Algérie - Elections locales communales

Prophétie, spéculation, prévision...et le reste TAUX DE PARTICIPATION AUX ELECTIONS LOCALES




Prophétie, spéculation, prévision...et le reste                                    TAUX DE PARTICIPATION AUX ELECTIONS LOCALES
Les instituts de sondages sont quasi inxistants
M.Ould Kablia n'est pas un prophète et, reconnaissons-le lui, il n'a jamais prétendu faire de la prophétie.
Lors de son dernier passage à la radio, notre ministre de l'Intérieur a déclaré qu'il pense que le taux de participation aux élections locales sera entre 40 et 45%. Comment a-t-il pu déterminer ce chiffre' Ailleurs, ce sont des instituts de sondages spécialisés qui donnent ces chiffres et les responsables ne s'appuient pas sur des «je pense» pour parler de telles choses.
Comment savoir que demain, telle chose arrivera ou pas, comme, par exemple s'il va neiger ou non' Et sur quelle base pourrait-on affirmer que le taux de participations aux élections locales va être entre 40 et 45% ou qu'il va être de 12%' Il y a, en réalité, quatre possibilités. La première, c'est d'être un prophète, tout simplement. En effet, lorsqu'on est prophète, on a cette possibilité de connaître à l'avance et donc de dire à l'avance (c'est d'ailleurs le sens de prophétie qui signifie «dire à l'avance») ce que seront les choses demain ou dans un temps plus lointain. Un prophète reçoit une inspiration divine sur laquelle il s'appuie pour prédire, sans erreur, car les vraies prophéties se réalisent toujours. La deuxième possibilité, c'est de spéculer, tout simplement. Dire ce qu'on a envie de dire, sans raison réelle, sans appui, sans argumentation sérieuse, sans se baser sur quoi que ce soit, à part peut-être quelques désirs ou quelques fantasmes. Comme ça, juste comme ça!
La troisième possibilité c'est de prévoir. Faire de la prévision signifie tenter de connaître à l'avance le comportement d'une variable ou d'un phénomène en se basant sur des données historiques, c'est-à-dire passées, de cette même variable ou ce même phénomène. Autrement dit, c'est en regardant l'évolution de ce phénomène, sur une période passée suffisamment longue, que l'on peut essayer de prévoir son évolution future, à condition d'appliquer un des nombreux modèles scientifiques de prévision et que seuls les initiés, évidemment, savent utiliser.
La quatrième manière dont on peut connaître l'avenir, c'est de le planifier. On sait que demain on produira telle quantité parce qu'on a planifié de le faire. Planifier quelque chose signifie, donc à certains égards, l'orienter et en maîtriser l'évolution. Lui faire faire ce que l'on désire. Ce n'est pas pour rien que les pays ont recours à la planification, c'est pour essayer de mieux maîtriser et de mieux contrôler leur développement et leur croissance. La planification est donc un instrument par lequel on conditionne l'évolution d'un phénomène quelconque. Toujours voulue, consciente, la planification a ceci de particulier qu'elle est intentionnelle. Ceci dit, si on reprend les paroles de notre ministre de l'Intérieur, et que l'on veut comprendre comment il a procédé pour donner ainsi un taux de participation aux élections locales, sans instituts de sondage et sans autres sources scientifiques, on est obligé de passer en revue les quatre possibilités. Tout d'abord, cela fait longtemps que les prophètes ne font plus partie de ce monde. Les hommes sont plus humains et les peuples plus au courant de leur monde et, de ce fait, l'inspiration divine a cessé d'être envoyée à des hommes pour en faire des prophètes. Les hommes de notre temps essaient donc de trouver eux-mêmes réponses à leurs questions pour faire face à leur quotidien et, aussi, pour se préparer quant à leur avenir.
Incontestablement plus compliquée que par le passé, la vie d'aujourd'hui, notre vie, ne ressemble que peu ou pas du tout à celle passée. Et parmi ces différences, justement, c'est que les portes du monde de la prophétie sont définitivement refermées. M.Ould Kablia n'est pas un prophète et, reconnaissons-le lui, il n'a jamais prétendu faire de la prophétie. A partir de cela, le taux de participation qu'il pense devoir osciller entre 40 et 45% ne peut ni ne doit être assimilé à de la prophétie. La première possibilité étant écartée, il faut chercher ailleurs. La spéculation a toujours été une mauvaise manière de faire les choses. Et une démarche spéculative ne doit pas, en principe concerner des choses aussi importantes que des élections locales à un moment aussi crucial comme c'est notre cas ces jours-ci. M.Ould Kablia le sait. Plutôt enclin au sérieux, il n'est pas homme à spéculer. Ceci écarte la deuxième possibilité et il convient de voir ailleurs. Partout dans le monde, considérant que les élections constituent un moment important dans la vie des sociétés, des institutions spécialisées dans les prévisions s'y intéressent. Elles tentent, non seulement de connaître à l'avance le comportement démocratique des citoyens et de la société, mais aussi de les analyser afin de permettre aux concernés de tirer les conclusions et de prendre les décisions qui s'imposent en vue d'améliorer cette pratique et d'aider la société à en tirer un maximum de profit. Chez nous, ces institutions-là existent, mais elles sont toujours laissées de côté. Jamais invitées à donner leurs prévisions, toujours occultées, elles sont simplement écartées de leur propre rôle dans ce domaine. Lorsqu'on observe que, pour étayer ses propos, M.Ould Kablia n'a cité aucun institut de sondage et aucune autre source, c'est que forcément il ne s'est basé sur les conclusions d'aucun sondage ou de tout autre travail sérieux qui aurait été mené en vue de prévoir le taux de participation aux prochaines locales. Ceci revient à dire que notre ministre de l'Intérieur, lorsqu'il fit sa déclaration selon laquelle la participation aux prochaines locales oscillera entre 40 et 50%, ne faisait pas de la prévision, non plus. De ce fait, la troisième possibilité est aussi écartée. Est-ce à dire que le taux annoncé est un objectif planifié' Ce sont les résultats des élections qui nous le diront.


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