Algérie - A la une

Problématique de la stratégie de l'Otan et de la sécurité au Sahel et en éditerrannée



Le secrétaire général adjoint de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (Otan) pour les Affaires politiques et la politique de Sécurité, M. Aléjandro Alvargonzales, effectuera une visite de travail en Algérie, du 19 au 21 mars 2018, cette visite s'inscrivant dans le cadre des consultations bilatérales au titre du dialogue méditerranéen de l'Alliance Atlantique auquel l'Algérie ayant adhéré, en mars 2000. C'est que les années à venir devraient conduire à de profondes reconfigurations socio-économiques, technologiques mais également sécuritaires, cette présente contribution étant une synthèse d'une étude sous ma direction parue à l'Institut Français des Relations Internationales - IFRI Paris décembre 2011- (1).Les domaines de coopération inventoriés par l'Otan peuvent être résumées au nombre de quatorze
1.-la formation, l'entraînement et la doctrine militaire;
2.-les exercices militaires et les activités d'entraînement connexes;
3-les contacts entre militaires aux niveaux des chefs d'Etat-major de la défense, des Etats-majors et des experts ;
4.-la médecine militaire ;
5.-les échanges d'informations dans le domaine de la logistique;
6.-les consultations au niveau des experts sur les efforts politiques et de défense avec pour objectif de lutter contre la prolifération des armes de destruction massive (ADM) ;
7.-l'action humanitaire globale de lutte contre les mines (GHMA);
8.-la tenue de séminaires et de réunions d'experts sur les plans civils d'urgence (PCU) ;
9.-la participation à certaines activités des bureaux et comités d'études ;
10.- la gestion des crises, cet aspect important de la coopération comprenant des exposés sur les exercices de gestion des crises;
11.- la science et l'environnement ;
12.- l'encouragement des pays de l'Otan et du DM à contribuer au MDWP;
13.- l' intensification des efforts d'information de l'Otan dirigés vers la société civile des pays du DM ;
14.- le renforcement du rôle des ambassades points de contact de l'Otan dans les pays du DM.
Mais il est également envisagé la possibilité de la définition de nouveaux domaines de coopération y compris les questions militaires et de défense, afin d'instaurer la paix et la sécurité de façon durable et d'éviter les conflits. L'inventaire des domaines de coopération possibles fait ressortir huit axes directeurs. Le but recherché est d'améliorer l'aptitude des pays du DM à contribuer à des opérations de réponse aux crises hors article cinq que dirige l'Otan, y compris l'entraînement à une participation éventuelle à un centre de coordination logistique interarmées multinational (MJLC) :
1.- l'introduction du concept d'unités de soutien logistique intégré multinational (MILU), la préparation à la mise en ?uvre du concept du carburant unique (SFC) et la coopération dans le domaine des matériels tactiques de manutention des carburants (TFHE) ;
2.-la réforme de la défense incluant les meilleures pratiques en matière de gestion économique et civile des forces armées, y compris les aspects «sécurité» du développement économique et les aspects économiques de la lutte internationale contre le terrorisme liés à la sécurité;
3.-Les consultations sur le terrorisme, par la prise en compte du partage de données du renseignement, des réunions d'experts sur la menace terroriste et les mesures prises, individuellement ou avec d'autres pays, pour faire face à cette menace ;
4.-les consultations et la coopération relative la sécurité aux frontières ;
5.- la «participation aux travaux du Groupe de la conférence des directeurs nationaux des armements (CDNA) pour le partenariat sur le système Otan de codification (NCS)
6.- l'invitation aux activités du Groupe de la CDNA pour le partenariat» qui concernerait les conditions de sécurité dans le transport et le stockage des munitions et des explosifs militaires ;
7.-des consultations sur des questions de gestion de la circulation aérienne dans l'optique d'une plus grande sécurité des vols et échanges d'informations sur les procédures civilo- militaires de contrôle de la circulation aérienne ;
8.-la gestion des catastrophes. La question du financement étant posée, deux situations sont envisagées : d'une part, la règle de l'autofinancement des activités menées au titre du DM est retenue ; d'autre part, une aide financière exceptionnelle.
III. Le Maghreb dans le dialogue méditerranéen de l'Otan
Le cadre défini au sommet de l'Otan de promouvoir le dialogue méditerranéen de l'Otan au rang de «véritable partenariat», (le même sommet d'Istanbul faisant une offre de coopération à la région du Moyen-Orient élargi qui est adressée aux pays qui le souhaite, ceux qui sont membres du conseil de coopération du Golfe étant cités explicitement) ambitionne de contribuer à la sécurité et à la stabilité de la région méditerranéenne par le truchement d'un certain nombre d'actions au nombre de cinq qui se veulent complémentaires avec d'autres actions internationales.
