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Quand «El goual» fait défaut


Quand «El goual» fait défaut
Les participants à une rencontre sur «Les proverbes populaires en Algérie» ont estimé que le parler par proverbes dans la société
oranaise a connu une régression.
Pour la poétesse Bensafi Houaria, l'expression orale des Oranais «ne conserve aujourd'hui que quelques proverbes ayant résisté aux mutations que connaît la société». D'autres expressions, a ajouté Mme Bensafi, qui compte publier une revue spéciale de proverbes connus dans l'ouest du pays, ont pris la place notamment en milieu de jeunes, par le fait des vents de la modernité et des nouvelles technologies de communication.
Le poète Abdallah Rouached, qui s'intéresse à ce genre d'art populaire, a fait remarquer que les proverbes aujourd'hui font l'objet «d'indifférence et sont vus comme des signes de sous-développement, notamment dans les grandes villes, à la différence des villages qui continuent à préserver jalousement ce pan du patrimoine culturel». Des intervenants ont indiqué que l'utilisation des proverbes s'est limitée à certains aspects de la vie quotidienne illustrant des situations particulières, malgré la richesse des expressions proverbiales héritées de père en fils et qui nécessitent d'être sauvegardées. La présidente de l'association «Mahaba wa salam» d'Oran a relevé une certaine «incapacité» à transmettre les proverbes aux jeunes, et seuls les personnes âgées continuent de les véhiculer, insistant sur le fait de sauvegarder ce patrimoine oral.
De l'avis de certains intervenants, les raisons de la disparition de la majorité des proverbes dans le langage actuel des citadins sont dues à «l'éclipse du goual», qui les employait dans les halaqas aux marchés de Haï Medina Jdida à Oran par exemple. «Le goual est la première personne à avoir mémorisé les proverbes et préservé ce legs qui nécessite davantage l'intérêt des universitaires», ont-ils souligné. Un amateur de collection de proverbes, dont le père fut un meddah dans certains marchés de la ville durant les années 1960, a indiqué que le «proverbe créait, durant une conversation, un sentiment de plaisir et de sociabilité et ne peut en aucun cas être délaissé pour être effacé de la mémoire».
Les proverbes populaires, qui sont la sève intellectuelle de toute une société, n'ont pas été utilisés, de manière artistique et esthétique, dans des représentations théâtrales et dans certains feuilletons et 'uvres dramatiques, ont déploré des chercheurs dans le domaine du théâtre, soutenant que leur «usage a été mal adapté au texte dramatique» en tant que moyen à faire rire ou dans d'autres sensations agréables ou douloureuses. Afin de promouvoir ce type de patrimoine immatériel, la direction de la culture envisage de consacrer un après-midi de chaque dimanche aux proverbes, en présence de spécialistes dans le domaine.




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