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Pourquoi les algériens sont réticents



Informer, communiquer, sensibiliser et convaincre sont les maîtres-mots des équipes médicales pour le prélèvement d'organes à partir de patients en mort encéphalique.Une activité qui peine à avoir une place dans les traitements de l'insuffisance rénale chronique en matière de greffe, qui se limite aujourd'hui au donneur vivant apparenté. Dépasser ce cap semble être une lourde tâche pour les spécialistes, malgré l'avis favorable des religieux à procéder au prélèvement sur cadavre, la disponibilité des spécialistes à développer cette activité et de tous les moyens nécessaires à sa réalisation.L'introduction de cette activité au CHU Mustapha Bacha, décidée en 2015, a été un challenge pour l'équipe multidisciplinaire qui s'est rendu compte au bout d'une année que la tâche n'est pas sans beaucoup de contraintes et de difficultés. Une journée d'étude a été justement organisée au mois d'avril dernier et avait pour thème «La coordination hospitalière et le prélèvement d'organes et de tissus à partir de donneur en mort encéphalique».Armée d'une volonté de fer pour faire aboutir ce projet, la présidente du Comité greffe, le Pr Malika Benhalima, chef de service d'immunologie au CHU Mustapha, ne se laisse pas abattre par toutes les insuffisances relevées dans cette première évaluation sur les capacités de cet établissement à se lancer dans cette «aventure», car elle estime qu'en parallèle des efforts importants ont été consentis par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière ainsi que la direction de l'hôpital dans l'acquisition des équipements nécessaires et les laboratoires biologiques sans lesquels rien ne peut se faire.«L'évaluation est faite à partir d'une étude de faisabilité de ce projet qui fait ressortir que sur le plan logistique les moyens mis en place peuvent être jugés satisfaisants, mais des insuffisances ont été relevées concernant la communication et l'organisation. on note également de légers dysfonctionnements liés à notre manque d'expérience, à l'absence de procédures et à l'absence d'une structure dédiée à la coordination opérationnelle», signale la présidente du comité qui relève que durant cette étude, deux goulots d'étranglement sont les facteurs essentiels dans cette difficulté d'avancer, à savoir la réticence des porches parents qui s'opposent au prélèvement suite à nos quatre simulations. Il y a aussi, a-t-elle indiqué, l'absence de chirurgiens préleveurs qualifiés, de médecins anesthésistes, d'instrumentistes. «Le personnel existant est insuffisamment formé et informé», a-t-elle signalé.Le Pr Benhalima estime que les moyens mis en place peuvent permettre ponctuellement de pratiquer ce type de prélèvement, bien qu'en parallèle beaucoup de choses ont été faites dans le cadre de cette coordination. Le Pr Benhalima fait référence à la liste d'attente des receveurs qui nécessite un travail colossal, car il ne faut pas oublier que «l'attribution d'un greffon se fait dans un cadre réglementaire et selon un score.Il est important aujourd'hui de mettre au point tous ces éléments en collaboration avec l'Agence nationale de greffe qui a un rôle primordial à jouer.» Il est donc important de connaître le profil de chaque patient candidat à une greffe de rein particulièrement à partir d'un donneur en mort encéphalique. C'est un travail de fourmi qu'effectue quotidiennement une équipe dévouée du service d'immunologie, à sa tête le Pr Benhalima, pour mettre en place un fichier complet et assurer un suivi de toute cette population dont la greffe est le seul recours. «En attente d'un greffon, une mise à jour est régulièrement faite pour ces candidat afin de mieux les préparer», nous confie-t-on en précisant qu'«un logiciel pour sa gestion et sa mise à jour a été élaboré et un site web est actuellement en construction».Par ailleurs, un questionnaire a été adressé pour tous les intervenants afin de relever les insuffisances dans la mise en ?uvre du programme et le plan 2016-2017. Ce plan est en cours d'élaboration et s'appuie justement sur ce questionnaire adressé à tous les chefs de service impliqués dans le plan d'action. Comme il est aussi prévu de définir un référentiel pour l'élaboration de l'organisation cible. La formation est également inscrite au programme du Comité rein du CHU Mustapha et sera organisée au profit des équipes dans des services de greffe à Paris et à Marseille. «Nous sommes condamnés à réussir.On ne peut pas rester en marge des autres pays arabes où le prélèvement sur cadavre est aisément pratiqué, notamment au Maroc et en Tunisie. Les équipes médicales sont aujourd'hui mobilisées et volontaires. Nous avons des patients entre les mains que l'on peut sauver et nous sommes dans l'obligation d'informer et de sensibiliser. Certes, le problème réside dans la société, mais il faut parvenir à sensibiliser et à convaincre», a plaidé le Pr Hadoum, chef de service de néphrologie au CHU Mustapha et coordonateur du Comité greffe lors de la journée scientifique consacrée à la coordination hospitalière. Un plan externe en dehors de l'hôpital doit être aussi élaboré et expliqué à travers, par exemple, estime le Pr Benhalima, une conférence nationale regroupant tous les acteurs (équipes médicales, religieux, société civile pour aborder cette problématique du don et relever toutes les insuffisances.L'Agence nationale de greffe a du pain sur la planche si on veut réellement faire de cette activité une thérapeutique comme toutes les autres ; il est temps de se mettre au travail. La création d'une structure communication dédiée au don pour informer les familles, les rassurer et améliorer les conditions d'accueil sont autant de propositions qui constituent des pistes de travail, souligne le Pr Benhalima.«La greffe d'organe à partir de donneur vivant a connu une réelle évolution depuis la première greffe en 1986 à l'hôpital Mustapha Bacha. Nos études sur dossiers le montrent assez bien, que ce soit sur le plan médical ou sociétal. De 1986 à 2008, le don ne s'effectue qu'au sein de la famille (parents, frères, enfants).De 2009 à 2015, le don s'est élargi aux conjoints et cela a permis à de nombreux patients d'être greffés. Sur le plan de survie, une nette augmentation a été enregistrée pour atteindre les 82% à cinq ans et à 99% à une année contrairement aux années précédentes. Cette amélioration de survie est atteinte grâce aux traitements mis sur le marché et aux néphrologues qui maîtrisent cette activité qui diagnostiquent précocement les rejets», a-t-elle indiqué.La greffe à partir de donneur en mort encéphalique peut connaître cet essor, pour peu que les pouvoirs publics l'inscrivent en tant que priorité nationale, sensibiliser la population pour une adhésion massive de la société.


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