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Pourquoi la baisse du cours du pétrole '



Pourquoi la baisse du cours du pétrole '
Les rivalités au niveau de l'Opep, dont certains ne respectent pas les quotas, la rivalité Iran-Arabie Saoudite (plus de 35% de la production Opep), qui ne veut pas perdre ses parts de marché, en sont quelques raisons1- Les raisons de cette chute Premièrement, la récession de l'économie mondiale, dont le ralentissement des pays émergents, Brésil et Inde, surtout la Chine, 7% de taux de croissance due essentiellement au relèvement des taux d'intérêt, le BTPH contribuant à plus de 25% de son PIB et ce afin d'éviter la bulle immobilière. A cela s'ajoute la surproduction par rapport à la demande où existe un écart de 2,5 millions de barils qui est presque l'équivalent de la production des principaux producteurs de pétrole, comme le Mexique, le Koweït, l'Irak, le Venezuela et le Nigeria. L'Opap lors de sa prochaine réunion prévue en cours de mois de novembre 2014 maintiendra t -elle son quota de 30 millions de barils jour en précisant que l'OPEP représente environ 35-40% de la part commercialisée mondiale et que la part OPEP60/65% avec l'arrivée de nombreux producteurs sur le marché qui risquent de réduire sa part de marché ' Deuxièmement, de l'introduction du gaz/pétrole de schiste américain qui bouleverse toute la carte énergique mondiale, étant passé de 5 millions de barils/jour de pétrole à 8,5 actuellement étant prévu en 2015 9,5 millions de barils jour. Les Etats-Unis, toujours grand importateur actuellement, devraient devenir entre en 2015 le plus grand producteur de pétrole brut (tenant compte consommation intérieure) devant l'Arabie saoudite et la Russie, selon Bloomberg, tout dépendant de la stratégie saoudienne où d'ailleurs les grandes compagnies américaines sont fortement implantées. Au cours du premier trimestre 2014, les USA ont produit 11 millions de barils de pétrole brut/jour, étant également devenu le plus grand producteur mondial de gaz naturel depuis 2010. Troisièmement, les rivalités au niveau de l'OPEP dont certains ne respectent pas les quotas, de la rivalité Iran-Arabie Saoudite (plus de 35% de la production Opep), qui ne veut pas perdre ses parts de marché. Cela rentre dans le cadre géostratégique avec l'Occident dont les USA pour affaiblir la Russie et l'Iran, qui peut avec les Emiraties le Qatar, Oman, le Koweït, se permettre un cours plancher de 75/80 dollars. L'Arabie Saoudite est le seul pays producteur au monde actuellement qui est en mesure de peser sur l'offre mondiale, et donc sur les prix. Cette baisse des prix sert les intérêts stratégiques des Etats-Unis et de l'Arabie Saoudite, assure Thomas Friedman dans le New York Times L'éditorialiste subodore dans cette politique une «guerre par d'autres moyens» à l'encontre de Moscou et de Téhéran. Le 25 avril 2014, dans un discours prononcé à l'université de Harvard, le prince Turki al-Fayçal, ancien responsable de la principale agence de renseignement d'Arabie saoudite et actuel président du centre de recherches et d'études islamiques roi Fayçal a déclaré que le royaume entend accroître sa production et la faire passer de 12,5 millions de barils par jour à 15 millions de barils/jour en 2020, devant passer forcément par une entente sur le prix plancher entre l'Arabie Saoudite et les USA. En effet, le cours plancher de certaines grandes compagnies ne peut inférieur à 80 dollars, le cout du pétrole de schiste US étant déterminant. Lié à cet aspect je précise qu'au-delà d'un cours de 120 dollars des énergies substituables deviennent rentables financièrement comme els énergies renouvelables et le charbon avec le recyclage du CO2 dont les réserves mondiales dépassent les 200 ans produits en Europe, aux USA, en Chine et Afrique devenant rentable au delà de 110 dollars le baril, idem pour les énergies renouvelables. Quatrièmement, la stratégie expansionniste de Gazprom, notamment à travers les nouvelles canalisations, le North et le South Stream approvisionnant l'Europe (125 milliards de mètres cubes gazeux), la Russie ayant besoin de financement, les tensions en Ukraine n'ayant en rien influé sur ses exportations en Europe où sa part de marché a été de 30% en 2013 et investissant récemment pour le marché asiatique à travers les canalisations. Cinquièmement, du retour sur le marché de la Libye 800 000 barils/jour actuellement