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Pour éviter une catastrophe, l'Algérie doit réaliser d'ici 2020 un taux de croissance de 7,5% par an



Pour éviter une catastrophe, l'Algérie doit réaliser d'ici 2020 un taux de croissance de 7,5% par an
Pour continuer à soutenir les investissements publics et à financer les budgets sociaux, l'Algérie a besoin, d'ici 2020, d'un taux de croissance annuel moyen de 7,5%. Pour l'atteindre, il faut des taux de croissance sectoriels à deux chiffres : 25% pour l''industrie manufacturière, 12% pour le BTP, 14% pour l'agriculture... Il faudra aussi trouver de nouvelles formes de financement de l'investissement », préconise l'économiste Hassane Rafik Bouklia, soulignant la nécessité que l'investissement privé atteigne 11% à 20% du PIB d'ici 2030.
L'Algérie a demandé l'aide de la Corée du Sud pour élaborer une étude sur les perspectives de son développement socioéconomique à l'horizon 2030. En attendant que cette étude, menée par les experts des deux pays, soit finalisée vers la fin de l'année 2012, quelques-uns de ses résultats préliminaires ont été rendus publics lundi 18 juin, à la résidence d'Etat Djenane El Mitaq à Alger.
D'après ces premiers résultats, l'Algérie doit assurer un rythme de croissance annuel de 7,5% d'ici 2020. « (Elle) devra arriver à une croissance annuelle de 7,5% d'ici 2020 pour pouvoir continuer de soutenir les investissements publics et la prise en charge sociale comme elle le fait maintenant », a déclaré Myung Ho Park, professeur d'économie à l'Université de Séoul, qui a participé à l'élaboration de l'étude prospective. Pour lui, atteindre un tel objectif exige une augmentation de l'épargne des ménages et plus d'investissements directs étrangers (IDE).
Ce taux de croissance élevé, l'Algérie en est très loin : en dépit d'immenses investissements publics, elle peine à garder un taux annuel de 2% ! Les experts algériens et sud-coréens donnent quelques indications sur la manière dont on peut espérer atteindre cet objectif. « Il faut des taux de croissance sectoriels à deux chiffres », a expliqué l'économiste-statisticien Hassane Rafik Bouklia. Dans son exposé, il indiquera que plusieurs secteurs économiques doivent dépasser 20% de croissance annuelle pour espérer 7,5% de croissance globale annuellement : « C'est une transformation structurelle très difficile à réaliser (...) L'industrie manufacturière (...) doit croître de plus de 25% par an d'ici 2020, le bâtiment et travaux publics de 12%, l'agriculture de 14% ! »
« Le modèle de développement actuel n'est plus soutenable »
D'après les experts participant à la réalisation de cette étude, 7,5% de croissance annuel est le minimum requis pour éviter de grave problème économique à l'avenir. Ils soulignent que le capital reproductible, fondé sur le savoir-faire, ne représente que 7% de la richesse, le reste étant assuré par la rente pétrolière non reproductible.
Selon ces experts, l'Algérie fait partie des dix premiers pays qui ont réalisé un important développement humain, et c'est l'intervention massive de l'Etat pour apaiser les tensions sociales qui est la principale raison de ce développement. Le problème est que ce modèle n'est pas soutenable. « Les impôts issus des recettes des hydrocarbures représentent 80% de la fiscalité, et si on maintient la politique de subvention sociale actuelle, on ne pourra plus se payer cette politique d'ici à 2020 », prévient Hassane Rafik Bouklia.
Il en est de même pour les investissements publics dans l'économie. Face au déclin relatif des hydrocarbures, il est préconisé d'intégrer en urgence le pays dans le système financier international. « D'après le scénario que nous avons étudié, dès 2015 se posera à l'Algérie un problème de balance commerciale négative. Il va donc falloir chercher de nouvelles formes pour financer l'investissement et la diversification de l'économie », note encore Hassane Rafik Bouklia : « Il faut aller vers un développement financier pour mobiliser toutes les capacités de financement locales et l'intégration du système financier international, avec toutes les précautions nécessaires pour pouvoir bénéficier de l'épargne internationale. » L'investissement privé devra également passer de 11% à 20% du PIB à l'horizon 2030 pour remplacer la manne publique.
« L'Etat doit se contenter de réguler », préconise Hamid Temmar
Force est de constater, d'après les résultats de l'étude conjointe algéro-sud coréenne, que l'Algérie a perdu trop de temps pour mettre en place certains mécanismes nécessaires afin d'éviter une catastrophe économique annoncée. « Il fallait reconsidérer et refaire l'économie nationale et assurer la cohésion sociale mais maintenant, il faut aller vers une croissance accélérée ! Pour cela, il faut qu'on sache comment nous orienter », a déclaré Abdelhamid Temmar.
Selon le ministre de la Prospective, une des conditions de l'accélération du développement économique et social est l'instauration d'un marché libre. « On ne peut pas allouer des ressources d'une manière centralisée car on ne peut pas remplacer les milliards de décisions qui sont prises en une seule journée par les opérateurs économiques », a-t-il indiqué. Il a précisé, toutefois, que le marché libre profite au plus fort et que cela ne peut être accepté sur le plan « politique ». « L'Etat doit intervenir dans le marché chaque fois que cela est nécessaire, c'est (son) rôle régulateur », a-t-il ajouté.
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