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Privilégier la stratégie du dialogue permanent


Privilégier la stratégie du dialogue permanent
L'Algérie se trouvant à la croisée des chemins, il s'agit impérativement, pour des raisons de sécurité nationale, de se projeter dans l'avenir en cette ère de mondialisation impitoyable, et ce, en évitant des promesses chimériques. Pour la réussite de cette tripartite, je recense sept axes directeurs interdépendants conditionnant le développement socio-économique dynamique de l'Algérie devant éviter le statu quo suicidaire.1-Premièrement, les critères de représentativité utilisés aujourd'hui, indépendance, importance des effectifs, montant des cotisations reçues, expérience et ancienneté du syndicat, attitude patriotique pendant la guerre de libération nationale sont peu adaptés à la réalité actuelle. Les deux critères ajoutés par la jurisprudence (activité du syndicat en termes d'ampleur et d'efficacité, d'une part, et influence du syndicat, d'autre part, c'est-à-dire sa capacité à mobiliser les salariés) n'ont pas permis de surmonter ces difficultés. Aussi, il s'agit de fonder la représentativité syndicale sur le seul critère de l'élection. L'audience électorale doit devenir le critère incontournable de la représentativité. Elle doit être appréciée au regard des résultats des élections des délégués du personnel et des représentants du personnel au comité d'entreprise. Une meilleure représentativité passe par un choix entre représentation uniforme et représentation multiple. Quelle que soit la solution retenue, les règles de représentativité doivent être revues dans le sens « une entreprise - une voix », pour une meilleure représentation. Cette révision des règles de représentativité doit s'accompagner d'une transparence accrue en matière de financement des comptes des fédérations et confédérations patronales. Lorsqu'un pouvoir agit bureaucratiquement, sans concertation et sans tenir compte de la réelle composante sociale, la société enfante ses propres règles qui lui permettent de fonctionner en dehors de l'Etat officiel, se traduisant alors par un divorce croissant Etat/citoyens. On ne relance pas l'activité industrielle par décret ou par volontarisme étatique, vision d'une mentalité bureaucratique rentière. L'objectif est de faire de la négociation collective le moyen privilégié de la transformation du droit du travail et de la maîtrise des évolutions socioéconomiques des entreprises. Le dialogue est la seule voie pour trouver un véritable consensus, ce qui ne signifie nullement unanimisme, signe de décadence de toute société afin d'anticiper tout conflit préjudiciable aux intérêts supérieurs du pays avec des coûts faramineux. Pour une meilleure représentativité, les organisations patronales privées doivent avoir un cadre unifié et inclure d'autres organisations non présentes, parfois plus représentatives comme le montre la déconnexion actuelle de l'UGTA par rapport aux mouvements sociaux. Pour un véritable dialogue social, il serait souhaitable de convier d'autres organisations syndicales autonomes avec lesquelles les ministres du Travail, de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Santé, notamment, sont déjà en contact permanent. Faute de quoi cela s'apparenterait à un monologue du pouvoir avec lui-même, sans impact sur la résolution concrète des problèmes économiques et sociaux. Cependant, le gouvernement ne peut négocier avec plus de 60 organisations qui doivent s'organiser en trois ou quatre grandes confédérations comme dans les pays développés, idem pour l'émiettement du patronat privé s'ils veulent devenir des forces sociales véritablement représentatives. C'est que la composante conviée aux négociations est la même depuis plus de deux décennies alors que l'environnement économique et social algérien a profondément changé, ce qui explique que les anciennes Tripartites ont eu peu d'effet face aux tensions sociales et surtout que maintes propositions pourtant constructives sont souvent restées lettre morte. 2.