Algérie - Biodiversité

Planète (Japon) - Huit ans après, la faune sauvage prospère dans les zones abandonnées de Fukushima



Planète (Japon) - Huit ans après, la faune sauvage prospère dans les zones abandonnées de Fukushima

Des chercheurs ont mené une étude sur la faune sauvage peuplant les forêts abandonnées suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon. A l'aide de pièges photographiques, ils ont enregistré la présence de plus de vingt espèces qui semblent prospérer.

Près d'une décennie après la catastrophe nucléaire qui a frappé Fukushima au Japon, la nature a repris ses droits dans les zones abandonnées. La végétation s'est peu à peu étendue à travers les maisons, bâtiments et autres structures délaissées jusqu'à balayer les traces de leurs anciens occupants et donner à certains lieux des allures de véritables forêts.

Mais la végétation n'est pas la seule à avoir profité de la disparition des hommes, c'est aussi le cas des animaux, comme le suggère une nouvelle étude publiée dans la revue Journal of Frontiers in Ecology and the Environment. Dirigés par des chercheurs de l'Université de Georgie (Etats-Unis), ces travaux révèlent que la faune sauvage est désormais abondante dans les forêts aux alentours de Fukushima.

106 sites surveillés au piège photographique

"L'impact écologique de l'accident nucléaire de la centrale de Fukushima Daiichi suscite un intérêt considérable", expliquent les auteurs dans leur rapport. "Cependant, les données à l'échelle des populations pour les grands mammifères étaient très limitées et de nombreux doutes subsistaient sur le statut des espèces sauvages dans ces zones".

C'est pour combler ce manque que les scientifiques ont entamé de nouvelles recherches sur le terrain. En se basant sur les limites fixées par le gouvernement nippon, ils ont établi 106 sites divisés en trois zones: une première évacuée en raison du niveau élevé de contamination radioactive, une deuxième restreinte en raison du niveau moyen et une dernière où les habitants ont été autorisés à retourner.

Sur chacun des sites, ils ont posé des pièges photographiques afin d'observer les espèces qui y évoluaient. Et ils n'ont pas été déçus. Sur une période de 120 jours, ils ont réussi à capturer plus de 267.000 photos faisant état de la présence de plus de 20 espèces d'animaux parmi lesquels des sangliers, des lièvres japonais, des macaques, des faisans, des renards, des cerfs sika ou encore des ours noirs.

"Nos résultats constituent la première preuve que de nombreuses espèces d'animaux sont désormais abondantes à travers la zone d'exclusion de Fukushima, malgré la présence de contamination radiologique", a expliqué dans un communiqué James Beasley, biologiste de l'Université de Georgie qui a participé à l'étude.

Le sanglier, animal le plus photographié

Les espèces souvent sujettes aux conflits avec les humains ont été les principales observées par les caméras placées dans les zones évacuées durablement. Ainsi, c'est le sanglier qui décroche le titre d'animal le plus photographié avec plus de 46.000 images dont la majorité (plus de 26.000) ont été capturées sur les sites interdits.

"Ceci suggère que ces espèces ont augmenté suite à l'évacuation des habitants", a relevé le scientifique. Mais l'étude n'a pas seulement pris en compte la présence ou non d'humains à proximité. Elle a également évalué l'impact d'autres facteurs comme la distance par rapport à la route, le type de végétation, le niveau de radiations ou encore l'altitude.

"En se basant sur ces analyses, nos résultats montrent que le niveau d'activité humaine, l'altitude et le type d'habitat étaient les principaux facteurs influençant l'abondance des espèces évaluées, plus que les niveaux de radiation", a-t-il poursuivi. Un autre critère a également traduit l'impact de la présence humaine: l'activité des espèces.

Si la plupart des animaux ont montré un rythme d'activité conforme à celui de leur espèce, les sangliers, habituellement nocturnes, se sont avérés plus actifs de jour dans la zone non habitée que ceux évoluant dans la zone habitée. Une observation qui suggère que les mammifères pourraient modifier leur comportement en l'absence des humains.

"Une opportunité rareé

Ce ré-ensauvagement des environs de Fukushima n'est pas le premier cas documenté par les chercheurs américains. Ces derniers ont mené des travaux similaires dans la zone d'exclusion de la centrale de Tchernobyl en Ukraine, révélant également une abondance d'espèces sauvages telles que des élans, des rapaces, des loups ou encore des ours plus de trente ans après la catastrophe.

"Comme avec Tchernobyl, le paysage entourant la centrale accidentée de Fukushima Daiichi au nord-est du Japon offre une opportunité rare d'enquêter sur les effets de la contamination radiologique et de l'abandon humain de communautés écologiques sur une vaste étendue spatiale", écrivent les auteurs dans leur rapport.

Bien que l'étude permette de conclure quant aux conséquences de la catastrophe sur les populations d'animaux, elle ne livre aucune information quant à l'état de santé de chaque animal par rapport à la contamination radioactive, soulignent les chercheurs. Ils suggèrent ainsi que si l'exposition a eu des effets, ceux-ci ne doivent se manifester qu'à l'échelle individuelle ou moléculaire.


Photo: Avec 46.000 clichés, le sanglier décroche la palme d'animal le plus photographié dans les environs abandonnés de Fukushima. - UGA

Par Emeline Férard
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