Algerie - Pollution

Planète (Royaume-Uni/Europe) - Nanoplastiques: les légumes aussi peuvent être contaminés


Planète (Royaume-Uni/Europe) - Nanoplastiques: les légumes aussi peuvent être contaminés
Une étude de l’université de Plymouth menée sur des radis révèle que ces particules peuvent franchir les défenses naturelles des plantes et s’accumuler dans leurs parties comestibles.

Si les images de bouteilles échouées sur une plage ou de sacs en plastique abandonnés dans une forêt nous sont maintenant familières, une menace bien plus insidieuse pourrait déjà se trouver dans notre assiette. Une nouvelle étude menée au Royaume-Uni révèle que les nanoplastiques, ces particules invisibles à l'œil nu, peuvent s'inviter dans nos légumes et soulever de sérieuses inquiétudes sur notre alimentation.

Des chercheurs de l'université de Plymouth viennent de franchir une étape cruciale en prouvant pour la première fois que des nanoplastiques peuvent s'accumuler dans les parties comestibles de nos cultures. Leur expérience, menée sur des radis, a permis de démontrer que ces particules minuscules pénètrent par les racines, traversent les barrières protectrices de la plante et s'invitent jusqu'à sa chair et ses feuilles.

- Des nanoplastiques dans les racines et feuilles de radis

Les plantes possèdent une défense naturelle, la bande de Caspary, qui agit comme une barrière imperméable qui régule l'entrée d'eau et de nutriments dans les plantes et est censée filtrer les substances indésirables. «C'est la première fois qu'on démontre que les particules de nanoplastique peuvent franchir cette barrière», explique Nathaniel Clark, maître de conférences en physiologie à l'université de Plymouth. «Cela signifie qu'elles ont le potentiel de s'accumuler dans les plantes et d'être transmises à tout ce qui les consomme», poursuit le scientifique, qui a choisi le radis comme d'objet d'étude pour son intérêt agroéconomique: «Il a une valeur commerciale assez élevée puisqu'il représente environ 2 % de la production totale de légumes dans le monde.»

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Les chiffres de l'étude sont éloquents. Les radis, cultivés en laboratoire dans un système hydroponique, ont retenu près de 5 % des nanoplastiques auxquels ils ont été exposés. Sur cette quantité, environ un quart a été retrouvé dans la racine charnue comestible, et 10 % dans les feuilles. Le professeur Richard Thompson, coauteur de l'étude, l'affirme: «Nous avons trouvé de la pollution microplastique partout où nous l'avons cherchée. Cette étude démontre clairement que les particules peuvent s'accumuler non seulement dans les fruits de mer, mais aussi dans les légumes. Ces travaux contribuent à notre compréhension croissante de l'accumulation et des effets potentiellement nocifs des microparticules et nanoparticules sur la santé humaine.»

Et, contrairement aux animaux, qui peuvent éliminer ces particules par les reins ou le système digestif, les plantes semblent les retenir. «Nos résultats montrent que les plantes peuvent être des puits d'accumulation de particules de plastique», précise-t-il, soulignant que cette absence de mécanisme d'élimination rapide pose une menace potentielle à long terme pour la sécurité alimentaire.

- Une détection complexe

Jusqu'à présent, la recherche était limitée par la difficulté de détecter ces particules. Les nanoplastiques sont si petits, dix fois plus petits que le diamètre d'un cheveu, et leur composition – du carbone – si proche de celle des tissus végétaux qu'ils se fondent dans la masse. «C'est un peu comme essayer de repérer quelques nanobilles de plastique dans un tas de poussière de charbon. Elles se ressemblent et sont faciles à manquer», soulève le chercheur britannique.

Pour surmonter cet obstacle, l'équipe a eu recours à une méthode innovante: le radiomarquage au carbone. Concrètement, les scientifiques ont créé des nanoplastiques à partir d'un type de carbone légèrement différent, qu'ils ont pu tracer avec précision à travers la plante. «Ça nous a permis de déterminer avec certitude la quantité qui s'est accumulée dans le radis», assure le Dr Clark.

L'étude a utilisé le polystyrène, un plastique couramment présent dans l'environnement. Mais Nathaniel Clark prévient, les résultats pourraient varier avec d'autres types de plastiques. «Le polystyrène constitue un bon point de départ, mais cela ne signifie pas que ce soit le cas pour tous les types de plastique. La taille, la forme et la chimie de surface des particules peuvent changer la façon dont elles interagissent avec les plantes», précise-t-il.

Cette recherche menée en laboratoire ouvre la voie à des études plus approfondies et de terrain pour «déterminer quelle quantité de plastique est réellement présente dans les légumes commerciaux ou ceux que vous cultivez chez vous, et quels sont les risques pour la santé». À celles et ceux qui voudraient voir ici une bonne excuse d'arrêter d'en manger, le chercheur avertit: «Les bienfaits pour la santé liés à la consommation de légumes l'emportent largement sur les risques potentiels que nous avons identifiés jusqu'à présent.»

Photo d'illustration ajoutée par Akar Qacentina: Les radis. © Love Solutions - SHUTTERSTOCK

Pour accéder et lire l'article ci-dessus: https://www.lepoint.fr/environnement/nanoplastiques-maintenant-dans-les-legumes-24-09-2025-2599464_1927.php

Par Héloïse Pons
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