et pouvant aller vers 2 millions de barils/jour, de l'Irak avec 3,7 millions de barils jour (deuxième réservoir mondial à un coût de production inférieur à 20% par rapport à ses concurrents) pouvant aller vers plus de 8 millions et de l'Iran, 2,7 millions de barils jour pouvant aller vers plus de 5 millions. D'ailleurs, avec les nouvelles découvertes dans le monde notamment en offshore notamment en Méditerranée orientale (20 000 milliards de mètres cubes gazeux expliquant en partie les tensions au niveau de cette région) et en Afrique dont le Mozambique qui pourrait être le troisième réservoir d'or noir en Afrique et les nouvelles technologies permettent l'exploitation et la réduction des couts des gisements marginaux. Selon l'AIE, les analyses du pic hydrocarbures (pétrole-gaz conventionnel et non conventionnel à l'horizon 2020) en vogue dans les années 2009/2010 ne sont plus d'actualité. Sixièmement, l'efficacité énergétique dans la majorité des pays occidentaux avec une prévision de réduction de 30%. Les tendances à sont à une nouvelle division et spécialisation internationale avec la concentration de l'industrie manufacturière forte consommatrice d'énergie en Asie qui absorbera 65% de la consommation mondiale horizon 2030, notamment l'Inde et la Chine (d'ailleurs parmi les deux premiers réservoirs mondial de gaz de schiste mais dont les importations ont dépassé celles des USA entre 2013/2014 ). Les relations clients -fournisseurs seront à leurs avantages, pour avoir des avantages comparatifs et pousseront à la baisse des prix. Septièmement, l'occupation par les terroristes de champs pétroliers et gaziers les écoulements au marché noir notamment en Irak pour un baril entre 40/50 dollars. Huitièmement, l'évolution des cotations du dollar et l'euro, toute hausse du dollar, bien que n'existant pas de corrélation linéaire, pouvant entraîner une baisse du prix du baril. 2- Les conséquences Si la majorité des tendances se confirment dans la durée, je suis d'accord avec le professeur Antoine Halff, responsable du suivi du marché pétrolier au sein de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), ancien économiste en chef au département américain de l'Energie, professeur économie de l'Energie à Columbia University pour qui le cours devrait être en dessous de 90 dollars pendant de longues années et ce lors d'un débat que j'ai eu avec lui à RFI - Paris France le 26 octobre 2014 (1). Mais il faut être prudent. A court terme, la cotation basse d'aujourd'hui permet de reconstituer les stocks durant les deux prochains mois. Comme conséquence de ces nouvelles mutations énergétiques et de cette richesse artificielle que la majorité des pays rentiers n'arrivent pas à transformer en richesse réelle, distribuent et subventionnent pour acheter la paix sociale, décourageant les producteurs locaux- syndrome hollandais (subventions et transferts sociaux représentent en Algérie 60 milliards de dollars soit 27/28% du PIB). L'Algérie est le pays qui subventionne le plus au monde, en reconnaissant une répartition plus juste que dans d'autres pays de la rente, bien qu'existe une concentration au profit d'une minorité de rentiers-spéculateurs (dominance des emplois rentes, taux d'intérêts bonifiés, surcoûts dans les réalisations, celui qui doit travailler 8h et ne travaille que 4h constituent des transferts de rente) occasionnant un gaspillage. Or, toute nation fiable ne distribue que ce qu'elle a préalablement produite. La consommation intérieure en gaz en Algérie à ce rythme dépassera les exportations actuelles horizon 2025/2030 qui peinent à arriver à 55 milliards de mètres cubes gazeux, puisque selon les propos du ministre algérien, elle doublera horizon 2030, pour quadrupler horizon 2040 devant., en urgence penser à un nouveau modèle de consommation reposant sur un MIX énergétique. Bon nombre de pays africains dotés en hydrocarbures (l'Afrique représente 12% des exportations mondiales en 2013) montent clairement que nous avons des Etats riches mais des populations de plus en plus pauvres (concentration des revenus, fuite des capitaux, corruption), faute d'une bonne gouvernance et d'une vision stratégique de développement dans le cadre des valeurs internationales. Cette baisse des cours accroîtra les tensions budgétaires de bon nombre de pays pétroliers et bien entendu l'Algérie qui risque d'éponger le fonds de régulation des recettes et une