiré a remplacé le kamis afghan ou saoudien. Le smartphone a remplacé la cassette audio ! Le mot “akh” utilisé pour exprimer une fraternité politique et idéologique islamiste dans les années soixante-dix est remplacé par “chriqui” ou “h’bibi” ! La barbe abondante et mal entretenue des frérots du siècle dernier a été domestiquée sur le visage de chriqui. Elle a pris la forme de celle poussée sur les visages des acteurs de Hollywood. Une barbe bien striquée, hautement entretenue, cheveu par cheveu, colorée, décolorée ! La chevelure des frérots délaissée ou rasée à la hâte, aujourd’hui, à l’ère des islamistes kho ou chriqui, est à la kératine coiffée et peinte à la star footballistique !
La langue a changé.
Les noms que portent les islamistes kho d’aujourd’hui ont une connotation des noms des acteurs des feuilletons turcs. Les noms ou les surnoms des frérots du siècle dernier qui avaient des sonorités de Talha, Handhala, Alkama, Abu Djafar, Ibn-el-walid, Abu Muslim… ont éclipsé ou presque.
Les femmes islamistes (chrikti) d’aujourd’hui, elles aussi, sont habillées en jeans déchiré, sous une abaya turque, un foulard multicolore qui à peine cache la tête et entoure le cou, avec beaucoup de maquillage ! Mâchant un chewing-gum ! Jadis la sœurette (okht) portait une 404 bâchée, une sorte de djellaba islamiste sobre. Tout a changé ou presque, sauf une chose : le contenu du cerveau est resté le même ! La tête est toujours formatée ! La force du mal ne change jamais d’âme, il lui arrive de changer d’apparence !
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