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Quand les enfants ont froid



Quand les enfants ont froid
Il arrive, une fois n'est pas coutume, qu'on restitue à l'ENTV ses missions de service public le temps d'un petit reportage dans un quartier de grande ville ou dans un hameau du pays profond.Ça arrive, comme par inadvertance, au point que ça capte rarement l'attention, d'abord parce que d'une manière générale, l'audimat de l'ENTV se réduit comme une peau de chagrin.Ensuite parce que ceux qui, par contrainte ou par tenace illusion, continuent à la regarder, s'arrêtent plutôt sur ses émissions sportives ou récréatives que sur les quelques velléités de nous parler de ce qui nous regarde. En l'occurrence, tout le monde ou presque a fini se résigner. Tenez, il y a deux jours, il était question au journal de 20 h de transport scolaire. L'ENTV, à son corps défendant, a le mérite de la clarté : on parle, ou plutôt on se sent obligé de parler de transport scolaire parce qu'il faut bien? parler de la pluie et du mauvais temps. Il fait froid et il neige par endroits, il s'agissait donc de trouver ceux qui en souffrent le plus. Une «illustration», comme on dit dans le jargon technique de la presse écrite ! Le transport, comme les cantines scolaires, est un sujet récurrent. Il revient souvent parce que ça fait des décennies qu'on nous abreuve de promesses en la matière. Parce que c'est important, le transport scolaire. Ça permet aux enfants, par beau et mauvais temps, d'arriver à l'école et de rentrer chez eux dans de bonnes conditions physiques, ça permet une certaine mixité sociale qui rapproche les chances de réussite et, cerise sur le gâteau, ça permet même de réduire le trafic routier souvent insoutenable aux heures de pointe ! Mais il n'y a pratiquement pas de transport scolaire et c'est pour cela qu'il faut en parler tout le temps, pas seulement comme? illustration du mauvais temps. Mais au point où en sont les choses, il vaut mieux ça que rien. Tenez, il y a deux jours sur l'ENTV, il en était question. Les images étaient quasiment insoutenables. A voir ces processions d'enfants mal habillés et certainement mal nourris aussi, descendre des villages de Tissemsilt ou y remonter à pied parce que l'école est très loin de leurs habitations, on se croirait dans un autre siècle. Les visages ravagés par le froid, les yeux en larmes, ceux d'entre eux qui ont eu le privilège d'avoir un micro devant la bouche et une caméra plus loin ont tout de même réussi à esquisser un sourire.On ne change pas la magie de la télé, on ne change surtout pas les enfants. Même quand ils ont froid et faim sur le chemin de l'école ou du retour à la maison, ils surprendront toujours. On parle d'eux, et à entendre leurs mots et à regarder l'expression de leur visage, on comprend : ils sont convaincus que leurs images et leurs paroles peuvent changer quelque chose à leur quotidien. Ce n'est jamais évident, mais il est des certitudes tenaces.Des habitudes aussi. Comme celle de ce journaliste qui n'a pas pu rebondir sur les réponses d'un maire toutes en «sérénité» et qui ne semblait pas savoir où en était la situation. On ne sait pas si Monsieur le maire avait vu les processions d'enfants transis par le froid et le brave chauffeur de bus redoublant d'ingéniosité pour en faire monter un maximum dans l'unique bus de la localité. Mais on sait qu'on ne change pas l'ENTV. Les maires non plus, d'ailleurs.


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