grande fraction des réserves de change horizon 2020. Aussi pour la majorité des pays mono-exportateurs, qui ont une très faible structure productive compétitive hors hydrocarbures dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux. Ces pays ne peuvent continuer à dépenser sans compter , à importer massivement à subventionner à coup de milliards de dollars permis sur la base d'un cours de pétrole de 110 dollars le baril pour les uns et entre 115/125 dollars pour d'autres,( la loi de finances 2015 pour l'Algérie étant de 125/130 dollars le baril). Ce d'autant plus que les recettes de Sonatrach sont en nette baisse : 73 milliards de dollars entre 2010/2011, 63 milliards de dollars en 2013 et 60 milliards de dollars annoncées par le ministre de l'énergie en 2014. On peut découvrir des centaines de gisements mais non rentables, les réserves étant fonction du taux de récupération, du vecteur prix international des différentes sources d'énergie concurrentes et des couts. Selon les rapports internationaux, si le cours tourne entre 80/85 dollars le baril des pays comme la Russie, et l'Algérie ont en fonction de leurs réserves de change un répit de trois à quatre années. L'Iran risque de subir des turbulences et le Venezuela avec les pertes de marché au niveau de son espace naturel, les Etats-Unis s'orientant actuellement vers la Chine, mais déjà en semi faillite (endettement élevé) risque d'être hypothéqué. *Le cas serait encore plus dramatique en dessous de 80 dollars. La leçon à tirer pour les pays rentiers est que le modèle populiste de ce pays a des limites. Le défi donc pour ces pays afin de dépasser l'entropie actuelle est d'engager des réformes micro-économiques et institutionnelles indispensables devant s'adapter tant aux nouvelles mutations mondiales qu'aux mutations internes impliquant l'instauration de l'économie de marché concurrentielle à finalité sociale, qui est inséparable de l'Etat de droit, de la démocratie sociale et politique. C'est la condition de la transition tant énergétique économique que politique solidaires(1). Le cadre macro-économique relativement stabilisé grâce à la rente des hydrocarbures que connaissent ces pays est éphémère, sans de profondes réformes structurelles nécessitant de profonds réaménagements dans les structures des pouvoirs. Le défi majeur, est donc de réfléchir aux voies et moyens nécessaires de dynamiser le tissu productif, entreprises publiques et privées locales et internationales créatrices de valeur ajoutée interne, devant se fonder sur l'économie de la connaissance , des co-partenariats avec des compagnies étrangères (gagnant/gagnant) ou selon l'expression de mon ami Jean Lois Guigou des co-localisations impliquant la création de fonds souverains, et une meilleure gouvernance dans le cadre des valeurs internationales. Face à la chute des cours des hydrocarbures, une bénédiction si cette rente est bien utilisée (cas de la Norvège), mais une malédiction gaspillée, la rationalisation des choix budgétaires devient une urgence de l'heure conciliant efficacité économique et une très profonde justice sociale. Les ajustements économiques et sociaux à venir seront douloureux, nécessitant un langage de la vérité loin du populisme dévastateur et donc une grande moralité de ceux qui dirigent la Cité si l'on veut rétablir la confiance brisée entre l'Etat et les citoyens et on revient à la bonne gouvernance. Abderrahmane Mebtoul (1) Débat à RFI le 25 octobre 2015 entre le professeur Antoine Halff, responsable du suivi du marché pétrolier au sein de l'Agence internationale de l'Energie (AIE), ancien économiste en chef au département américain de l'Energie, professeur économie de l'Energie à Columbia University pour qui la tendance baissière sera de longue durée et le professeur Abderrahmane MEBTOUL (Algérie). Le débat a été animé par Jean-Pierre BORIS, responsable Afrique à RFI. Le cours du pétrole le 12 novembre 2014 est de 81dollars le Brent et 77dollars le WIT américain. Le prix de cession du gaz est actuellement déconnecté de celui du pétrole et est également à un niveau bas alors que l'investissement est hautement capitalistique. Quel sont les raisons et l'impact de cette chute des cours si cette tendance se maintient sur plusieurs années sur les équilibres économiques et sociaux des pays mono-exportateurs de cette ressource éphémère '


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