Algérie - Agroalimentaire

Planète - IMPORTATION DE CÉRÉALES: L’Algérie opte pour le blé polonais



Planète - IMPORTATION DE CÉRÉALES: L’Algérie opte pour le blé polonais


Traditionnellement orientés vers les opérateurs français, les achats de blé par l’Algérie semblent changer de cap en privilégiant les fournisseurs polonais. En effet, selon l’agence Reuters, un navire chargé de 31.500 tonnes de blé polonais a récemment quitté le port de Gdynia, en Pologne, en direction d’Alger.

L’option prise par l’Algérie en faveur du blé polonais s’explique en partie par des exportations de blé français en forte baisse cette saison en raison d’une récolte beaucoup plus faible.

La récolte de blé tendre en France a enregistré une forte baisse cette année en raison des conditions météorologiques défavorables tout au long du cycle de culture qui réduira de près de 40% les exportations du plus grand producteur de céréales de l’Union européenne en 2020/21, selon le cabinet de conseil Agritel.

Afin d’acheter les quantités dont elle aura besoin pour faire face à la demande interne qui ne cesse d’augmenter chaque année, l’Algérie aurait pu se tourner vers le marché russe qui essaye depuis un certain temps de concurrencer le blé français, mais c’est faire sans l’entrée en scène du blé polonais.

En effet, l’option du blé polonais s’explique aussi par son prix, moins cher que celui d’Euronext, surtout qu’il répond aux spécifications de qualité exigées par l’Algérie.

En Pologne, les prix à l’exportation du blé meunier à 12,5% de protéines ont augmenté d’environ 15 zlotys (monnaie polonaise, ndlr) sur la semaine pour se situer à 765 zlotys (174 euros) la tonne pour une livraison en septembre. Malgré cette augmentation des prix du blé polonais, dans le sillage de celle d’Euronext qui ont augmenté mardi après six semaines de stagnation, les prix restent, cependant, nettement en-dessous de ceux d’Euronext.

L’agence Reuters a souligné que “la Pologne fait face à une concurrence féroce de la part des États baltes”, ajoutant que “le blé polonais répondant aux spécifications algériennes de qualité est coté à environ 4 euros en dessous du contact franco à bord (FOB) d’Euronext de décembre dans les ports polonais, tandis que le blé des États baltes de même qualité est à environ 6,5 euros en dessous de celui d’Euronext”.

Selon un négociant cité par l’agence britannique, “les exportateurs achètent agressivement du blé polonais aux spécifications algériennes”. “On soupçonne qu’une grande partie du blé meunier polonais ira en Algérie cette saison pour remplacer le blé français”, a-t-il précisé.

Le blé est un enjeu majeur pour l’Algérie, car sa consommation frôle les 10 millions de tonnes, dont près de la moitié est importée. Cette année, les pouvoirs publics ont revu à la hausse les importations par mesure de prudence suite à la crise sanitaire mondiale qui a poussé les pays gros producteurs de céréales à prévoir des restrictions sur leurs exportations.

Pour la campagne de commercialisation de 2019/2020, les importations algériennes de blé avaient augmenté pour atteindre 4,9 millions de tonnes, dépassant ainsi largement le plafond fixé par les autorités qui était de 4 millions de tonnes.

Selon les prévisions pour le marché céréalier du Département de l’Agriculture des États-Unis publiées le mois de mai dernier, le volume de blé importé par l’Algérie devrait augmenter de 15,3%, à 7,5 millions de tonnes durant la saison 2020-2021.



Saïd SMATI


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