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Que fait Mahmoud Abbas '



Que fait Mahmoud Abbas '
La loi du mort au kilomètre n'a pas joué pour Ghaza. Ce n'est pas parce que c'est loin que les consciences, partout dans le monde, ne se sont pas révoltées contre les crimes de l'Etat hébreu. Et cela en dépit même de la chape de plomb que les puissants lobbies sionistes font peser sur l'information. Hier, après dix-neuf jours de raids et bombardements israéliens d'une violence inouïe, on se rapprochait du nombre de mille morts palestiniens, essentiellement des civils femmes, vieux et enfants. Atteindre un tel chiffre en une vingtaine de jours seulement révèle tout l'acharnement du Premier ministre israélien à vouloir infliger le plus de pertes en vies humaines et de dégâts économiques et sur les infrastructures à une enclave géographiquement prédestinée à l'amplification des massacres. Netanyahou sait en effet qu'il doit faire vite face à une mobilisation de l'opinion internationale forte malgré le black-out médiatique occidental. Or Ghaza n'est qu'un petit territoire de 360 Km2 confronté depuis juin 2007 à un double blocus égypto-israélien consécutif à la prise de contrôle de l'enclave par le Hamas en mésalliance avec l'Autorité palestinienne. Imaginez les dégâts que peuvent provoquer les bombes dans cette portion congrue de la Palestine où la densité de population au kilomètre carré est la plus forte au monde avec 5 800 habitants, la population totale étant d'environ 1,8 million d'habitants. On peut faire l'effort de croire les Israéliens quand ils disent prendre en compte la préservation de la vie des civils en visant en priorité des objectifs militaires et les habitations des responsables du Hamas. Mais le voudraient-ils ardemment qu'ils ne le pourraient pas. Surdensité de population et suites d'entrelacs d'habitats précaires enchevêtrés du tissu urbain rendent impossible tout discernement pour les pilonnages israéliens. Les objectifs de guerre à atteindre le plus rapidement possible et la puissance de feu de l'armée sioniste ne pouvaient que se traduire inévitablement par une boucherie de la population civile. Le ministère gazaoui de l'Information s'est livré, le24 juillet dernier, à une comparaison chiffrée édifiante par rapport aux 650 morts enregistrés jusqu'alors. 650 morts, c'est : 0,04% de la population de Ghaza, l'équivalent de 3 000 morts parmi la population d'Israël (plus de 8 millions d'habitants), 114 000 tués aux Etats-Unis et enfin 181 000 morts dans l'Union Européenne. Toutes les morts ne se valent pas, hélas.Ou alors ne valent-elles que ce que vaut cette fumeuse idée de communauté internationale. Mais Israël, qui sait où sont ses soutiens et leur influence, n'en a cure et probablement il atteindra les objectifs qu'il a assignés à sa guerre contre Ghaza où d'une pierre il fait plutôt plusieurs coups. L'un de ces coups, particulièrement pernicieux, est destiné à l'Autorité palestinienne et son président Mahmoud Abbès.En termes de droit international (excusez du mot), l'enclave de Ghaza n'a pas de statut à part. Elle est partie intégrante des territoires de l'Autorité palestinienne depuis la mise en ?uvre des Accords d'Oslo de 1993. Sauf que depuis 2007, le Hamas l'a autonomisée par les armes à la suite de différends avec les autres factions palestiniennes de l'OLP. Depuis avril dernier les frères ennemis sont engagés dans un processus de réconciliation qui a déjà abouti, en juin, à la formation d'un gouvernement d'union nationale de 17 membres dont cinq sont originaires de Ghaza. Des élections législatives et présidentielles sont par ailleurs prévues avant la fin de l'année. Si l'oncomprend bien : le Hamas réconcilié avec l'OLP et le Fatah fait la guerre contre Israël pendant que Mahmoud Abbas attend la suite des Accords d'Oslo en vue d'un hypothétique Etat palestinien en bonne et due forme.Il faut savoir que l'Autorité palestinienne, qui a renoncé à la lutte armée au profit de la négociation, n'a pas le droit d'avoir une armée et dépend, pour sa survie économique, d'Israël et du Shekel, sa monnaie.À qui Mahmoud Abbas voudrait-il faire croire que le Hamas, dirigé depuis l'étranger par Khaled Mechaal et en sous-main par le Qatar, s'imposera demain, par la grâce d'une réconciliation qui n'a encore rien prouvé, comme un interlocuteur accepté par Israël ' Pour l'entité sioniste, on le sait, les islamistes sont bons en Syrie, en Irak, au Sud Liban, mais pas directement à ses frontières et, plus grave, dans un bout de territoire géographiquement phagocyté par elle.A. S.


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