Algérie - A la une

PRÉPARATIFS POUR L'ENTRÉE EN ACTIVITÉ DU G5 AU SAHEL


Les préparatifs qu'effectue le G5 pour entrer dans sa phase active semblent avoir placé Alger dans un certain dilemme tirant son origine des limites constitutionnelles ne lui permettant pas de prendre part aux actions concrètes du groupe et encore moins d'ouvrir ses frontières aux forces africaines qui seront tout prochainement déployées dans la région.Abla Chérif – Alger (Le Soir) - Tout naturellement, l'Algérie marquera sa distance avec les prochains évènements qui se dérouleront à ses frontières en ne prenant pas part à la réunion qui se tiendra demain à Paris pour évaluer l'avancée des travaux du G5.
Composé de cinq pays africains constituant en quelque sorte la ceinture du Sahel (Mali, Niger, Tchad, Mauritanie et Burkina Faso), le groupe est activement soutenu par la France, elle-même impliquée militairement au Mali et même au Niger.
Face à la dangereuse évolution de la situation sécuritaire dans ces zones, et son prolongement dans toute la région sahélienne, décision a été prise de mettre en place un front commun pour lutter efficacement contre l'avancée des groupes terroristes. Il y a environ trois mois, le groupe décidait de se réunir à Bamako en présence d'Emmanuel Macron, alors fraîchement élu. L'Algérie ne figure pas dans le lot. Elle n'a pas non plus été «conviée» à cet évènement régional.
Les interrogations nées de cette affaire ont fait couler beaucoup d'encre à ce moment en raison, non seulement de l'importance du processus envisagé, mais aussi et surtout en raison du rôle prédominant que tient le pays à travers sa position géographique et politico-sécuritaire. L'Algérie, doit-on le rappeler, est parraine de toutes les négociations menées de longues années durant entre le pouvoir central malien et les groupes rebelles du Nord lesquelles ont d'ailleurs abouti à la signature d'un accord pour la paix et la réconciliation.
Alger n'était donc pas présente non plus à Bamako. Mais à l'évidence, les discussions ayant précédé la rencontre se sont déroulées ailleurs. Conscient de la spécificité des lois algériennes, et sans doute désireux de ne pas heurter la sensibilité du voisin méditerranéen astreint à des principes de non-ingérence inaliénables, Macron semble avoir opté pour la solution du «direct».
Un coup de fil, d'ailleurs révélé par les services de l'Elysée, a été passé à son homologue algérien pour «discuter» du dossier malien, nœud gordien et élément (avec la Libye bien sûr) reflétant toute l'instabilité en cours au Sahel.
Selon les informations rapportées par la presse française, Emmanuel Macron a demandé à son homologue algérien de coopérer plus étroitement en vue d'une application urgente de l'accord de paix au Mali où les troupes françaises se trouvent durement enlisées. De la réponse algérienne, on n'en saura rien. Visiblement gênés, les services de la présidence algérienne se contentent de publier un communiqué évoquant l'entretien téléphonique qui s'est déroulé entre les deux hommes. Quelques semaines plus tard, se déroule la rencontre de Bamako.
Par différents canaux, l'Algérie officielle rappelle ses principes. Mais un certain forcing paraît s'effectuer pour que cette dernière trouve le moyen de transcender ses limites. La situation au Sahel figure d'ailleurs parmi les questions centrales abordées par les deux Premiers ministres (algérien et français) lors de la récente réunion du CHIN à Paris.
Durant cette rencontre, Ouyahia et Edouard Philippe ont ainsi convenu que «les deux parties, préoccupées par la situation sécuritaire qui prévaut au niveau de la bande sahélo-saharienne, caractérisée par la prolifération de la criminalité organisée sous toutes ses formes et sa conjonction avec le terrorisme transnational auquel elle offre un terreau fertile visant à déstabiliser la région de l'Afrique du Nord, du bassin occidental de la Méditerranée, ont manifesté le souhait de renforcer significativement la coopération pour faire face aux différentes menaces, en particulier le terrorisme».
S'agissant de la situation au Mali, les deux Premiers ministres «ont souligné la nécessité de la mise en œuvre diligente et intégrale de l'accord de paix avec l'appui politique technique et financier de la communauté internationale en vue de permettre un règlement durable de la crise qui affecte le Mali». Les deux hommes ont également fait part de leurs inquiétudes en raison du retard observé dans la mise en place du processus et «appelé à une implication plus active et une appropriation effective par les parties du processus de mise en œuvre de l'accord de paix».
Vingt-quatre heures avant la rencontre du G5 à Paris (aujourd'hui mercredi), un appel en direction d'Alger a été lancé par l'Elysée. «L'Algérie est associée et doit être associée au G5 Sahel», fait savoir cette dernière en rappelant qu'aucune opération ne pouvait être menée sans discussions avec les partenaires de l'Afrique du Nord. Il faut savoir que l'Union africaine sera présente à cette rencontre aux côtés de partenaires issus de l'Union européenne mais aussi des représentants de puissances arabes (l'Arabie Saoudite et le Qatar, notamment) qui se sont engagés à fournir une aide financière pour l'entrée en activité du G5. De son côté, l'Algérie préfère maintenir un silence «officiel» sur la question, mais y réfléchit intensément”?
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)