-Deuxièmement, le gouvernement doit se démarquer d'une vision culturelle largement dépassée des années 1970, tant sur le plan politique, économique qu'en matière diplomatique. Nous sommes en 2014 avec des mutations géostratégiques considérables entre 2014/2020 qui préfigurent de profonds bouleversements géostratégiques. Il s'agit d'éviter que la tripartite soit un lieu de redistribution de la rente (parts de marché et avantages divers supportés par le Trésor public de ceux présents via la dépense publique) en fonction d'intérêts étroits. Dans ce cadre, et au vu des derniers rapports de la Banque d'Algérie et du FMI qui prévoient des tensions budgétaires entre 2015-2018 (rapport de février 2014) sur l'économie algérienne, je mets en garde le gouvernement contre une dérive inflationniste pour des raisons électoralistes par une révision brutale de l'article 87 bis qui remettrait en cause tous les sacrifices de la population algérienne et notamment des couches défavorisées et des couches moyennes. Le nombre de salariés est évalué à 7.393.000 dont 3.508.000 non permanents et 3.785.000 permanents. Le salariat est la forme dominante et touche 65,3% des personnes en activité, minimisant certainement le poids de la sphère informelle qui représente 50% de la superficie économique. La masse salariale, avec la dominance de la fonction publique est de 54,98 milliards de dollars fin 2013. Ce qui donne un ratio masse salariale sur le PIB de 30,93% en 2013 et avec l'abrogation de l'article 87 bis risque d'aller vers 40% du PIB contre 19/20% entre 1999/2000. Ce taux ne serait pas inquiétant si la tertiairisation de l'économie avec une très faible productivité, et l'administration n'était pas dominante (emplois rente) et si existait une très forte productivité du travail, ce qui n'est pas le cas pour l'Algérie. Selon l'OCDE l'Algérie dépense deux fois plus pour avoir deux fois moins de résultats par rapport à des pays similaires au niveau de la région MENA. Afin d'éviter un impact négatif sur la productivité du travail, il faut également éviter cette vision populiste du nivellement par le bas et évaluer l'impact sur le trésor public qui pourrait selon mes estimations être après les ondes de choc être entre 2017/2020 de 9/11 milliards annuellement durant toute la période d'activité des personnes concernées. L'accroissement de la productivité du travail sous réserve d'un changement de la politique économique encourageant les secteurs productifs, sinon les prévisions d'un taux de croissance de 7/8% horizon 2020 seraient une illusion, ne pouvant l'être qu'à moyen terme, la solidarité nationale pour ceux qui ne payent pas leurs impôts est la seule solution si l'on veut éviter la dérive inflationniste ou l'accroissement de la sphère informelle. C'est que 50% des PMI-PME (industriel- BTPH) ne peuvent pas supporter un accroissement des salaires de 15% qui est déjà leur marge de profit. A la prochaine Tripartite, le patronat demandera des dégrèvements fiscaux, des taux d'intérêt bonifiés, un rééchelonnement de ses dettes en contrepartie d'une augmentation salariale afin d'éviter la répercussion sur le prix de la marchandise, ce qui aurait un impact inflationniste accentuant le déficit budgétaire. 3.- Troisièmement, la tripartite doit faire un constat sans complaisance afin de solutionner les véritables problèmes. Paradoxe, pour un pays pétrolier, l'Algérie a importé en 2013 environ 3,5 milliards de dollars de carburant et dérivés, soit près de 6% de ses recettes d'hydrocarbures. Le tissu industriel algérien sur lequel tous les gouvernements souhaitaient fonder la relance économique est en réalité insignifiant, le secteur industriel représentant moins de 5% du produit intérieur brut. L'enquête effectuée par l'ONS, en 2011, confirme cette inquiétante tendance à la désindustrialisation, avec une très nette prédominance (plus de 83%) des petites entreprises de commerce et de services. Les entreprises industrielles publiques, pour la plupart acquises durant les années 1970 à 1980, ont eu le temps de vieillir et ce, au moment où la technologie et l'innovation progressaient à grands pas à travers le monde. Les grands pôles industriels publics des années 1970 ont commencé à péricliter dès la fin des années 1980, tandis que le secteur privé, encore fragile et empêtré dans les méandres de la bureaucratie, a du mal à prendre le relais. Ce qui explique que l'assainissement des entreprises publiques qui ont coûté au trésor plus de 60 milliards de dollars entre 1971/2013 ont eu peu d'impact, plus de 70% des entreprises publiques étant revenues à la case départ montrant que le blocage est d'ordre systémique et pas seulement dû au capital-argent. D'ailleurs ces assainissements répétés que couvre la rente des hydrocarbures (renvoyant à l'assainissement des banques publiques qui octroient plus de 85% du crédit total malades de leurs clients insolvables) concernant d'autres secteurs comme l'effacement de la dette du secteur agricole, des jeunes de l'ANSEJ qui une fois les avantages octroyés ne peuvent rembourser, et récemment l'effacement de la dette des hôpitaux de 24 milliards de dinars sans que l'on ait pensé aux causes essentielles dues à la déficience tant de la gestion globale gouvernementale que de la gestion des micro-unités. Par ailleurs l'on assiste à des surcoûts exorbitants du fait de la faiblesse d'une planification stratégique à moyen et long terme, surtout depuis la mise sur le marché d'importants moyens financiers, plus de 630 milliards de dollars - budget de fonctionnement et d'équipement entre 2000/2013 avec une recette d'exportation de plus de 700 milliards de dollars (98% provenant de Sonatrach) et des importations en devises dépassant les 500 milliards de dollars. Nous avons assisté à des anomalies observées dans le processus budgétaire et des goulets d'étranglement institutionnels qui ont systématiquement entraîné une mauvaise exécution des programmes d'investissement. Toutes ces insuffisances ont abouti à une mauvaise programmation, à la surestimation des dépenses et à de longs retards dans l'exécution des projets. Parmi les carences importantes observées, on peut citer : l'existence d'un décalage entre la planification budgétaire et les priorités sectorielles ; l'absence d'interventions efficaces dues à un morcellement du budget résultant de la séparation entre le budget d'investissement et le budget de fonctionnement (récurrent); des passifs éventuels potentiellement importants, des écarts considérables entre les budgets d'investissement approuvés et les budgets exécutés et des longs retards et des surcoûts pendant l'exécution des projets, ce qui témoigne de la faiblesse de la capacité d'exécution des organismes d'exécution, traduisant le divorce croissant entre les moyens de réalisation et les objectifs. Le FMI et la Banque mondiale considèrent que le système de gestion ne correspond pas aux normes internationales et que la performance de l'Algérie est particulièrement mauvaise à toutes les différentes étapes de la formulation, de l'exécution du budget, de l'établissement de rapports et de la passation des marchés, notamment par la qualité faible des projets et de graves carences institutionnelles. 4.- Quatrièmement, il faut éviter l'illusion juridique bureaucratique en pensant qu'une Loi ou un changement d'organisation qui a un coût très lourd peut résoudre les problèmes d'ordre structurel. Nous assistons entre 1963 à 2014 à une instabilité juridique perpétuelle, à un changement de politique économique, facteurs liés, qui limitent les secteurs dynamiques et découragent les entrepreneurs publics et privés dans le cadre de l'allocation sectorielle d'investissement, les orientant vers les activités spéculatives (voir site maghreb émergent notre analyse sur la nouvelle organisation en groupes industriels). Il faut revoir le fonctionnement du dispositif actuel de l'investissement ainsi que la règle des 51/49 % devant distinguer avec clarté ce qui est stratégique de ce qui ne l'est pas, l'Algérie supportant tous les surcoûts et, de surcroît, cela n'a pas donné de résultat probant. En 2013 les importations de biens ont été de 55 milliards de dollars et entre 2013/ 2014, les exportations relèveront à 97-98% du secteur des hydrocarbures et 70% des besoins des entreprises, dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15% en inputs, relèveront de l'importation. Les agences étatiques créées au début des années 2000, à l'effet de donner de nouveaux ressorts à l'industrie nationale (Andi, Ansej ), se confinent malheureusement dans un simple rôle d'enregistrement des intentions d'investir et de tenue de statistiques sur des projets, lesquels, dans la majorité des cas, ne dépasseront pas le stade de la déclaration d'intention, idem pour les agences relevant du ministère du Travail qui ne font pas le suivi des projets octroyés aux jeunes. L'Agence nationale pour le développement de l'investissement (Andi) et le Conseil national de l'investissement (CNI), créés quelques années plus tard dans le but de promouvoir les gros investissements, ne feront guère mieux. (à suivre)




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