Que nous a préparé Bouteflika '

S'il faut en croire les personnalités du sérail qui ont été manifestement chargées de «communiquer» sur le controversé dossier de la révision constitutionnelle, le projet de texte à cet effet en voie de finalisation semble-t-il aurait un contenu absolument «révolutionnaire». Ne nous ont-elles pas assuré qu'il contient toutes les dispositions qui vont établir la démocratie, l'Etat de droit, l'Etat civil, la garantie des libertés publiques et individuelles, la séparation des pouvoirs.A cette aune qui reste à vérifier parce que ces personnalités se sont gardées d'éventer les dispositions confirmant ce qu'elles nous ont avancé, le projet de révision constitutionnelle de Bouteflika serait d'une radicalité et d'une profondeur qui vont étonner les Algériens partisans ou détracteurs du président. Leur promotion commanditée du projet en question laisse dubitative une majorité de citoyens pour qui ni Bouteflika ni le pouvoir dans son ensemble ne peuvent engager cette «révolution copernicienne» qui consommerait la rupture totale avec le système dont ils sont l'émanation.Des optimistes, et il en existe quelques-uns, penchent que Bouteflika va certainement concéder des amendements qui mettront une petite dose de démocratie dans le système politique algérien. Qu'il le fera non pas parce que c'est sa culture politique et sa conviction, mais pour «aérer» la marmite Algérie en ébullition et prête à exploser contre le statu quo mortifère et liberticide dans lequel l'Algérie est maintenue alors qu'ailleurs dans sa région et en Afrique s'opèrent des changements de même nature auxquels les Algériens aspirent. Ils confortent leur optimisme en arguant que le président n'a plus rien à perdre et se préoccupe d'entrer par la grande porte de l'histoire de l'Algérie.Pour la majorité des Algériens, il semble illusoire d'attendre du projet de révision concocté par le pouvoir autre chose qu'un ravalement superficiel de la nature du système politique. Et de faire valoir que si le pouvoir avait l'intention d'aller plus loin, il aurait dû procéder autrement en suscitant une réflexion et des débats les plus larges possibles sur le contenu et les orientations du projet de révision.La campagne de «communication» que le pouvoir a subitement enclenchée autour de son projet par le biais de personnalités du sérail dont les déclarations ont consisté à encenser le contenu de la révision a annoncé une certitude : celle que ce dossier est en voie de finalisation. Son objectif est de jeter la poudre aux yeux de l'opinion publique et la pousser sans chercher à savoir ce qui s'est mijoté à propos de cette révision à prendre pour argent comptant leurs «assurances» et «promesses». De leur part et du pouvoir qui les a missionnées, il y a dans la façon qu'elles ont «communiqué» à destination de leurs concitoyens la démonstration qu'elles tiennent les Algériens pour un peuple incorrigiblement «moutonnier», prêt à suivre ce qu'on lui dicte comme étant son intérêt et celui du pays et que le temps qu'il s'aperçoive qu'il a été leurré, un autre mirage aurait été substitué devant ses yeux à celui d'une révision constitutionnelle promise à faire entrer l'Algérie dans la démocratie, le respect des libertés et l'Etat de droit et civil. Cette vision qu'ils ont du peuple est lourde de menaces car elle procède du mépris qu'ils vouent à son intelligence qu'il finira par combattre autrement que par la passivité apparente qui est la sienne.