1.-le renforcement de la dimension politique du dialogue méditerranéen avec l'Otan ;
2.- l'appui au processus de réformes de la défense ;
3.- la coopération dans le domaine de la sécurité des frontières ;
4.- la réalisation de l'interopérabilité;
5- la contribution à la lutte contre le terrorisme.
L'objectif poursuivi par l'initiative d'Istanbul est de renforcer la sécurité et la stabilité par le biais d'un nouvel engagement transatlantique en fournissant un avis adapté sur la réforme de la défense, l'établissement des budgets de défense, la planification de la défense, les relations civilo-militaires et l'encouragement de la coopération entre militaires afin de contribuer à l'interopérabilité ; lutter contre le terrorisme par le partage de l'information, la coopération maritime, lutter contre la proliférations des armes de destruction massive et contre les trafics.
Face à ces propositions quelle est l'attitude des pays du Maghreb devant consolider l'intégration maghrébine pour devenir une entité économique fiable au moment de la consolidation des grands ensembles ' Car les menaces qui pèsent sur les peuples et leurs Etats et les défis collectifs qui leur sont lancés doivent amener les pays du Maghreb à se doter d'une politique extérieure globale des enjeux, des problèmes et des crises que connaît le monde et à déployer ses capacités, ses moyens et son savoir-faire dans une logique de juste et fécond équilibre.
Le dialogue et la concertation entre les peuples et entre les acteurs sont la clef et en même temps la meilleure des garanties pour instaurer la paix et la stabilité de manière juste et durable. C'est sur cette base que me semble t-il les pays du Maghreb se sont engagés dans le dialogue méditerranéen de l'Otan et dans d'autres initiatives régionales ou sous régionales. Mais face à l'Otan, existe une volonté politique de l'Union Européenne d'avoir une stratégie de défense et de sécurité qu'il convient brièvement d'examiner, étant encore embryonnaire, mais concernant également le Maghreb.
4.- La politique de défense et de sécurité de l'Europe La fin de la guerre froide, les velléités d'émancipation de l'Europe de la tutelle américaine - particulièrement en matière de défense et de sécurité - et la volonté de construire avec les pays de la région des relations économiques privilégiées accroît de manière significative cet intérêt. Qu'il s'agisse en effet de crises régionales, de scissions d'Etats, de prolifération d'armes de destruction massives ou de conflits internes (ethniques, religieux, culturels ou autres), l'Otan est perçue par les Européens comme une organisation incapable de réagir à ces nouveaux types de menaces. C'est pourquoi va revenir à la surface le vieux rêve d'Europe de la défense que caressaient un certain nombre de pays du vieux continent.
C'est pourquoi aussi les Européens se mettent à la recherche d'une alternative à l'Otan et à l'Union de l'Europe Occidentale (UEO) laquelle, pour d'autres raisons, ne pouvait prétendre combler le «vide de sécurité» en question. Il convient aussi d'ajouter que la traduction en termes concrets de la subordination juridique de l'UEO à l'Union européenne rencontre des difficultés qui laissent présager un avenir incertain de l'UEO en tant que «bras armé de l'Union» : la non appartenance à l'Union européenne de pays classés comme «membres associés» et l'attachement à l'Otan ou la neutralité de pays observateurs.. Par ailleurs, l'UEO est non seulement absente du théâtre européen mais aussi, elle connaît un phénomène d' «otanisation» qui rend difficile son autonomie et son usage donc en tant qu'instrument au service d'une politique européenne de sécurité et de défense autonome. Ces atermoiements se retrouvent dans le traité de Maastricht qui jette de manière timide, les bases de ce que certains Européens souhaitent être une politique commune de sécurité et de défense.
Les divergences ne vont pas manquer entre les trois principales puissances européennes, en l'occurrence la France et l'Allemagne d'un côté et le Royaume-Uni de l'autre. Pour la France et l'Allemagne, l'UEO peut être réactivée en fonction des nouvelles données et des missions qu'elle serait appelée à mener. Elle deviendrait le «bras armé de l'UE». Le Royaume-Uni, surtout depuis la décision de sortir de l'Europe économique, défend l'idée de mettre en place un pilier européen de l'Alliance Atlantique».
Ces divergences vont se retrouver dans le texte du traité qui stipule, d'un côté que la politique étrangère et de sécurité inclut l'ensemble des questions relatives à la sécurité de l'Union européenne, y compris la définition à terme d'une politique de défense commune, qui pourrait conduire, le moment venu, à une défense commune et de l'autre que la politique de l'Union au sens du présent article n'affecte pas le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains Etats membres du traité de l'Atlantique Nord. Par ailleurs, le traité mentionne clairement que l'UEO est une «composante de défense de l'Union européenne et un moyen de renforcer le pilier européen de l'Alliance atlantique».
