Algérie - Revue de Presse


La vache du diable Entre intimes on l?appelle bagrat bliss, la vache du diable. Entre anciens, on parle d?elle en ajoutant hachak pour ne pas offenser la sacralité de la Création. Mais on la redoute et la méprise, la frappe et l?embrasse. Dans la rue, on lui crache dessus, mais en privé on se met à ses genoux. En public on dit qu?elle est le virus qui va détruire la société et crasher les systèmes informatiques, mais en privé on est prêts à faire un coup d?Etat pour elle, à tuer son père ou à vendre son camion. A travers les empoignades autour du code de la famille, on a encore pu voir l?attraction-répulsion qu?exerce la femme, simple créature aux glandes mammaires hypertrophiées, sur les hommes, simples créatures au système pileux surdéveloppé, qui ne connaissent d?elle que la version mère de famille à grosse taille ou la version petite fille aux tresses rigolotes. De fait, ce n?est pas le sexe féminin qui pose problème puisque la petite fille, par définition androgyne, ou la mère, par définition asexuée, sont aussi des femmes. La créature ennemie est identifiée, elle a entre 16 et 46 ans, est belle et joyeuse, possède un corps de femme qu?il faut cacher et une idée de la nature qu?il faut réprimer. Sur le licenciement de milliers de travailleurs, ils n?ont rien dit, même si selon la charia, ce n?est pas très licite de mettre autant de familles au chômage. Sur la mort de milliers de personnes, ils n?ont rien dit, même si la sunna n?a jamais prescrit d?égorger des enfants parce qu?ils sont vivants. Mais dès qu?il s?est agi de la femme, ils se sont levés comme un seul homme, hurlant des menaces et prêts à faire une révolution qu?ils n?ont jamais envisagée pour une autre cause. Entre les conservateurs et les femmes, il est évident que l?Algérie sera plus heureuse avec les secondes. C?est comme s?il fallait choisir entre le chouk et le yasmine.


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