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Productions exponentielles


Productions exponentielles
Comme chaque Ramadhan, les chaînes de télévision algériennes diffusent un programme riche pour animer les soirées du mois sacré. Avec l'arrivée des chaînes privées, l'offre a augmenté de manière exponentielle? Du moins en quantité.S'il est un service aussi largement consommé que les produits alimentaires après la rupture du jeûne, ce sont bien les programmes tv made in DZ. Du tube digestif au tube cathodique, et de la salle à manger au salon, il n'y a qu'un pas que le consommateur algérien franchit vite pour digérer son «ftour» devant des programmes plus ou moins digestes. En effet, à travers la dizaine de chaînes algériennes, on trouve le meilleur comme le pire.Cette année, les programmes comiques l'emportent largement sur le reste. La télévision publique propose des divertissements façon sketch/chorba qui peuvent prendre la forme de séries comiques, telles que Couscous Bladi (avec Sid Ahmed Agoumi et Sonia, entre autres acteurs prestigieux), ou des sitcoms, à l'image de L'Hôtel qui peine à convaincre sur Canal Algérie. Les séries dramatiques sont également au rendez-vous avec Asrar el madi (Secrets du passé), Ahlam mouadjala (Rêves en sursis) ou Mouâanat imra'a (souffrances d'une femme)? Tout un programme ! Sur la chaîne privée KBC, Lakhdar Boukhars revient avec son personnage comique et récurrent, El Hadj Lakhdar. Mais cette fois, il ajoute à la dimension sociale de ses sketchs une connotation politique avec Houkouma Houma qui tente de tourner en dérision les hommes politiques et leurs discours.Mais la palme d'or de la satire politique revient sans conteste à l'émission Djornane el Gousto diffusée chaque soir sur El Djazaïria. Sous la houlette de Abdelkader Djeriou, la bande de Nabil Asli s'en donne à c?ur joie, tirant à boulets rouges, et tout en ironie, sur les travers de la scène politique algérienne. Avec subtilité et sans tabou, cette troupe de trentenaires (la plupart découverts grâce à l'émission Qahwet El Gusto du même Nabil Asli) offre un divertissement de qualité avec des sujets inspirés de l'actualité immédiate, réalisant la gageure de proposer des sketchs quasiment en temps réel.La formule mériterait même de sortir de la programmation occasionnelle du Ramadhan pour s'étaler sur toute l'année. Deux éléments de l'équipe (Nassim Hadouche et Mohamed Khassani) sévissaient d'ailleurs sur KBC dans Allo ' oui !, un avatar de l'émission française le SAV de «Omar et Fred», qui affichait un beau potentiel comique et une grande liberté de ton. Comme chaque mois sacré, Salah Ougrout revient, c'est le cas de le dire, comme la lune du Ramadhan et cette fois sur Echourouk TV. On le retrouve dans la série Fouqr Mental (littéralement, Pauvreté mentale) en anti-héros réunissant à lui seul toutes les tares de la société algérienne.La série, qui tient en grande partie sur le talent d'Ougrout, réussit à renouveler le genre de la satire sociale, sans tomber dans la leçon de morale. Les sempiternelles caméras cachées sont également au rendez-vous. L'arrivée des chaînes privées donne un coup de vieux aux blagues bon enfant faites aux passants, qui sont la marque de fabrique des caméras cachées des chaînes étatiques. Désormais, plus de limite à la violence et au trash. C'est certainement Opération Thai Thai, de Sofiane Dani, sur KBC, qui va le plus loin en la matière. Sur le modèle de Braquage, diffusée l'an passé sur Nessma, le concept de cette émission est d'inviter des célébrités en Thaïlande et de simuler leur enlèvement par des terroristes.Une simulation hyper réaliste, avec de très gros moyens, qui va jusqu'à mimer des scènes d'exécution. Un humour bien particulier? Dans un autre genre, mais non moins trash, Echourouk joue sur le registre de l'épouvante avec une vraie fausse séance d'exorcisme orchestrée par Hassan Djeddou. Ces dernières années, la grille des programmes s'enrichit également de jeunes comiques d'un nouveau genre. Point commun : ils n'ont pas de formation de comédien et ont commencé en postant des vidéos sur Internet. Le plus emblématique est sans conteste Anes Tina qui impose sa formule, façon podcasting, sur les petits écrans pour la troisième année consécutive, cette fois sur Echourouk TV, après des passages sur Ennahar et Nessma.On peut également citer Zarouta Josef (sur El Djazaïria) ou encore Chemseddine Lamrani, alias DZ Joker, qu'on retrouve dans le radio trottoir Hkaytek hkaya sur A3. Des vieilles recettes avec des innovations, on en trouve vraiment pour tous les goûts dans la grille tv du Ramadhan. A côté des séries orientales, à l'image du très suivi Bab el hara sur Dzaïr TV, la production algérienne est largement majoritaire. On ne peut, toutefois, que regretter la précipitation et la réalisation hâtive qui entachent une partie de cette production.


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