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Planète - Occupy Gezi: Le peuple turc à la défense de sa démocratie




Planète - Occupy Gezi: Le peuple turc à la défense de sa démocratie




Le bureau de Greenpeace à Istanbul est assiégé. Il se trouve au cœur de Taksim, un quartier où une répression policière brutale a tenté de mettre fin à la manifestation pacifique organisée par des citoyens opposés à la destruction annoncée du petit parc de Gezi pour y construire un centre commercial. Des dizaines de milliers de personnes sont depuis venues grossir les rangs de ce mouvement appuyé partout dans le monde.

Le calme est un peu revenu maintenant que la police s'est retirée du Parc Gezi et le gaz lacrymogène se dissipe. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, bien qu'il ait encouragé cette répression disproportionnée envers des manifestants pacifiques, a concédé que la police a peut-être sur-réagit.

Dans les dernières 24 heures, des grenades lacrymogènes ont été lancées par la police à l'entrée de notre bâtiment et sur notre toit. Nous tenons à rappeler que nous ne représentons pas une menace, nous sommes non-violents et ne faisons qu'offrir une assistance médicale aux manifestants blessés et aux policiers lourdement armés s'ils en ont besoin.

Depuis cinq jours, les citoyens arrivent de toute la Turquie pour rejoindre Taksim. D'autres se rassemblent dans le reste du pays et dans le monde entier en solidarité pour rappeler que les regards sont tournés vers Gézi et que nous sommes horrifiés par ce déploiement de brutalité.

Il ne s'agit plus de contester la destruction d'une poignée d'arbres dans un petit parc ou le projet d'y construire un centre commercial qui mettra à mal les petits commerces. C'est maintenant devenu un mouvement citoyen pour la défense des droits et libertés civiles, pour défendre le droit de manifester pacifiquement quand des intérêts commerciaux passent avant l'intérêt commun.

La répression brutale du gouvernement durant laquelle des policiers lourdement armés ont déclenché un brouillard de gaz lacrymogène, envoyé des volées de balles en caoutchouc et ont blessé des centaines de manifestants pacifiques, nous rappelle les évènements de la Place Tahrir, d'Occupy Wall Street et d'autres luttes citoyennes qui ont emergé ces dernières années. Paradoxalement, peut-être ces répressions ont-elles encouragé une plus forte mobilisation citoyenne, mettant en relief le fait qu'il s'agit maintenant d'une lutte pour la démocratie turque.

Beaucoup d'autres questions et préoccupations sur l'érosion constante des libertés civiles et des protections environnementales sous le gouvernement Erdogan sont masquées par le « brouillard de la guerre » et les nuages de gaz lacrymogènes qui soufflent sur Taksim.

La liberté d'expression et le droit de réunion pacifique sont des principes sacrés, sans lesquels la démocratie ne peut prévaloir. Ces principes doivent être respectés par les autorités turques. La violence contre les manifestants doit cesser!

Les mises à jour régulières de mes collègues du bureau de Greenpeace à Istanbul sont une source de grande préoccupation. Notre personnel, les partisans et les bénévoles se tiennent aux côtés des manifestants et demandent la fin de la brutalité policière.

Notre bureau est situé sur la rue Istiklal, la principale avenue menant à la place Taksim, à 1 km de là. Il reste ouvert durant la nuit et le restera aussi longtemps que nécessaire offrant un abri et des soins de premiers secours aux blessés. Un certain nombre de médecins et d'infirmiers nous ont rejoints. L'atmosphère est tendue, mais nos militants sont fermes dans leur détermination.

D'autre part, je suis très préoccupé par l'incapacité des médias turcs à rapporter la situation — pendant des années, ils ont été soumis à l'oppression et à la censure du gouvernement. Les médias sociaux sont en revanche inondés de photos, vidéos et messages des manifestants. Des centaines de bureaux et places d'affaires à Istanbul ont d'ailleurs ouvert leurs réseaux WiFi au public afin que la population puisse contourner le contrôle opéré sur les réseaux de téléphonie mobile et continuer de partager des informations avec l'extérieur. Nos équipes font des mises à jour régulières via leurs comptes Facebook et Twitter.

Nous espérons que tous nos collaborateurs, sympathisants et bénévoles sont en sécurité, et nous les soutenons dans leur détermination à ne pas se laissé intimider par les forces de l'ordre. Nous demandons au premier ministre Erdogan de faire cesser les violences et de permettre aux médias de rendre compte de la situation.

Nos pensées, notre coeur et notre solidarité vont aux habitants d'Istanbul et au peuple de Turquie. #OccupyGezi






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