Autant dire donc que ces deux dispositions d'un même article et l'annexe qui accompagne le traité contentent à la fois la position franco-allemande et celle de la Grande-Bretagne. Dans ce contexte quel cadre tracer pour un partenariat euro- méditerranéen en matière de défense et de sécurité d'autant plus que les résultats de ce partenariat issus du processus de Barcelone sont mitigés ' C'est pourquoi des tentatives sont faites aujourd'hui pour redynamiser le dialogue euro- méditerranéen avec deux initiatives : d'une part, la politique européenne de voisinage ; d'autre part, le partenariat stratégique entre l'Union européenne d'un côté et la Méditerranée et le Moyen-Orient de l'autre.
D'ailleurs la stratégie européenne de l'Union pour la Méditerranée avait le même objectif stratégique bien que se différenciant sur les tactiques, de relance du partenariat méditerranéen rentre dans ce cadre sous tendant une zone tampon de prospérité Europe -Afrique via la méditerranée pour freiner l'émigration massive de l'Afrique sub saharienne avec comme pilier l'union du Maghreb comme condition d'attrait des investissements directs étrangers porteurs qui ont besoin d'un marché de plus de 100 millions d'habitants.
C'est que comme souligné précédemment, le problème du contrôle des réserves stratégiques explique en partie, les conflits en Irak, (2ème puissance pétrolière après l'Arabie Saoudite) au Liban, les tensions au Soudan (dont la Chine est présente dans ce pays pour le pétrole) et avec l'Iran ?2ème puissance gazière mondiale 15% des réserves après la Russie- 30% des réserves mondiales) contrôlant une grande partie du passage maritime des exportations des hydrocarbures des principaux pays du Golfe à travers le détroit d'Ormuz, dont les réserves mondiales sont de plus de 60% de la planète. D'une manière générale, sur le plan militaire et géo- stratégique c'est à travers les activités du groupe dit des «5+5 que peut être apprécié aujourd'hui la réalité d'une telle évolution.
C'est que la lecture que font les Européens des menaces et défis auxquels le monde et notre région sont confrontés repose essentiellement sur la nécessité de développer ensemble une stratégie de riposte collective et efficace concernant notamment le terrorisme international, le trafic des êtres humains et la criminalité organisée à travers la drogue et le blanchissement d'argent. Par ailleurs, selon la commission de Bruxelles et le parlement européen entre l'Europe et le Maghreb, et plus globalement l'Europe et la zone méditerranée, il s'agit de faire bloc, de rapprocher les Européens et leurs voisins immédiats.
Pour le cas du Maroc, de la Tunisie et de l'Algérie qui ont qui a signé l'Accord de libre échange avec l'Europe, en matière de défense et de sécurité, des consultations relatives a la mise en place d'un dialogue entre le Maghreb et l'Union européenne ont eu lieu sous forme de consultation informelles et de réunions formelles. Mais il serait souhaitable des clarifications portant sur deux questions jugées fondamentales : d'une part, la valeur ajoutée de cette offre de dialogue par rapport au dialogue méditerranéen de l'Otan : d'autre part, la coopération en matière de lutte contre le terrorisme entre le Maghreb et l'UE dans le cadre de la PESD.
Conclusion :
Les politiques de défense et sécurité : une adaptation aux réalités locales et mondiales mais, face aux menaces communes et aux défis lancés à la société des nations et à celles des hommes, les stratégies de riposte sont ou doivent être collectives. Cependant, dès lors qu'elles émanent d'acteurs majeurs et de premier plan, elles s'inscrivent dans une perspective globale et cachent mal des velléités hégémoniques. Incluse dans une sous région qui n'en finit pas de vouloir se construire et évoluant dans un environnement géopolitique régional que des acteurs majeurs façonnent aujourd'hui à partir de leurs intérêts et des préoccupations stratégiques qui leurs sont propres. le Maghreb est appelé de se déterminer par rapport à des questions cruciales.
Face à un monde en perpétuel mouvement, tant en matière de politique étrangère, économique que de défense, actions liées, avec les derniers événements au Sahel, aux frontières de nos pays, se posent l'urgence des stratégies d'adaptation et d'une coordination, internationale et régionale afin d'agir efficacement sur les événements majeurs. Ces nouveaux défis, dépassent en importance et en ampleur les défis que les pays du Maghreb ont eu à relever jusqu'à présent.
(Suite et fin)
Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international
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